ADHÉMAR ou AIMAR fameux évêque du Puy
ADHÉMAR ou AIMAR fameux évêque du Puy, qui fut légat du Saint-Siège, à la première croisade, étant dit frère de Guillaume de Montilio, dans la chronique de son secrétaire Raymond des Agiles (Voir ce nom), généalogistes, biographes et historiens l'ont appelé Adhémar de Monteil, et donné comme étant de la famille des seigneurs de Montélimar, tandis qu'il résulte d'une charte du Cartulaire de Romans, que ce prélat avait pour frère Lambert-François, seigneur de Peyrins, qui transigea touchant certains droits, avec les chanoines de Romans, en 1097, secundo anno quando Aimarus Podiensis episcopus frater ipsius Lamberti, ivit Hierusalem cum exercitu. Et, comme les possessions de ce seigneur de Peyrins, que l'on croit être de la famille des princes du Royans, s'étendaient sur les deux rives de l'Isère, dans la région de Romans, il y a de grandes raisons de croire que le Montilium dont Guillaume-Hugues, son frère, était seigneur, n'est pas Montélimar, mais bien Montélier, village du canton de Chabeuil, sur lequel les Bérenger, derniers seigneurs du Royans, eurent de tout temps quelques droits. Quant à faire de ce Guillaume-Hugues et, conséquemment, de Lambert-François, seigneur de Peyrins, et de l'évêque du Puy, des petits-fils d'Aimar I, comte de Valentinois, comme le font quelques auteurs, parce que celui-ci eut un fils appelé Hugues et que l'on trouve, parmi les témoins d'une donation de biens situés dans le Valentinois, le Viennois et le Velay, faite à l'abbaye de Cluny, dans la seconde moitié du xie siècle, Guillaume, Lambert et Adhémar, fils d'Hugues, - S. Wilelmi, filii Hugonis et Ademari fratris sui et Lamberti, - nous ne le pouvons pas : d'abord, parce que le savant éditeur du Cartulaire de Romans nous apprend que Lambert-François, seigneur de Peyrins, était fils d'Ode ou Eudes, seigneur du même lieu ; ensuite, parce qu'il n'est guère admissible que des témoins aussi importants que l'auraient été des fils du comte de Valentinois, soient nommés tout à fait les derniers dans l'acte dont il s'agit ; enfin, parce que la qualification de filius consulis provinciœ Valentinensis donnée à l'évêque Adhémar, par la Chronique de Saint-Pierre du Puy, veut tout simplement dire que ce prélat avait pour père un des principaux seigneurs de la contrée, appelée Valentinois, et non qu'il était fils du comte de Valentinois.
Ce qu'il y a d'absolument certain, c'est qu'Adhémar, évêque du Puy, était fils d'Ode ou Eudes, seigneur de Peyrins et d'Abaldisie ou Ahaldisie, et très probablement le petit-fils d'Ismidon, prince du Royans ; puis, qu'ayant hérité de son père certains droits sur le château de Pisançon, il légua cette {5}partie de son héritage aux chanoines de Romans ; ce qui fut une cause de contestations entre ces chanoines et Reynaud-François, fils de Lambert-François. On sait, en outre, qu'il était prévôt de la cathédrale de Valence lorsqu'il fut élu évêque du Puy, et qu'il conserva cette dignité après son élévation à l'épiscopat ; et encore, qu'il racheta des vicomtes de Polignac, les droits qu'ils avaient sur les biens de l'église du Puy. Mais son principal titre de gloire est, sans contredit, le rôle qu'il joua dans la première croisade, dont il fut le chef spirituel, en qualité de légat du Saint-Siège, après avoir été un de ses promoteurs.
Certain passage de la Chronique de Saint-Chaffre donne à entendre que l'évêque Adhémar revenait d'un premier voyage en Terre-Sainte, lorsqu'il bénit, en 1087, Guillaume IV, abbé de ce monastère ; mais ce fait, d'une très grande importance, n'est rapporté nulle autre part.
Terminons en disant que ce prélat, à qui certains auteurs attribuent la composition du Salve Regina, et qui mourut, on le sait, sous les murs d'Antioche, en 1098, ne serait point mort le 1er août, comme le disent généralement les historiens, mais un jour plus tôt, si l'on en croit le Nécrologe de Saint-Robert de Cornillon, dans lequel cette mort est ainsi rapportée : II Kal. (Augusti) domnus Ademarus Anniciensis episcopus.
#Biogr. Dauph. i, 4. - R. des Agiles, 619. - Cart. de Romans, 168, 175, 177. - Cart. de Cluny, ch. 3010. - Cart. de S. Chaffre, 13, 161, 162. - Brun-Durand. Lettre hist. ecclés. 18. - Hist. litt. France, viii, 468. - Bull. archéol. xxvi, 184. - Lacroix, L'arrond. de Mont., iv, 54. - La Haute-Loire, nos des 23 avril et 13 juillet 1867. - Tablettes hist. Haute-Loire, 1874, p. 395-408. - Branche, Vies des SS. d'Auvergne, p. 818-828. - Odon de Gissey, Dise. hist. sur N.-D. du Puy, 288-325. - Etc., etc.
Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901
Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne
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