ARLANDES (François-Laurent d')
ARLANDES (François-Laurent d')), chevalier de Saint-Louis et major d'infanterie, qui fut, avec le malheureux Pilâtre des Roziers, le premier aéronaute, naquit au château de Saleton, commune d'Anneyron, le 25 septembre 1742, de François d'Arlandes, gentilhomme d'une famille vivaroise remontant au xiiie siècle, et de Marguerite-Charlotte du Pilhon, de Die. Quant à l'ascension qui l'a rendu célèbre dans les fastes de l'aérostation, elle eut lieu, on le sait, dans le parc du château de la Muette, en présence d'une commission composée de personnages officiels et de savants, parmi lesquels étaient Franklin et Faujas de Saint-Fond, le 21 novembre 1783, et fut un des événements retentissants de l'époque.
Depuis l'invention des aérostats par les frères Montgolfier, on avait bien fait, il est vrai, quelques expériences de cette invention, entre autres, une à Annonay, ville natale des inventeurs, le 5 juin de cette même année 1783, et le 27 août suivant, une autre à Paris, sur le Champ-de-Mars ; mais personne encore n'avait osé se lancer dans l'espace, emporté par un ballon grossièrement construit, qui pouvait être déchiré par un coup de vent ou s'enflammer au brasier d'où il tirait sa force ascensionnelle, quand d'Arlandes tenta l'aventure en compagnie de Pilâtre des Roziers. Ce fut, ainsi que nous l'avons déjà dit, le 21 novembre 1783, et le procès-verbal dressé à cette occasion, nous apprend que " le ciel était couvert de nuages en plusieurs parties et clair dans d'autres. A midi, le vent était au nord-ouest, " y est-il encore dit; " on a tiré une boîte pour donner le signal de remplir la machine qui, au bout de huit minutes, s'est trouvée, malgré le vent, développée dans tous les points et prête à partir. MM. le marquis d'Arlandes et Pilâtre des Roziers étaient dans la galerie. La première intention était de faire enlever la machine et de la retenir avec des cordes, pour la mettre à l'épreuve, étudier les poids exacts qu'elle pouvait soutenir et s'assurer si tout était convenablement disposé pour l'expérience importante que l'on allait tenter ; mais la ma{33}chine, poussée par le vent, loin de s'élever verticalement, se dirigea sur une allée du jardin, et les cordes qui la retenaient, agissant trop fortement, occasionnèrent quelques déchirures, dont une de plus de six pieds de longueur. La machine, ramenée sur l'estrade, fut réparée en moins de deux heures. Remplie de nouveau, elle partit à 1 heure 54 minutes, emportant les mêmes personnes. On la vit s'élever de la manière la plus majestueuse et, lorsqu'elle fut parvenue à 250 pieds environ de hauteur, les intrépides voyageurs baissant leurs chapeaux, saluèrent les spectateurs. On ne put s'empêcher alors d'éprouver un sentiment de crainte et d'admiration. Bientôt les navigateurs aériens étaient perdus de vue ; mais la machine, planant sur l'horizon et étalant ses belles formes, monta au moins à 3,000 mètres de hauteur, où elle restait toujours visible. Elle traversa la Seine au-dessus de la barrière de la Conférence et, passant entre l'Ecole militaire et l'Hôtel des Invalides, elle resta à portée de vue de tout Paris. Les voyageurs, satisfaits de l'expérience, se concertèrent alors pour descendre, mais s'apercevant que le vent les portait sur les maisons de Seine, faubourg St-Germain, conservant leur sang-froid et développant du gaz, ils s'élevèrent de nouveau et furent portés hors de Paris. Ils descendirent alors tranquillement dans la campagne, vis-à-vis le moulin Croulebarbe, sans avoir éprouvé la moindre incommodité, ayant encore dans leur galerie les deux tiers de leur approvisionnement. Ils pouvaient donc, s'ils l'eussent désiré, franchir un espace triple de celui qu'ils avaient parcouru. Leur route a été de 4 à 5,000 toises et le temps employé 20 à 25 minutes. La machine avait 70 pieds de hauteur et 46 pieds de diamètre, elle contenait 60,000 pieds cubes et le poids qu'elle a enlevé est d'environ 16 ou 17,000 livres. "
La réussite ajoutant à l'admiration que provoquait le courage de d'Arlandes, il se trouva être alors le héros du jour, son nom fut dans toutes les bouches et on le célébra en prose et en vers dans les gazettes, pendant que le crayon et le burin reproduisaient ses traits. Mais il n'en retomba pas moins, bientôt après, dans un si complet oubli, qu'on ne le savait pas retiré dans son château de Saleton, lorsqu'il y mourut, célibataire, le 30 avril 1809, laissant un héritage grevé de dettes à son frère cadet, l'abbé Pierre-Claude-Madeleine d'Arlandes, qui était alors vicaire à Valence et qui mourut à Romans, en 1827.
ICONOGRAPHIE. - Portrait grand in-8º. A. Pujos del. ad vivum, 1784. Legrand, sculp., avec cette légende : M. le marquis d'Arlandes, premier navigateur aérien.
Ce portrait se trouve également sur une assiette de la collection des douze faïenciers dauphinois.
Quant aux estampes représentant l'ascension du 23 novembre 1783, elles sont fort nombreuses ; mais la meilleure est celle qui est en tête de la Description de la machine aérostatique de MM. Montgolfier, par Faujas de Saint-Fond.
#Biog. Dauph., i, 38. - De Coston, Hist. de Montélimar, ii, 239. - Affiches du Dauphiné, 1783-1784, pp. 126-130. - Etc.
Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901
Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne
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