BARO (Balthazard)



BARO (Balthazard)), poète et auteur dramatique, membre de l'Académie française, que l'on donne parfois comme étant le fils du précédent, n'était probablement que son neveu et le fils de cet Hercule Baro, qui obtint en 1592, la " cinquième chaire doctorale " de l'université de Valence et vivait encore en 1615. En tout cas, étant né dans cette ville, un peu avant 1600, il fit ses études classiques au collège de Tournon, dont le P. Guillaume Baro, son frère aîné, fut plus tard recteur, puis suivit les cours de droit de l'université de sa ville natale, dont il était docteur agrégé dès 1618, - ce qui explique le titre de jurisconsulte que lui donnent certains biographes. Devenu enfin secrétaire d'Honoré d'Urfé peu de temps avant la mort de celui-ci, arrivée, on le sait, en 1625, il dut à cela d'être chargé de la continuation de son œuvre et c'est évidemment à cette circonstance, qu'il doit sa fortune littéraire. Car, sans contester absolument l'éloge qu'on a fait de ses pièces, disant qu'" il n'y en a pas une seule où l'on ne retrouve des beautés de premier ordre, qui seraient remarquées même dans Corneille ", il faut bien convenir, avec Jules Saint-Rémy, que de nos jours " Balthazard Baro n'est pas l'auteur de Célinde et de Parthénie, mais seulement le secrétaire de d'Urfé et surtout l'auteur de l'Astrée. " On peut même croire qu'il en a toujours été ainsi.
Il n'est pas douteux, en effet, que la cinquième et dernière partie du fameux roman d'Honoré d'Urfé, écrite par Baro sur les notes de son maître, a plus fait pour la réputation de notre Valentinois, que tout ce qu'il écrivit ensuite ; et cela d'autant plus qu'il entra si bien dans le genre de d'Urfé, que " sa conclusion lui fit beaucoup d'honneur auprès de ceux qui admiraient l'ouvrage même ", dit l'abbé Goujet (Bibl. fr., xvi, 124), et que les admirateurs de l'Astrée étaient alors tous les beaux esprits, tous les écrivains de quelque renom. De cette façon, Baro se trouva être presque célèbre dès son arrivée à Paris, c'est-à-dire à vingtsix ou vingt-sept ans. Or, il en profita, d'abord pour épouser Marguerite Pouteau, jeune veuve fort belle et probabablement riche, qui était la sœur de son hôtesse et de qui tous les biographes parlent sans dire son nom ; puis, pour se faire nommer gentilhomme de la maison de la grande Mademoiselle, Anne-Marie-Louise d'Orléans, fille unique de Gaston et nièce de Louis XIII. Enfin entré, par ce moyen, chez la duchesse de Chevreuse, belle et spirituelle intrigante, dont le salon était un rendez-vous de beaux esprits et de mécontents, il ne tarda pas à être de l'Académie nouvellement fondée.
Entrer à l'Académie, création de Richelieu, avec l'appui de la duchesse de Chevreuse, qui était une ennemie du grand cardinal, surprend au premier abord ; seulement, il ne faut pas oublier que Baro avait, pour cela, un mérite littéraire bien suffisant et que Richelieu se laissait quelquefois battre par la malicieuse duchesse. Après s'être un moment opposé à l'admission de notre Valentinois dans l'illustre compagnie, le tout puissant ministre de Louis XIII y consentit, en effet, vers 1635 et, qui plus est, gratifia, quelque temps après, Balthazard Baro de deux charges nouvellement créées : celle de procureur du roi au présidial de Valence, datant du mois d'octobre {75}1636, et celle de trésorier de France en la généralité de Montpellier. Aussi notre poète reconnaissant ne manqua-t-il pas de prendre la défense du généreux cardinal, dans une pièce de 200 vers, en 1637. Il paraît même que, tout en continuant d'écrire, il essaya, vers la fin de sa vie, de remplir lui-même son office de trésorier ; car c'est à Montpellier qu'il mourut, vers 1649 on 1650.
ICONOGRAPHIE. - I. Buste de 3/4, à D., dans un ovale de 0,097/0,074, sur fond d'architecture, avec cette légende autour de l'ovale : Balthazard Baro, natif de Valence, et au-dessous, sur une tablette :
[Cher Baro, bien que ton visage,
Paroisse en ce fameux ouvrage,
Aussi bien peint que ton Esprit,
Ton livre a des grâces si belles
Qu'il semble que l'Amour l'ait escrit
D'une des plumes de ses aisles.
De l'Estoile.]
Le tout signé MLasne, fec. Ce portrait est en tête de La Conclusion... d'Astrée. - II. Le même, avec une légère différence dans la pose de l'amour qui soutient l'ovale à gauche, et signé : Ferdinand, pinx. M.L. fecit. - III. Copie des précédents, à cela près que l'ovale est placé sur un cartouche enlacé de lauriers. Briot, fecit.
BIO-BIBLIOGRAPHIE. - La Drôme à l'Académie française et à l'Institut. Balthazard Baro, de l'Académie française par E. Mellier, Valence, 1897, in-8º de 62 pp.
BIBLIOGRAPHIE. - I. La Conclusion et dernière partie d'Astrée, ov par plvsievrs histoires et souz personnes de Bergers et d'autres sont déduits les diuers effets de l'honneste amitié, composée sur les vrais mémoires de feu Mre Honoré d'Vrfé, par le sieur Baro. Paris, Fr. Pommeray, 1627, in-8º. Ouvrage inséré ensuite dans les éditions complètes de l'Astrée. Paris (Rouen), 1633, 1637, 1638 et 1647, 5 vol. in-8º.
II. Célinde, poème héroïque... Paris, F. Pommeray 1629, in-8º. C'est une pièce en cinq actes et en prose, à l'exception du troisième acte qui forme â lui seul une tragédie de trois cents vers environ, ayant pour titre : Holopherne.
III. La Clorise de Baro, pastorale. Paris, Sommaville 1632, in-8º. Pièce tirée de l'Astrée et jouée, pour la première fois, à l'hôtel de Bourgogne, en 1631.
IV. Ode sur la mort de Henri de Schomberg, maréchal de France. Imprimée en 1633 dans un recueil.
V. Contre l'auteur d'un libelle, ode pour le cardinal de Richelieu. Paris, Camusat 1637, in-8º.
VI. Saint Eustâche, tragédie. Paris, 1639, in-4º. Réimprimée dans un Recueil de tragédies saintes. Paris, Est. Loyson 1666, in-12.
VII. La Parthénie de Baro, dédiée à Mademoiselle. Paris, Sommaville et Combé 1642, in-4º. Tragédie en cinq actes et en vers.
VIII. La Clarimonde de Baro, dédiée à La Reyne. Paris, 1643, in-4º. Tragédie en cinq actes et en vers.
IX. Le Prince fugitif, poème dramatique. Paris, Sommaville, 1649, in-4º. Pièce en cinq actes et en vers.
X. Cariste ou les Charmes de la Beauté, poème dramatique. Paris, Sommaville, 1657, in-4º. Pièce en cinq actes et en vers.
XI. Rosemonde. Paris, Sommaville, 1651, in-4º. Pièce en cinq actes et en vers.
XII. L'Amante vindicative. Paris, Sommaville, 1652. Pièce en cinq actes et en vers.
A ces différentes œuvres de Baro, il faudrait ajouter, suivant Guy Allard, la Comédie des Comédiens, que le cardinal de Richelieu, qui l'estimait, fit, dit-il, représenter (Dict. du Dauphiné, I, 119).
#Biogr. Dauph., i, 78-79. - Goujet, Bibl., xvi, 123. - Léris, Dict. du Théâtre. - J. Saint-Remy, Petite anth., 29-31. - Pélisson, Hist. Acad. fran., éd. de 1743, 296. - Arch. Drôme, B 190. - Catal. Soleinne, i, 1042. - Parfait, Hist. du Théâtre-Français, 425-29. - Etc.




Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901

Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne

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