BOISSET (Joseph-Antoine)



BOISSET (Joseph-Antoine)), né à Montélimar, le 7 octobre 1748, était, croyons-nous, le fils aîné de Joseph Boisset, conseiller du roi, receveur des tailles et autres impositions dans l'élection de Montélimar, en 1762. Il accueillit la Révolution avec enthousiasme, et était président de la Société des Amis de la Constitution de sa ville natale, en 1791. Les électeurs de la Dròme l'ayant élu député à la Convention nationale, le 8 septembre 1792, il se fit aussitôt remarquer dans cette assemblée par l'exaltation de ses opinions. Ainsi vota-t-il la mort de Louis XVI sans appel ni sursis et, non content de cela, accompagna-t-il son vote d'une violente philippique contre " cet individu ", qui ne pouvait avoir " l'atroce privilège de faire égorger impunément ses semblables. " Ce langage lui gagna si complètement la confiance de la Convention, qu'après avoir été envoyé par elle, avec Moïse Bayle, dans la Drôme et les Bouches-du-Rhône, pour y organiser la levée en masse, il fut chargé de missions extraordinaires dans quantité d'autres départements, tels que l'Ardèche, le Gard, l'Hérault, l'Aveyron, l'Aude, la Haute-Garonne, l'Ariège, l'Ain, l'Allier, Saône-et-Loire, et, finalement, à Lyon et à Grenoble. Sculement, il est bon de dire qu'il n'eut pas partout ni toujours la même attitude ; car, par exemple, tandis qu'il se plaignait à Paris, le 13 mai 1793, de l'influence que les muscadins et les riches avaient dans les assemblées des sections, ajoutant qu'il fallait les en chasser à coups de bâton, - dans le Midi, il prohibait, peu de temps après, le Journal d'Avignon, feuille de Sabin Tournal, et destituait ensuite le maire de Nîmes, Courbis, dit le Marat du Midi. En somme, après avoir été l'un des premiers, dans la Convention, à demander la condamnation de Brissot et des Girondins, il se conduisit, dans les départements, de telle sorte que les habitants de l'Ain, terrorisés par Méaulle, l'accueillirent comme un libérateur, bien qu'il se targuât de faire la chasse aux prêtres réfractaires et la guerre au modérantisme. Aussi, les jacobins de Nîmes et de beaucoup d'autres endroits le dénoncèrent-ils maintes fois comme un ennemi de la Révolution, ce qui lui valut d'être défendu par les sociétés populaires de Bourg et de Gex et le rendit si peu l'ami des terroristes, qu'un certain nombre de ceux-ci ayant été massacrés dans les prisons de Lyon, au mois de mai 1795, il fournit à ce sujet des explications tendant à excuser ce mas{119}sacre, et qu'à la suite d'un enlèvement d'armes dans l'arsenal de Toulon, il ne craignit pas de dire que c'était là le fait de " scélérats " voulant massacrer tout ce qui n'est pas montagnard.
Pour expliquer ces différentes attitudes, Ad. Rochas dit que Boisset, caractère faible, subissait facilement les influences de localité ; mais il est plutôt permis de croire que c'était un enthousiaste s'enflammant pour ou contre tout ce qui lui semblait juste ou injuste ; et ce qui le prouve c'est que les habitants de l'Ain ayant célébré sa conduite en vers, il leur répondit par des Strophes aux vainqueurs des tyrans, qui furent mises en musique.
Devenu membre du Conseil des Anciens (et non du Conseil des Cinq-Cents, comme le dit la Biographie du Dauphiné), à la dissolution de la Convention (26 octobre 1795), Joseph Boisset fut un des secrétaires de cette assemblée, dans laquelle il fit quelques motions, défendit énergiquement le général, son frère, destitué pour cause de modérantisme, et fut ensuite l'un des promoteurs de la loi du 19 brumaire an VII, qui assimilait aux émigrés les individus ayant échappé à la déportation par la fuite. Rentré dans la vie privée après le 18 brumaire, il vécut modestement à Montboucher, village des environs de Montélimar, jusqu'à sa mort arrivée le 15 septembre 1813, conservant intactes ses convictions républicaines, alors que Méaulle, par exemple, qui l'avait accusé de pacte avec les émigrés, était alors depuis longtemps procureur impérial à Gand.
BIBLIOGRAPHIE. - I. Discours de M. Boisset de Vaux, aux gardes nationales réunies sous les murs de la ville de Montélimar le 13 décembre 1789, dans la Fédération de Montélimar, 1789. S.l., in-8º de 16 pp.
II. Adresse aux législateurs de la France, par les citoyens de Montélimar, rédigée par M. Boisset, président de la Société des Amis de la Constitution de cette ville. S.l.n.d., in-8º de 2 pp.
III. Opinion du citoyen Boisset, député de la Drôme, sur Louis XVI. Imp. nat., s.d., in-8º de 3 pages.
IV. Rapport sommaire fait à la Convention nationale par Boisset et M.C. Bayle, envoyés dans les départements de la Drôme et des Bouches-du-Rhône. Imp. nat., s.d., in-8º de 6 pages.
V. Compte rendu à la Convention nationale par Moyse Bayle et Boisset, ... envoyés dans les départements de la Drôme et des Bouchesdu-Rhône, pour le recrutement de trois cent mille hommes. Imp. nat., s.d., in-8º de 75 pages.
VI. Compte rendu de la recette et de la dépense faite par Moïse Bayle et Boisset, représentants du peuple, pour leur mission dans les départements de la Drôme et des Bouches-du-Rhône, pendant les mois de mars, avril et mai 1793 (vieux style). Imp. nat., pluviôse an III, in-8º de 2 pp.
VII. Lettre de Boisset, représentant du peuple, adressée au citoyen Sèvre, marchand limonadier à Montélimar. S.l.n.d. (mai 1793), in-8º de 7 pp.
VIII. Le représentant du peuple Boisset, délégué dans le département de la Drôme et autres environnants, aux citoyens composant les comités de surveillance établis dans les communes du département de la Drôme... Valence, 3 octobre 1793. S.l.n.d., in-4º de 2 pages.
IX. Le représentant du peuple français, délégué dans les départements de la Drôme, de l'Ardèche, du Gard et de l'Hérault... (24 octobre 1793). Montpellier, 1793, in-4º de 3 pages. Pièce relative à l'organisation des tribunaux de Montpellier.
X. Le représentant du peuple délégué par le décret du 23 août dernier... dans les départements méridionaux (25 octobre 1793). Montpellier, 1793, in-4º de 7 pp. Pièce relative à l'organisation de la municipalité de Pézenas.
XI. Le représentant du peuple français délégué dans les départements de la Drôme, de l'Ardèche... (25 octobre 1793). Montpellier, 1793, in-4º de 3 pp. Pièce relative à la destitution des curés de Mauguio, Pignan, Valleraugues et Cournonterral.
XII. Le représentant du peuple... (26 octobre 1793). Montpellier, 1793, in-4º de 3 pages. Pièce relative à la destitution de divers fonctionnaires.
XIII. Rapport du représentant... délégué... dans les départements de l'Hérault et de l'Aude. Imp. nat., s.d., in-8º de 36 pp.
XIV. Rapport et projet de décrets relatifs à l'établissement de jardins des plantes dans les départements. Imp. nat., s.d., in-8º de 56 pp.
XV. Notes sur la nécessité d'établir un jardin des plantes dans chaque département, faisant suite à un rapport sur le même sujet. Imp. nat., s.d., in-8º de 12 pp.
XVI. Proclamation de Boisset, représentant du peuple. Liberté, Egalité, Fraternité. Mort aux tyrans. Donné à Gex, le 13 fructidor an III. Carouge. S.d., in-4º.
XVII. Proclamation de Boisset, représentant du peuple dans le département de l'Ain. Affiche in-folio. S.l.n.d. " Citoyens, le jour de la justice est arrivé, la vertu a démasqué le crime et démasqué l'hypocrisie. "
{120}XVIII. Strophes aux vainqueurs des tyrans, paroles du citoyen Boisset, représentant du peuple, musique de Gavaux. S.l.n.d., in-8º. C'est une réplique aux écrits suivants : 1º Strophes au représentant du peuple Boisset sur les derniers événements arrivés dans l'Ain, par Gabriel Moyria, avec cette épigraphe : " La fortune, ô Romains, a bien changé de face ! " S.l.n.d., in-8º de 4 pp. - 2º Pétition des habitants de Bourg à la Convention nationale, le 9 frimaire an III. S.l.n.d., in-8º de 8 pp. Cette pièce est un éloge de la conduite de Boisset.
XIX. Discours prononcé à la Convention par Boisset, au retour de sa mission dans les départements de l'Ain, Saône-et-Loire et Allier. Imp. nat., pluviôse an III, in-8º de 6 pages.
XX. Procès-verbal de la séance du Conseil de la Commune de Lyon du 26 germinal an III. Lyon, s.d., in-4º de 6 pp. C'est le compte rendu de la réception de Boisset dans cette ville.
XXI. Les représentants du peuple Borel et Boisset, envoyés dans les départements de l'Ain, Isère, Rhône, Loire et Saône-et-Loire, du 1er floréal an III... Villefranche, s.d., placard in-folio.
XXII. Les représentants du peuple envoyés dans la commune de Lyon, du 26 floréal an III... Lyon, s.d., placard in-folio.
XXIII. Proclamation des représentants du peuple Borel, Boisset, Cadroy, en missión dans la commune de Lyon, du 30 floréal an 3.... Lyon, s.d., placard in-folio.
XXIV. Proclamation des représentants du peuple Boisset, Poulain-Grandpré, aux citoyens de la commune de Lyon, du 18 prairial an 3. Lyon, s.d., placard in-folio. Pièce relative au 20e régiment de dragons que l'on disait composé de terroristes.
XXV. Motion d'ordre sur le costume décrété par les représentants du peuple, 29 fructidor an V. Imp. nat., in-8º de 3 pp.
XXVI. Boisset représentant du peuple, membre du Conseil des Anciens, à ses concitoyens. Paris, imp. nat., s.d., in-4º de 3 pp. Boisset justifie la mesure prise par le Corps législatif contre Job Aymé.
XXVII. Rapport sur la résolution du 9 brumaire an VI, relative aux émigrés des ci-devant comtat Venaissin et comtat d'Avignon, 23 frimaire an VI. Imp. nat., s.d., in-8º de 11 pages.
XXVIII. Discours prononcé par Boisset, 21 vendémiaire an VIII. Imp. nat., s.d., in-4º de 3 pp. Boisset célèbre les victoires des armées françaises en Orient, en Helvétie et en Batavie.
XXIX. Boisset à ses concitoyens. S.l.n.d., imp. Baudoin. C'est une feuille volante en réponse aux attaques d'un journal.
#Biogr. Dauph., i, 155. - Moniteur. - Ed. Maignien, Bibliog. hist. du Dauph. pendant la Révolution. - Sirand, Bibliog. du dép. de l'Ain. - Actes Com. salut publ. - Etc.




Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901

Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne

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