BRÉMOND DE ST-CHRISTOL (Jacques-François)



BRÉMOND DE ST-CHRISTOL (Jacques-François)), seigneur de Villeneuve-lès-Avignon, personnage généralement connu sous le nom de baron de Saint-Christol, naquit à Tulette, le 17 octobre 1748. Fils de Jacques-Antoine Brémond de Saint-Christol, capitaine au régiment de La Marck, il était petit-fils de Jacques, docteur en droit et juge seigneurial de Tulette, qui décéda audit lieu, le 9 février 1753, âgé de 80 ans.
Officier d'infanterie comme son père, {138}le baron de Saint-Christol siégea en 1790, comme possesseur de fiefs relevant du Saint-Siège, dans l'assemblée représentative de Carpentras, et présida même cette assemblée, au sein de laquelle il s'attacha à déjouer les manœuvres de ceux qui demandaient l'annexion du Comtat à la France. Bien plus, il décida le journaliste Grasson (Voir ce nom), rédacteur des Annales patriotiques du Comté-Venaissin, feuille qui, tout en attaquant les annexionistes, ne le faisait pas assez rudement à son gré, à publier les Nouvelles Annales, journal dans lequel il écrivit lui-même ; et, devenu major général des gardes nationales du Comtat, en même temps que membre d'un comité militaire institué pour tenir tête aux partisans de l'annexion, il ne médita rien moins que de s'emparer d'Avignon, ville qui était le foyer des menées de ce parti, après avoir rétabli l'ordre dans quelques villes où il avait été troublé par les Avignonais. Seulement, il lui fallut bientôt renoncer à cet audacieux projet, faute de collaborateurs, et la municipalité de Carpentras ayant manifesté l'intention de traiter avec celle d'Avignon, le bouillant officier licencia les 5 ou 6,000 hommes qu'il commandait et se rendit à Paris, pour y faire connaître au roi et à l'Assemblée nationale la véritable situation du Comtat-Venaissin. Or, ce projet ne réussit pas mieux que l'autre ; car, revenu dans le Comtat pour y tenter le sort des armes, il y fut témoin d'une complète mise en déroute des troupes comtadines, près de Sarrians, le 19 avril 1791.
Emigré peu de temps après, Saint-Christol entra comme sergent-major dans la légion du vicomte de Mirabeau, qui n'était composée que d'officiers, et fit avec elle la campagne d'Alsace ; puis, étant rentré en France, il y fut arrêté et condamné à mort. Seulement, il s'échappa pendant qu'on le conduisait au lieu de l'exécution, et ayant alors rejoint l'armée de Condé, il suivit sa fortune jusqu'au mois de décembre 1793, qu'il lui fallut se retirer en Suisse, pour soigner ses blessures ; après quoi, il projeta, conjointement avec le célèbre Mounier, qui était son ami et qu'il rencontra à Genève, de rentrer en France à main armée, et ne l'ayant naturellement pas pu, rejoignit pour la troisième fois l'armée de Condé, après le cruel hiver de 1794.
Deux ans plus tard, l'infatigable baron, blessé devant Huningue, rentrait en France et se retirait à Avignon, où il vécut plusieurs mois durant " en cultivateur " ainsi qu'il le dit dans ses mémoires. Seulement, comme il n'était pas homme à se contenter d'une semblable vie, dès qu'il crut le moment favorable, il lança des proclamations, rassembla des hommes et, s'étant porté sur le Pont-Saint-Esprit, s'empara de cette place, d'où il voulait se diriger sur Orange, puis sur Avignon, quand la nouvelle des événements du 18 fructidor an VI fit évanouir ses espérances. Abandonné des siens, il finit par se livrer, lui-même, à l'officier municipal de Tulette, qui le fit mettre en prison, et, délivré presque aussitôt, par quelques amis, il gagna péniblement la Suisse, après s'être caché pendant un mois dans une grotte.
De la Suisse, Brémond de Saint-Christol gagna la Souabe, où il fit aussitôt partie de l'Agence royale et prit, sept ans durant, une large part à toutes les entreprises contre-révolutionnaires. Fixé ensuite à Munich, d'où est datée une protestation de lui contre l'élévation de Napoléon Ier au trône, il se trouvait à Berlin dès 1812, et y était encore quand l'Empire s'écroula. Arrivé à Paris quelque temps après Louis XVIII, il n'y resta que six mois, au bout desquels il revint au pays natal, d'où, la nouvelle du débarquement de Napoléon à Cannes lui étant parvenue, il se rendit sur-le-champ auprès du duc d'Angoulême, dont il s'efforça mais en vain, d'assurer la retraite, ce qui le contraignit à s'expatrier une fois de plus. Et ce n'est enfin qu'après la seconde Restauration, que cet homme d'autant de désintéressement que d'énergie et de dévoûment, put goûter {139}un peu de repos. Retiré à Baumes (Vaucluse), avec la croix de Saint-Louis et une pension de lieutenantcolonel, il y vécut modestement jusqu'à sa mort, arrivée le 7 octobre 1819.
BIBLIOGRAPHIE. - I. Précis des Mémoires de M. le baron de Saint-Christol, adjoint à l'Agence royale de Souabe, depuis 1796 jusqu'à 1805. Avignon, 1818, in-8º.
#Biogr. Dauph., i, 174. - Et. civ. de Tulette. - Barjavel, Dict. de Vaucluse, i, 288 et suiv. - Mss. de la Bibl. d'Avignon. - Etc.




Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901

Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne

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