CHALIEU (Alexis)



CHALIEU (Alexis)), ecclésiastique archéologue, né à Tain, le 29 avril 1733, de parents honnêtes mais pauvres, se destina dès son enfance au sacerdoce. Il venait de terminer ses études classiques chez les jésuites de Tournon, lorsqu'il rencontra des missionnaires de la congrégation de Ste-Colombe qui, appréciant ses dispositions, lui fournirent les moyens d'aller à Paris, pour y suivre les cours de théologie. Or, tout en étudiant cette science, dans laquelle il fit de rapides progrès, il apprit encore la géographie et l'histoire ancienne et moderne, ce qui, joint à la douceur de son caractère et à la pureté de ses mœurs, le fit prendre pour secrétaire par l'évêque de Saint-Pons, qui, l'ayant ensuite promu aux ordres sacrés, en fit en outre un professeur de théologie. Privé de ce protecteur en 1758, l'abbé Chalieu revint à Tain, où les ecclésiastiques qui avaient remplacé les Jésuites dans la direction du collège de Tournon, lui offrirent aussitôt une chaire de théologie, qu'il accepta. Seulement, après l'avoir occupée avec distinction, pendant quelques années, il l'abandonna, parce qu'il " n'aimait point travailler à l'heure " ; cet acte eut pour résultat de lui enlever ses moyens d'existence et de le contraindre, par suite, à se charger plus tard de l'éducation du fils d'un de ses compatriotes, puis d'une autre ; charge bien autrement ingrate que celle de professeur, mais dont il s'accommoda cependant à cause des moments de loisir qu'elle lui laissait pour s'adonner à l'étude et surtout à la recherche des restes de l'antiquité, fouillant pour cela jusqu'aux sables du Rhône. Et c'est ainsi qu'il recueillit quantité de médailles, de statuettes, de vases, d'inscriptions et de débris de toute sorte, et put signaler à d'autres archéologues certains objets de grande valeur, par exemple, un petit autel taurobolique trouvé à Châteauneuf-d'Isère, et, à M. de Sucy, une belle agrafe et un collier d'or trouvés dans l'Isère, Car, bien qu'il eût, comme la plupart des collectionneurs, une grande tendance à garder ce qu'on lui communiquait, on peut citer de lui des traits d'une délicatesse rare ; et l'auteur de la biographie qu'il y a de lui en tête de ses Mémoires, raconte notamment qu'on le vit " refuser généreusement une médaille de grand prix, qui lui était offerte par un amateur de numismatique, qui, cependant, n'en avait pas su découvrir le mérite. - " Ne l'offrez jamais à personne, lui dit-il, je me saurai bon gré toute ma vie d'avoir eu le courage de vous la refuser. " Cette conduite s'explique surtout par la sincérité et la vivacité de sa foi religieuse ; car il était avant tout prêtre catholique et dut même à son refus de prêter serment, de subir une longue détention ; arrêté le 10 mai 1793, il ne fut relâché que le 29 décembre 1794. A part cela, il ne vécut, on {157}peut le dire, que pour ses collections jusqu'à sa mort arrivée à Tain, le 29 mars 1808, et encore ses dernières paroles à ce sujet témoignent-elles de sa charité, qualité essentielle du prêtre : " Qu'on les vende ", ditil, en parlant de ses médailles et autres curiosités antiques, " moitié au profit des pauvres et moitié à celui de mesneveux ". " Pour le surplus, c'était une sorte de Diogène chrétien, " dit encore son biogra phe, " n'ayant jamais rien sollicité et souvent ayant refusé ; rien n'aurait pului faire sacrifier sa promenade au soleil. Toujours assez mal vêtu, un manteau jeté au hasard sur ses épaules formait toute sa parure. On le voyait faire trois pas, s'arrêter, repartir, puis s'arrêter encore. Il cherchait toujours à être seul, et s'il l'eût osé, il eût souvent dit à l'importun : Retire-toi de mon soleil. "
Trop pauvre pour pouvoir publier lui-même le résultat de ses études, Chalieu laissa en mourant un certain nombre de mémoires manuscrits, qui furent publiés vers 1815, au profit de l'hôpital de Tain et des héritiers naturels de notre abbé, sous le titre de : Mémoires sur diverses antiquités du département de la Drôme, et sur les différents peuples qui l'habitaient avant la conquête des Romains, suivis de plusieurs dissertations curieuses sur la numismatique et sur les preuves que Sa Majesté l'Empereur est le premier qui ait passé le Saint-Bernard avec une armée, ouvrage posthume de M. l'abbé Chalieu, imprimé par souscription des amis de la science et des pauvres et par les soins de M. le Maire de Tain. Valence, Marc Aurel, s.d., in-4º de xix + 191 pp., avec pl., renfermant sept mémoires, dont trois avaient été déjà publiés, l'un : Sur une colonne milliaire qu'on a trouvée auprès de Tain, en une plaquette anonyme de 4 pp., in-4º (S.l.n.d. ; mais Valence, an V), et les deux autres intitulés : Notices sur les anciens peuples du département de la Drôme, et Mémoire sur la Marche d'Annibal, dans les annuaires de Gueymard du Palais, pour l'an XIII et l'an XIV.
On a, en outre, de ce modeste savant, un Extrait d'une dissertation sur le Taurobole de Lyon et celui de Tain, resté manuscrit.
#Biogr. Dauph., i, 195. - Rochas, Journ. bourg. de Valence, i, 271. - Catal. Mss., bibl. de Grenoble, 551. - Etc.




Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901

Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne

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