DU PUY-MONTBRUN (Alexandre)



DU PUY-MONTBRUN (Alexandre)), seigneur de Saint-André et de la Nocle, plus connu sous le nom de marquis de Saint-André, deuxième fils du précédent et de Lucrèce de la Tour-Gouvernet, naquit à Montbrun vers 1600, et fut, dit-on, placé tout enfant auprès du Dauphin, par le roi Henri IV ; mais, son humeur aventureuse ne s'accommodant pas de la vie de courtisan, il rejoignit, dès 1614, Lesdiguières qui guerroyait en Piémont et fit sous lui ses premières armes. Sept ans après, le duc de Rohan ayant levé l'étendard de la révolte en Languedoc, il le rejoignit avec quelques troupes, et le gouverneur de la ville de Montauban, ce boulevard du parti huguenot dans le sud-est de la France, étant mort sur ces entrefaites, il fut appelé à le remplacer. Or, il suffit de quelques mois à ce gouverneur de 22 ans à peine pour remettre en bon état les fortifications d'une place qui venait de souffrir un siège et, qui plus est, pour prendre quelques petites places ou châteaux du voisinage, tout en tenant à distance les troupes du maréchal de Thémines, qui avaient mission de l'inquiéter. La paix de Montpellier (19 octobre 1622) le lui ayant permis, Saint-André-Montbrun abandonna le gouvernement de Montauban, mais pour le reprendre quand éclata de nouveau la guerre civile (1625) ; et, cette fois-ci, comme les pasteurs et les bourgeois se montrèrent peu enclins à entrer dans les vues du duc de Rohan, il excita la populace contre eux, puis ayant chassé les consuls et les magistrats, s'arrogea toute autorité dans la ville, ce qui eut naturellement pour effet de diviser profondément les protestants montalbanais ; et, comme le duc d'Epernon, qui était dans la région avec son armée, se rapprocha alors de la place, dans l'espoir de s'en emparer à la faveur de ces divisions, il en résulta, de la part de Saint-André, de nombreuses sorties, dans l'une desquelles il faillit périr, et qui, si elles firent échouer l'entreprise de d'Epernon sur Montauban, ne l'empêchèrent pas de ruiner la contrée environnante. " Le duc ne s'approchoit point de leur muraille, ce qu'il faisoit néanmoins presque tous les jours, qu'il ne se fist des combats considérables, avec de grandes pertes d'hommes ", dit Girard, qui ajoute : " Il en demeura tel jour sur la place jusques à deux cens et plus... et la nuit, on pouvoit voir mille feux tout d'une veüë, les bleds, les arbres fruitiers, les vignes et les maisons étoient les alimens de cette flamme. "
D'Epernon s'étant enfin retiré, Saint-André alla à Nîmes, où son renom de bravoure le fit demander pour gouverneur par le peuple, à qui Rohan le re{289}fusa, par crainte de s'aliéner ainsi une fraction importante des habitants de cette ville. C'était au mois de janvier 1626. Deux ans après, notre Dauphinois recevait du même Rohan, avec le grade de maréchal de camp, le commandement d'un corps de 500 hommes de pied et d'une compagnie de chevau-légers, qu'il mena au secours des protestants du Vivarais, s'emparant, sur son chemin, de Saint-Jeande Valfrancisque, du fort de Chamborigaud et de Genolhac, et avec lesquels il entra, le 1er mai 1629, à Privas, qu'il occupa malgré les consuls, qui ne voulaient pas de ses troupes. Quatorze jours plus tard, le roi Louis XIII, qui était alors depuis plusieurs jours à Valence, où il avait déclaré à des Vivarois se plaignant des insolences des huguenots de Privas, qu'il " en feroit tel châtiment, qu'il en seroit à jamais mémoire ", faisait investir cette place par le duc de Montmorency, puis venait en diriger lui-même le siège, après avoir fait inutilement proposer à Saint-André de la rendre moyennant 100,000 écus, dit-on ; et, l'armée assiégeante ayant été portée à 29,000 hommes, par l'arrivée de Richelieu à la tête de l'armée du Piémont, les assiégés durent enfin se rendre après quatorze jours d'investissement, dont sept de siège.
D'abord enfermé dans la citadelle de Valence, puis dans la tour de Crest, Saint-André-Montbrun réussit à s'évader au bout de quatre ou cinq mois, et, étant alors allé offrir ses services à la république de Venise, comme l'avait déjà fait Rohan, fut chargé par elle (1630) de ravitailler Mantoue assiégé par les Impériaux, tâche dont il s'acquitta si bien que le duc de Nevers, dont il favorisa ainsi les prétentions sur cette ville et que soutenait la France, le fit rentrer en grâce auprès de Louis XIII. Seulement, après avoir servi pendant quelque temps dans la Valteline, sous Rohan, il préféra entrer, avec un de ses frères, au service du roi de Suède, Gustave-Adolphe, qui leur confia deux régiments. A la tête du sien, Saint-André se distingua contre les Impériaux près de Weimar, puis au siège de Francfort (13 avril 1631) et à Tagermunde, ce dont il fut récompensé par le gouvernement de la Poméranie. On le trouve ensuite à la bataille de Leipzig (7 septembre 1631), où son régiment fut écharpé ; puis, au passage du Lech, où il commandait l'avant-garde de l'armée suédoise (15 avril 1632) ; quatre jours plus tard, devant Augsbourg, qui fut pris ; enfin, au combat de Nuremberg, où il fut blessé. Gustave-Adolphe mort, notre héros s'attacha au duc de Saxe-Weimar, pour le compte de qui il combattit encore les Impériaux ; et, fait prisonnier à Burgan, lors de la prise de ce bourg par Wallenstein, il resta enfermé pendant trois ans dans la forteresse de Lindau. Echangé en 1636 contre un frère du général Papenheim, il rentra alors en France où on lui donna une compagnie de chevau-légers, avec laquelle il alla derechef en Valteline, puis servit au siège de Leucate (1637). Ayant ensuite fait la campagne de Piémont (1638), à la tête d'un régiment, il s'y distingua comme toujours ; mais ayant été fait prisonnier pour la troisième fois, au siège de Turin, il ne recouvra sa liberté qu'en 1642.
Elevé pendant sa captivité au grade de maréchal de camp, Saint-André-Montbrun fut créé lieutenant général, en 1648, et commanda un moment l'armée d'Italie, en l'absence du maréchal de Praslin. Après, il fut employé en Provence, puis étant retourné en Italie, il y fut chargé, au bout de peu de temps, de conduire l'armée de Piémont au secours de Barcelone (octobre 1652) ; et c'est alors, dit-on, que Mazarin lui offrit le bâton de maréchal de France, s'il voulait abjurer le protestantisme, ce dont il n'est nullement question dans les lettres de ce cardinal, où il est cependant parlé souvent de notre personnage. La vérité est que Saint-André-Montbrun, qui avait obtenu, trois ans auparavant, la charge de gouverneur du Nivernais, {290}l'ayant vendue 60,000 écus à Roger de Bussy-Rabutin, la Cour, après avoir tout d'abord consenti à ce marché, s'y opposa sur la demande de la duchesse de Mantoue, à qui appartenait le Nivernais. Et c'est probablement de dépit qu'il se confina alors, pendant quelque temps, dans ce gouvernement, tout en étant toujours dans les meilleurs termes avec Mazarin, ainsi que le prouve certain passage d'une lettre de ce dernier, dans lequel on voit que Cromwell ayant fait demander à Saint-André s'il consentirait à prendre du service en Angleterre, advenant une guerre de ce pays avec la France, celui-ci répondit " que M. le Protecteur estoit mal informé, s'il croyoit pouvoir faire le moindre fonds sur ceux de la Religion en France, contre le service du Roy " ; après quoi il avertit le cardinal.
Ayant repris du service en 1655, notre Dauphinois fut alors chargé d'un commandement dans le Montferrat, le Piémont et le Dauphiné, et contribua à la prise de Valence en 1656 ; mais, de plus en plus irrité contre le duc de Mantoue et contre la cour de France, il se retira, en 1659, dans son château de la Nocle, près de Nevers, après avoir vendu à Mazarin lui-même, le gouvernement du Nivernais. Et là, il ne resta pas moins de neuf ans, au bout desquels il accepta l'offre que les Vénitiens lui firent de prendre le commandement en chef des troupes qu'ils allaient envoyer au secours de Candie, assiégé par les Turcs, lui assurant avec cela 6,000 pistoles, soit environ 2,000,000 fr. de nos jours par an. Or, arrivé dans cette île le 21 juin 1668, il fit, pendant plus d'un an, de véritables prodiges pour fatiguer les assiégeants, et y serait peut-être arrivé si Morosini, persuadé qu'une plus longue résistance était impossible, n'avait capitulé à son insu, le 16 septembre 1669, les assiégés ayant alors perdu près de 30,000 hommes et les assiégeants plus de 100,000. En revenant de cette expédition, Saint-André s'arrêta quelque temps à Zante et à Corfou, pour augmenter leurs fortifications, et ce n'est enfin qu'après une courte expédition en Pologne (1670), qu'il revint à la Nocle, où il mourut au mois d'août 1673, ne laissant que deux filles de son mariage avec Madeleine de la Fin-Salins, épousée en 1641, et avec cela une très grosse fortune, qui donna lieu, à d'interminables procès.
ICONOGRAPHIE. - I. Grav. sur cuiv., in-fol. Buste de 3/4 à G., dans un ovale de 0,333/0,286. G. de Sève, pinx. Ant. Masson, faciebat, 1670. - II. Autre également in-fol. Buste de 3/4 à G., dans un ovale. Bloem delin. au-dessous : Alexandro de Puy, cavaliere, marchese di Sant'Andrea Montbrun, generale dell'armi Venete in Candia assediata dall' armi Turche, 1669.
BIO-BIBLIOGRAPHIE. - I. Histoire du marquis de Saint-André-Montbrun, capitaine général des armées de terre de la république de Venise (par l'abbé Mervesin). Paris, Cl. Barbin, 1698, in-12. - II. Relation véritable de tout ce qui s'est fait et passé en la bataille du Val en Provence, et au délogement des troupes du sieur de Saint-André, qui sont entrées en ladite province, sans ordre du roi, le 14 juin 1649. Imprimé à Aix et se vend à Paris, 1649, in-12. - III. Lettre de M. le marquis de Saint-André-Montbrun, lieutenant-général en chef des armées du roi en Italie, écrite à M. de la Faye, à Paris, contenant tout ce qui s'est passé en la réduction de la ville de Valence à l'obéissance du roi, le 16 septembre 1656. Paris, A. Lesselin, 1656, in-4º.
#Biogr. Dauph., i. 349. - France prot., éd. Bordier, v, 931. - Girard, Hist. d'Epernon, ii, 40. - Comment. sold. du Vivarais, 277. - Arch. Drôme, E, 5863. - Mém. de Bussy-Rabutin, ii, 135. - Lettres de Mazarin, vi 158, - Bull. Archéol., xvi, 401. - Etc.




Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901

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