FRANQUE (Jean-Pierre)



FRANQUE (Jean-Pierre)), peintre, né au Buis, en 1776, et décédé à Paris, vers 1854, manifesta de très bonne heure, ainsi que son frère jumeau (V. l'art. suivant), de si extraordinaires dispositions pour le dessin, que l'intendant Caze de la Bove les envoya tous les deux à Paris, en 1787, pour y étudier la peinture aux frais de la province. Après, ce sont les Etats du Dauphiné, puis les départements de l'Isère et de la Drôme, qui pourvurent à leurs besoins, et finalement, sur une demande du directoire du dernier de ces départements, l'Assemblée législative décida, le 4 mai 1792, qu'une pension de 2,400 livres serait servie aux frères Franque jusqu'à l'achèvement de leurs études, et les confia pour celles-ci au peintre David, dont ils étaient, du reste, déjà les élèves ; tandis que la Société académique d'écriture s'engagea, de son côté, à leur donner des soins gratuits.
Quatorze ans après, Jean-Pierre Franque, alors marié depuis huit ans avec Lucile Messageat, femme de lettres et peintre elle-même, exposait au Salon un tableau qui eut du succès : Le Songe d'amour par l'influence de l'harmonie, et, conjointement avec son frère, un Hercule délivrant Alceste, qui reparut au Salon de 1814. Puis, c'est un Daphnis montrant à Chloé à jouer de la flûte qui attira l'attention ; et, quatre ans plus tard, La fin de la bataille de Zurich, tableau commandé aux deux frères par Masséna, valut à Jean-Pierre Franque la médaille d'or.
Classé ainsi parmi les artistes qui doivent bénéficier des commandes et des acquisitions de l'Etat, ce dernier vit acheter dès cette année-là un de ses tableaux : Angélique pansant Médor, par le ministre de l'Intérieur, et il en fut de même en 1817, de Josabeth dérobant Joas aux fureurs d'Athalie, tableau qui passa au musée de Nîmes. Il peignit ensuite, sur commande, une Conversion de saint Paul, qui figura au Salon de 1819, en même temps que deux autres toiles de lui : L'Archange saint Michel terrassant le démon et Bergers surpris par l'orage, tableau qui, après avoir été reproduit en tapisserie aux Gobelins, est allé au musée de Dijon. Citons ensuite un Jupiter endormi dans les bras de Junon (1828), qui fut acheté par le Ministère de la maison du roi, un Saint Jean-Baptiste reprochant à Hérode son {340}adultère, commandé par la ville de Paris, pour l'église Saint-Jean-Saint-François et payé 2,400 fr., prix élevé pour l'époque ; Le Siège de Lille en 1667, d'après Van der Meulen et Lebrun, et Le Passage du Rhin en 1672, d'après une ébauche de ce dernier, tableaux qui furent, l'un et l'autre, acquis par l'Etat en 1836, date à laquelle J.-P. Franque reçut la croix de la Légion d'honneur. On en peut dire autant des portraits d'Henri IV ; de Philippe de France (Monsieur), duc d'Orléans ; d'Henriette d'Angleterre, duchesse d'Orléans, et d'Elisabeth-Charlotte de Bavière, duchesse d'Orléans, qui ont péri dans l'incendie du château de Saint-Cloud, en 1871. Indépendamment de cela, cet artiste restaura différents tableaux du musée de Versailles ; mais les plus importants de ses travaux exécutés pour le compte de l'Etat sont peut-être encore la partie du plafond de la salle du Conseil d'Etat au Louvre, qui représente la Justice veillant sur le Repos du Monde, et le dessin colorié de la mosaïque de la salle de Melpomène, dans le même palais.
Au salon de 1853, c'est-à-dire à 79 ans, J.-P. Franque exposa encore deux tableaux : La Sainte Vierge et l'Enfant Jésus et Portrait de Mgr de Quélen, qui se ressentent de son grand âge. Enfin, pour ne rien omettre de ce qui le concerne, rappelons de plus qu'on a gravé ou lithographié différents sujets d'après ses dessins, notamment : Villars (L.-Cl.-H. duc de), portrait in-8º, chez Gavard ; L'Orage, lith. petit in-fol. de Langlumé ; Un Nouveau Lazare se lève ; Maintenant je ne pourrai plus céder à ma constante faiblesse, et Daphnis et Chloé, gravures au trait.
#Biogr. Dauph., i, 401. - Proc. verb. admin. Drôme (1791), 53. - Proc. verb. Com. instr. publ., 125. - Gabet, Art. siècle dernier. - Livrets de salons.




Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901

Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne

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