GAY (Thomas)
GAY (Thomas)), le premier auteur des curieux mémoires publiés par M. Jules Chevalier, sous le titre : de Mémoires des frères Gay, de Die, pour servir à l'histoire des guerres de religion en Dauphiné, et spécialement dans le Diois (Montbéliard, Hoffmann, 1888, in-8º de 353 pp.), naquit à Die, le 28 mars 1547. Arrière-petit-fils d'un Catherin Gay, d'Orgelet en Franche-Comté, qui s'établit dans cette ville en 1468, il était le fils aîné du bourgeois Antoine Gay et de Jeanne Brunel de Saint-Maurice, sa première femme. Un de ses oncles paternels prénommé Pierre, prêtre habitué en l'église cathédrale de Die, " fut des premiers de la religion reformée en ceste vylle et fit ung voyage à Paris, au retour duquel il appourta des lyvres touchant les principaulx points de ladite religion ", ce qui lui valut d'être poursuivi. Un autre oncle, appelé Thomas, secrétaire et chamarier du prieuré de Saint-Marcel de Die et prieur de Rosans, plus pratique, n'abjura pas le catholicisme pour conserver ses bénéfices ; car, témoignage irrécusable de l'obscurcissement du sens moral dans les esprits à cette époque, notre mémorialiste, qui ne paraît d'ailleurs pas être un malhonnête homme, raconte naïvement que ce religieux, son oncle, " fist bastyr une mayson de plaizir à l'Oulmet (sur le territoire de Die), et acquit des terres et biens qu'il ne pouvoit acquerir que au proffit du couvent et le fit tumber par subtils moyens entre les mains d'Anthoyne Gay, son nepveu, auquel le luy donna. "
On ne saurait s'étonner, après cela, que le père de notre mémorialiste ait embrassé la Réforme et que ce dernier ait suivi l'exemple de son père. Bien qu'étant courrier de l'évêque, c'est-à-dire l'un de ses principaux officiers à Die, le père servit, en effet, dans l'armée protestante de Montbrun, qu'il accompagna en Saintonge et sous qui il combattit à Moncontour et à Jarnac. Quant au fils, Thomas Gay, à qui est consacré cet article, après avoir fait ses études, il fut envoyé à Crest, chez le marchand Antoine de la Baume, pour y apprendre " l'estat de marchand de draps de soye ", et y demeura deux ans, au bout desquels, la guerre civile ayant éclaté pour la seconde fois, il s'engagea comme soldat dans une compagnie huguenote dont le capitaine, Joachim Faure de Vercors, était son compatriote et son parent, et se trouva ainsi à la Côte-Saint-André, quand de Gordes mit le siège devant ce bourg, le 2 janvier 1568. Huit mois plus tard, notre Diois partait avec Montbrun pour la Saintonge et assista conséquemment à la bataille de Moncontour, où les régiments dauphinois furent à peu près détruits. Ayant alors été fait prisonnier, il s'évada pour guerroyer encore et ne déposa un moment les armes que pour écrire " unglyvre de ce quy s'étoit passé audit voyage, aveq la figure des vylles quy furent prinses et assiégées audit voyage ", écrit qui devait probablement former le premier livre de ses mémoires et qui est malheureusement perdu, ainsi que les trois livres suivants et quelques feuillets du cinquième et dernier, faisant actuellement partie de la bibliothèque de Mme de Lamorte-Félines.
Ce cinquième livre, dont il reste 35 feuillets et dans lequel sont racontés les événements qui se déroulèrent du mois de juin 1574 au mois de janvier suivant, fut écrit à Espenel, pendant que Thomas Gay y tenait garnison, c'est-à-dire en 1575. Quant à un autre cahier de 20 feuillets que l'on a encore de lui et qui font partie d'un livre de raison, agrémenté de notes historiques se rapportant à l'année 1580, ce n'est évidemment plus l'œuvre du capitaine huguenot, mais bien celle du marchand ; car, il faut dire que Thomas Gay, s'étant définitivement retiré dans sa ville natale en {367}cette année 1575, y " leva boutique de son estat et s'aquyt une bonne reputation au commensement, laquelle se conserva jusques à la fin. " Aussi étaitil depuis longtemps déjà conseiller de l'hôtel de ville et membre du consistoire, lorsqu'il mourut de la peste, au mois d'août 1585, laissant trois jeunes enfants de son mariage avec Madeleine Valensan.
Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901
Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne
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