LA TOUR-DU-PIN (Armand-François de)
LA TOUR-DU-PIN (Armand-François de)), marquis de Soyans et de Montauban, officier général, né à Crest, le 3 mai 1750, de René-Louis-Henri et de Francoise-Victoire d'Hugues, fit son entrée au service militaire le 12 août 1765, en qualité de souslieutenant en second au régiment du Roi-infanterie, devint successivement : sous-lieutenant en premier, le 1er août 1767 ; lieutenant en second, le 19 novembre 1769 ; lieutenant ayant rang de capitaine, dans le régiment de cavalerie Royal-Piémont, le 4 mai 1771 ; capitaine commandant, le 5 mai 1772 ; colonel du régiment provincial de Valence le 19 octobre 1773 ; mestre de camplieutenant en second du régiment de Chartres-dragons, le 15 décembre 1775 ; mestre de camp-lieutenant en second du régiment de Chartres-infanterie, le 8 mai 1781 ; brigadier des armées du roi chargé de commander le régiment de Rouergue-infanterie, le 1er janvier 1784 ; enfin, maréchal de camp, le 9 mars 1788. Ajoutons qu'il {81}était alors pourvu, depuis le 20 avril 1775, du gouvernement de la ville et citadelle de Montélimar, auparavant possédé par son cousin, le marquis de Gouvernet, et chevalier de St-Louis depuis 1783.
La Révolution ayant éclaté, le marquis de la Tour-du-Pin, qui avait pris part à la fameuse assemblée de Vizille et siégé dans les Etats de Romans, dont le procès-verbal le qualifie grand-croix honoraire de l'ordre de Malte, fut des premiers à émigrer. Dès le mois de juillet 1789, il se réfugiait à Chambéry, afin d'échapper aux persécutions dont il était l'objet, pour avoir révélé " des complots auxquels on voulait l'associer ", dit l'historien Decourcelle ; et de cette ville, où il épousa, quelque temps après, Marie-Ernestine de Mercy, sa seconde femme, il fit plusieurs voyages à Malte, un entre autres vers la fin du mois de mai 1791, par ordre du comte d'Artois. Un mouvement insurrectionnel se préparant dans le Bas-Languedoc, il s'agissait d'obtenir, par l'intermédiaire de son frère, le bailli de la Tour-du-Pin, du grand maître de l'ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem, deux à trois mille fusils et quelques canons ; d'aller ensuite prendre d'autres armes à Barcelone et de débarquer le tout à Aigues-Mortes, où il devait trouver 4,000 hommes, à la tête desquels il marcherait sur Nîmes. Or, si le grand maître donna non seulement des armes, mais encore des officiers et des sous-officiers au marquis de la Tour-du-Pin, le gouvernement espagnol, qui s'était d'abord engagé à favoriser son entreprise, mais avait changé d'avis après l'arrestation de Louis XVI à Varennes, lui refusa, en revanche, tout concours, ce qui déjouait ses projets. Au lieu de se rendre à Aigues-Mortes, il alla donc à Gênes et de là à Turin, où il apprit que les Princes avaient renoncé au système des insurrections, pour se rallier à une intervention de l'Europe coalisée. On ne peut plus déçu, le marquis de la Tour-du-Pin ne demanda pas moins, quelque temps après, l'autorisation de se mettre à la tête des royalistes du Gévaudan, qui le lui avaient fait proposer ; mais on le lui défendit au contraire, et les instantes démarches qu'il fit ensuite auprès des Princes, à Coblentz, pour les faire renoncer à une intervention étrangère, n'eurent pas de meilleur résultat. Serviteur dévoué de la royauté, le bouillant marquis fit donc les campagnes de 1792 et de 1793 dans l'armée de Condé, en qualité de commandant d'un corps d'infanterie noble, puis il se retira à Mondresio, en Italie, et de là à Malte, où il était encore quand Bonaparte, y ayant débarqué, le 10 juin 1798, mit le siège devant la cité La Valette. Chargé du commandement en second du fort Manoël, tandis que son frère, le bailli, commandait le fort Cotoner, il voulait que l'on résistât désespérément ; mais, une fois de plus, ses conseils ne furent pas écoutés, et, de chagrin, il abandonna bientôt Malte pour se retirer à Pise, puis à Fiume en Croatie, d'où il rentra en France, avec sa famille, le 2 mai 1801. Il mourut à Bourges, le 5 février 1810, laissant, dit-on, des " Mémoires " manuscrits, fort intéressants et, d'ailleurs, écrits avec autant de simplicité que de franchise, sur les événements dont il fut le témoin, ainsi qu'un Traité de la guerre chez les anciens, qui lui valut des éloges de l'archiduc Charles, à qui il en avait fait hommage.
#Biogr. Dauph., ii, 39. - Etat civil de Crest. - Decourcelles, Hist. des gén. franç., ix, 332-337. - Proc. verb. des Etats de..., à Romans, 44. - De Coston, Hist. de Montélimar, iii, 486. - Etat milit. de la France. - Etc.
Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901
Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne
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