LAURENCIN (Jean-Espérance-Blandine,)



LAURENCIN (Jean-Espérance-Blandine, comte de), savant et homme de lettres, né à Chabeuil le 17 {84}janvier 1740, et non en 1733 comme le disent les biographes, appartenait à une noble, riche et puissante famille du Lyonnais, ayant pour auteur un revendeur et tavernier de Gorrevod, près de Vaux (Ain), qui, s'étant établi à Lyon, en 1419, y fit promptement une grosse fortune, en tenant l'hôtellerie des Trois-Fontaines, au bas de la montée du Gourguillon. Fils aîné d'Hugues de Laurencin de Chanzé, capitaine et plus tard brigadier des armées du roi, qui épousa le 17 janvier 1739, Marianne-Angélique Patin, fille et héritière de Jean, châtelain de Chabeuil, il embrassa, comme son père, la carrière des armes, et cela de si bonne heure qu'il était capitaine à seize ans. Seulement, une grave blessure reçue à Minden l'ayant obligé, en 1750, à prendre sa retraite, en même temps qu'elle lui valait la croix de Saint-Louis, il se retira alors à Lyon, où il devint, au bout de quelque temps, directeur de la Société Perrache, pour l'endiguement du Rhône et de la Saône jusqu'au pont de la Mulatière. Or, tout en dirigeant cette société, Laurencin s'occupa de belles-lettres, de sciences, et même de magnétisme, entretenant en outre des relations épistolaires avec la plupart des philosophes, et se fit une telle réputation, que le roi de Suède, Gustave III, qui l'avait vu en passant à Lyon, lui proposa de se charger de l'éducation de son fils, le lutin Gustave-Adolphe IV. Mais Laurencin refusa, pour ne pas quitter la France ou plutôt Lyon, dont il était un des hommes les plus distingués et les plus appréciés.
En 1771, 1773 et 1775, il avait publié, dans différents recueils, quelques pièces de vers, entre autres : Mort du juste, Epitre sur l'inoculation, Palémon et Echec et mat, qui lui avaient valu, en même temps que d'autres récompenses, l'honneur de faire partie des académies de Lyon, de Rouen et de Villefranche.
Esprit des plus vifs et brillante imagination, homme aimable, il avait un goût prononcé pour tout ce qui était invention ou découverte, et fut notamment un des sept aéronautes qui firent, avec Montgolfier, une ascension à Lyon, le 19 janvier 1784, ascension dont il rendit compte ensuite dans une Lettre à M. de Montgolfier sur l'expérience aérostatique faite à Lyon, en présence du roi de Suède (Lyon, s.d., in-12). Dix-neuf jours après, il donnait aux habitants de Chabeuil le spectacle de l'enlèvement d'un grand ballon de papier, autre expérience d'aérostation dont les Affiches du Dauphiné rendirent compte le 27 février 1784 ; il était, en un mot, une des personnalités lyonnaises les plus en vue quand arriva la Révolution. Retiré alors dans une petite commune du Beaujolais, le comte de Laurencin dut à ses idées libérales d'y être élu maire ; seulement ses fils ayant ensuite émigré, on en profita pour l'attaquer violemment à propos des travaux de la Société Perrache et surtout de la construction du pont de la Mulatière, dans un libelle de 12 pages in-8º, intitulé : Réflexions. Il y répondit si bien, dans Observations, mémoire et pièces pour J.-B.-Espérance Laurencin, que les attaques n'eurent pas, semble-t-il, d'autres suites pour lui ; car il publia, en 1795, un Mémoire sur les moyens de porter l'agriculture, les manufactures et le commerce au plus haut degré de prospérité. Après quoi il vécut dans une si complète retraite, que l'on ne sait plus rien de lui, sinon qu'il mourut à Lyon, le 21 janvier 1812.
#Biogr. du Dauph., ii. - Arch. de la Drôme, E, 8771. - France litt. de 1769, ii, 21 ; - Catal. de la Bibl. Coste. - Gonon, Bibliogr. de Lyon pendant la Révol., nº 2980. - Aff. du Dauph., 1783-84, p. 179. - Dériard, Les Lyonnais dignes de mém., 301. - Etc.




Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901

Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne

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