MONTAUBAN (Dragonet Artaud de)



MONTAUBAN (Dragonet Artaud de)), prélat de la première moitié du xive siècle, à propos de qui l'on a commis plus d'une erreur, n'appartenait pas à la même famille que les précédents, bien qu'il y eût des liens de parenté entre eux ; car, tandis que les barons de Montauban descendaient, comme nous l'avons dit, des seigneurs de Montdragon, non loin d'Orange, les ancêtres paternels de notre prélat se rattachaient aux anciens comtes de Diois. En un mot, ce prélat - dont le père, seigneur de Montmaur, dans le Gapençais, et de Volvent, près de la Motte-Chalancon, accompagna le roi saint Louis à la croisade et perdit en Tunisie la matrice de son sceau, retrouvée, il y a peu d'années, appendue en guise d'amulette à la bride du cheval d'un chef arabe et passée alors dans la riche collection du regretté M. Chaper -, était fils d'Isoard d'Aix, et de Dragonette de Montauban, sœur du baron Raymond et tante du baron Dragonet, qui fut déshéritée par son père au profit de ce dernier, et dont les enfants prirent le nom de Montauban, peut-être pour affirmer leurs droits sur cette baronnie. En tout cas, moine de l'ordre de St-Benoît, à ce que nous apprennent certaines bulles pontificales, Dragonet de Montauban devint évêque de Saint-Paul-Trois-Châteaux, non dès 1300, comme le prétend Boyer de Sainte-Marthe, mais au plus tôt en 1307, attendu que, le 4 avril de cette année-là, Pasteur d'Aubenas, son prédécesseur, occupait encore le siège. On ne connaît d'ailleurs pas d'actes constatant son existence avant le concile général de Vienne, auquel il assista ; et, pour ce qui est de la durée de son épiscopat, elle est singulièrement plus longue que ne le prétend cet historien, qui fait mourir notre prélat en 1312 ; car, quatre des évêques par qui il fait occuper, après lui, le siège de St-Paul, doivent être supprimés, le premier et le quatrième parce qu'ils n'ont pas existé et les deux autres parce que ce sont des évêques de St-Papoul. Ainsi que l'établit péremptoirement, du reste, M. Albanès, Dragonet de Montauban fut évêque de St-Paul-Trois-Châteaux jusqu'au 31 mars 1328, date à laquelle il fut transféré au siège de Gap. Or, évêque de Gap, il prêta hommage, le 24 juillet 1329, au comte de Provence, dont la bannière fut arborée, quinze jours après, sur le palais épiscopal, toute une journée ; tandis que, le 29 septembre 1337, il protesta contre les prétentions du Dauphin, qui avait fait citer devant sa cour deux Juifs habitant Gap, bien qu'il n'eût aucun droit de juridiction sur cette ville. C'est également cette année-là qu'il prit part au concile d'Avignon ; d'autres actes émanant de lui ou le concernant sont : une ordonnance du 24 décembre 1336, enjoignant aux douaniers ou gardes du territoire de Gap de se conformer à l'ordonnance du Dauphin, en date du 30 novembre précédent ; la confirmation de la possession des dîmes de Vitrolles et de l'église de la Déoule aux Antonins de Gap ; la solution de ses différends avec ces mêmes Antonins au sujet des églises de Vitrolles et de Lardier, de l'hôpital de Larra et du prieuré de la Pierre-Verte (8 mai 1338) ; enfin, l'union par {162}lui faite de la paroisse de St-Julienen-Beauchêne à la chartreuse de Durbon (juin 1348).
Remarquons encore qu'étant assujetti, quoique évêque, à des règles spéciales, en sa qualité de religieux, Dragonet Artaud de Montauban obtint du pape Jean XXII, le 13 mars 1333, l'autorisation d'avoir un confesseur à lui et, le 15 octobre 1346, de Clément VI, celle de disposer par testament de ses biens jusqu'à concurrence de 3.000 florins d'or, puisqu'à cette dernière date notre évêque de Gap était dans un tel état de santé que, le régent du Dauphiné l'ayant invité à se rendre à Romans, pour y assister à une assemblée de prélats et de barons qui se tint dans cette ville au mois de décembre suivant, il s'excusa de ne pouvoir le faire à cause de ses infirmités. Il ne mourut cependant qu'aux environs de Pâques 1348.
#Chorier, Hist. gén., ii, 259 et Est. pol., ii, 193. - Lacroix, L'Arrond. de Montélimar, vii, 355. - Boyer de Ste-Marthe, Hist. de St-Paul-Tr.-Ch., 214. - Bull. d'Hist. ecclés., v, 389, art. de M. Albanès. - J. Roman, Tabl. hist., 191, 206, 208, 210, 225, 228. - Valbonnais, ii, 539.




Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901

Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne

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