MOREL (Pierre)



MOREL (Pierre)), de qui Dochier dit qu'il était " chanoine de Romans, y naquit dans le xve siècle, sut se garantir de la contagion et gagna une fortune considérable en exerçant la profession d'avocat avec autant de probité que de science ", était en réalité de Valence et très probablement le frère du précédent. Quant à ce que dit M. Rochas, qu'il n'abandonna le barreau qu'après avoir fondé le collège dont nous allons parler, et que c'est en reconnaissance de ses bienfaits que l'Université lui conféra le titre de docteur agrégé, ce n'est pas exact non plus, attendu que Pierre Morel, à qui les papiers du temps donnent souvent le surnom de Chandillery, est qualifié docteur agrégé, chanoine de la cathédrale de Valence et des collégiales du Bourglès-Valence et de Romans, dans l'acte, en date du 19 février 1541, par lequel il donna sa maison située rue Pérolerie, sa bibliothèque, ses meubles et divers fonds, pour le logement et l'entretien de treize jeunes gens de la province venant étudier le droit civil et canonique en l'université de Valence et remplaçables de sept ans en sept ans.
Aux termes dudit acte, ces jeunes gens devaient être pris dans des familles pauvres et présentés : le premier par le Parlement ; le second par la Chambre des comptes, et les autres, par les villes de Grenoble, Vienne, Valence, Embrun, Gap, Die, Crest, Saint-Paul-Trois-Châteaux, Romans, Montélimar et le Buis qui, chacune, en choisissaient un. Ce qu'il y a de plus remarquable dans cette fondation, c'est qu'elle fut exécutée du vivant même de Pierre Morel, qui reçut aussitôt, chez lui, treize pauvres étudiants à qui il était défendu d'étudier autre chose que le droit et qui devaient élire chaque année, le jour de la Toussaint, un recteur, pris parmi eux, en présence de deux régents de l'Université. Aussi, le roi François Ier, qui passa à Valence l'année suivante, ne marchanda-t-il pas les éloges au généreux chanoine, dont l'établissement prit alors le nom de Collège royal delphinal, ce qui ne l'empêcha pas de subir à ce point le contre-coup des guerres civiles qui suivirent qu'il n'avait plus " qu'un seul escolier " au mois de novembre 1562, et que, même après le rétablissement de la paix, les consuls de Valence durent aviser plus d'une fois aux moyens de le rendre un peu florissant. Ainsi y appelèrentils, le 14 octobre 1643, les missionnaires du Saint-Sacrement, qui s'engagèrent à y tenir cinq classes, moyennant une subvention annuelle de 1,500 livres ; mais, cette subvention ayant été réduite ensuite à 700 livres, il n'y eut plus alors que trois basses classes et, finalement, on ne parla plus du collège Morel.
Or, fait assez singulier, cette fondation qui n'eut, on peut le dire, {178}que des résultats éphémères, en a fait oublier complètement une autre, qui n'est pas un moindre titre, pour notre chanoine, à la reconnaissance de ses concitoyens. En même temps qu'il fondait un collège, Pierre Morel fonda, en effet, un " hospital des femmes vefves et filles qui se retireront de lubricité et pauvres jassinières ", autrement dit une maison de refuge pour les filles de mauvaise vie revenues à de meilleurs sentiments et pour les femmes en couches ; et cet hôpital, qui était dans la basse ville, non loin de la rue du Petit-Paradis, donnait encore le nom de Filles repenties au quartier, en 1694, bien qu'il ne servit plus alors que pour les " pauvres passants mendiants ". Quant au collège, c'est-àdire l'habitation du chanoine Pierre Morel, elle était voisine de la maison actuellement connue sous le nom de maison Dupré-Latour, une des curiosités de la ville de Valence.
#Biogr. Dauph., ii, 164. - Dochier, Mém. sur Romans, 121. - Arch. de Valence, BB, 6 et GG, 68. - Bull. d'archéol., vi, 138 ; vii, 426.




Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901

Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne

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