MOYSSON (Pierre)



MOYSSON (Pierre)), rimeur, que nous croyons être des environs de Romans, était " précepteur de la jeunesse ", autrement dit instituteur à Alixan, en 1601 et encore le 25 septembre 1603, date à laquelle il convint, avec les consuls de Valence, d'apprendre à lire et les rudiments de la grammaire aux élèves du collège Montluc, moyennant 500 livres par an, plus l'exemption du droit de capage, - ce qu'on appelle aujourd'hui la contribution personnelle, - et son logement et celui d'un aide, qu'il avait charge de désintéresser. Or, il tint si bien ses engagements que, bien que l'accord eût été fait pour trois ans, on lui donna 100 livres de plus la seconde année, et qu'en 1605 il était principal du collège des arts libéraux ou des classes d'humanités, c'est-à-dire chef du collège Montluc. Seulement, il y a des raisons de croire que ce n'est pas l'instituteur qu'on récompensa alors dans Pierre Moysson ; car, on voit, dans les comptes consulaires, qu'en cette même année 1605, on reprit, à Valence, l'antique usage de faire jouer, le 23 avril, jour de la fête des SS. Félix, Fortunat et Achillée, une pièce retraçant " la mort et histoire tragique de ces bienheureux, que par l'effusion de leur sang gravèrent dans les murailles de cette ville ou plus tost dans le cœur des habitans d'icelle " ; et que ce fut sur la proposition de P. Moysson. Bien mieux, c'est lui qui fournit la pièce et en organisa la représentation. Peut-être même fut-il {185}un des acteurs, et dans tous les cas, il mena si bien toutes choses, en la circonstance, que le conseil, après avoir voté 226 livres pour les frais de la fête, en alloua 45 à Moysson, sous condition de remettre à la maison consulaire le livre " où est la poysie de ladicte histoire, tous les tableaux, peinctures et aultres ornements qui ont servy à ladicte représentation. " Toutefois, il est bon de dire que cette " poysie " n'était point de notre professeur, qui se borna à la copier en y ajoutant quelques vers de sa façon ; cela résulte de son manuscrit, qui fait actuellement partie de la bibliothèque de Grenoble, où il forme un volume de 75 feuillets avec titre bleu et or, daté du 17 septembre 1606 et intitulé : Tragédie des trois martirs saints Félix, Fortunat et Achille, lesquels ont esté martirizez dans la ville de Valence en Daulphiné pour confesser le nom de Jésus-Christ, composée par M. Barberon d'Annonay. Quant aux vers de P. Moysson, ils se trouvent au fol. 4 et ont la forme de stances adressées à M. Blanc, premier consul de Valence.
En même temps qu'instituteur, P. Moysson était donc poète et autre chose encore, car il composa en outre un livre qui lui valut deux gratifications, de 100 livres chacune, des consuls de Romans, l'une le 7 janvier 1610, probablement en récompense du manuscrit ; l'autre le 8 avril 1615, en retour de l'ouvrage imprimé, notre homme étant alors professeur des basses classes au collège de Tournon. C'est Le sainct mont Calvaire de Romans en Daulphiné (A Tournon, par Claude Michel), petit in-12 de 192 pp. sans les liminaires, qui est d'une très grande rareté ; ce qui ne veut pas dire que l'ouvrage est d'une grande valeur, car ce n'est, en somme, qu'une compilation des écrivains mystiques alors en vogue, accompagnée de sonnets et de strophes dans lesquels des amis complaisants vantent à l'envi le " chefd'œuvre. " Quant à l'auteur, probablement grisé par ces éloges, il se proposait alors, à ce que nous apprend l'" Avis au lecteur ", de donner une seconde édition de son livre, comprenant en outre un poème sur les dernières paroles du Christ et une tragédie des trois martyrs de Romans ; mais nous ne croyons pas que ce projet ait été réalisé. En revanche, le savant archiviste de la Drôme, M. Lacroix, a trouvé un volume incomplet de ses premières et de ses dernières pages, formé de mauvaises pièces de vers intitulées : Adieu aux vanités, Tragédie de la mort de Saül, Discours sur la mort et passion du Sauveur du monde et Meslanges de poésie sacrée, parmi lesquelles se trouve un Noël " sur le chant d'un vieux branle de Bayanne ", hameau de la commune d'Alixan, pièces que l'érudit M. de Gallier estimait être de P. Moysson.
Là s'arrêtent nos renseignements sur ce professeur, qui aurait pu et même dû se dispenser d'être auteur, tant est médiocre tout ce qu'il a écrit soit en prose, soit en vers. Son fils, Blaise Moysson, fut lui-même instituteur à Valence, en 1631.
#Bull. d'arch., xv, 384 ; xvi, 389. - Arch. Drôme, E, 8066. - Id. de Valence, CC, 39. - Id. de Romans, BB, 23.




Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901

Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne

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