ODOUARD (Mathieu-Barthélemy)



ODOUARD (Mathieu-Barthélemy)), magistrat, né à Montélimar le 23 août 1758, d'une famille qui tint pendant longtemps l'hôtel ou logis de la Poste, avait acquis en 1785 la charge d'avocat du roi en la sénéchaussée de cette ville et la perdit naturellement à la Révolution (septembre 1790) ; seulement, comme il avait ouvertement pris parti pour le parlement de Grenoble dans sa lutte contre l'autorité royale et publié, sous le voile de pseudonymes qui le laissaient deviner, une brochure préconisant certaines réformes et un projet d'adresse à l'Assemblée nationale, il dut à cette attitude d'être nommé bientôt après (1er décembre 1790), commissaire du roi près le tribunal du district de Crest, et devint ensuite, successivement, commissaire du gouvernenement près le tribunal criminel du département, en 1791 ; juge de paix à Montélimar, le 14 juillet 1794 ; juge suppléant au tribunal du district de cette ville, le 16 août 1800 ; magistrat de sûreté pour l'arrondissement de Montélimar, le 19 mars de l'année suivante ; derechef commissaire ou procureur général près la cour criminelle du département, le 19 octobre de la même année 1801 ; juge à la cour d'appel de Grenoble, le 24 novembre 1803 ; enfin, président du tribunal de Montélimar, le 27 février 1812. Or, à Crest, ce magistrat eut presque aussitôt des difficultés avec la municipalité de cette ville, dont il censura un arrêté interdisant les mascarades du carnaval et qui riposta en lui reprochant son manque de résidence. Juge de paix, il subit le contre-coup de deux assassinats politiques qui ensanglantèrent Montélimar au mois de septembre 1795 ; car, l'une des deux victimes étant un modéré et l'autre un terroriste, L'Ami des loix, feuille jacobine, le dénonça comme n'ayant rien fait pour découvrir l'assassin du terroriste, et le représentant du peuple Fréron le destitua de ses fonctions, qui lui furent rendues en 1797. Magistrat d'appel, il applaudit d'autant plus au coup d'Etat du 18 brumaire que sa femme était nièce de Crétet, qui devait être un des personnages importants de l'Empire ; puis, il fit partie d'une délégation de la Cour, qui alla saluer l'Empereur à Chambéry, au mois de mars 1805 ; présida le collège électoral de la Drôme et fut décoré de la Légion d'honneur en 1810 ; reçut l'an d'après commission d'installer les tribunaux réorganisés de Nyons et de Montélimar ; enfin, obtint, le 25 février 1812, d'être nommé président de ce dernier tribunal, pour faire avoir à son fils, alors âgé de 28 ans, son siège de conseiller à la cour d'appel de Grenoble. Malheureusement pour lui, ce dernier changement eut de fâcheuses conséquences ; car, indépendamment de ce que les passions politiques n'étaient pas encore éteintes dans sa ville natale, à ce moment-là, il y avait des ennemis personnels, entre autres l'ancien visénéchal, baron Salamon, qui se prévalut de ce qu'il était créancier du père et d'un frère du président Odouard, anciens fournisseurs des armées dont les opérations n'avaient pas réussi, pour intenter à ce magistrat un procès scandaleux, qui amena sa suspension au mois de décembre 1813 ; et si, remis en possession de son siège au bout de quelques mois, notre président ne manqua pas de se joindre à la députation qui se rendit de Valence à Lyon, le 18 septembre 1814, pour y saluer le frère du roi, il ne mit pas fin pour cela aux attaques de ses ennemis, à tel point que, le 28 février 1815, une plainte fut portée contre lui par le propre greffier du tribunal qu'il présidait, - un sieur Jean-Pierre Grasson, que nous croyons être le frere du peintre et journaliste de ce nom (voir Grasson), - et que ces différents pro{204}cès n'étaient probablement pas encore vidés lorsqu'il mourut, à Paris, le 2 mars 1816.
ICONOGRAPHIE. - Portr. grav. au physionotrace, in-12. Buste de profil à G., dans méd. rond de 0m60. Dess. et grav. par Chrétien.
BIBLIOGRAPHIE. - I. Lettre d'un avocat du roi d'un des sièges du Bas Dauphiné à M. R. D. C. (Ronin du Chastaigner), son confrère. S.l.n.d., mais 1788, in-8º de 22 pages. - Autre édit. sous le titre de Discours d'un avocat du roi d'un des sièges du Bas Dauphiné. S.l.n.d., in-8º de 8 pages.
II. Projet d'adresse d'un citoyen de la ville de Montélimar aux représentants de la nation assemblés à Versailles, 10 juillet 1789. S.l., in-8º de 7 pages.
III. Réquisitoire de M. le Commissaire du roi près le tribunal du district de la ville de Crest... prononcé à l'audience publique, le 16 mars 1791. S.l., in-8º de 13 pages. - Autre édit. intitulée Discours... S.l., in-8º de 13 pages. Cettepublication fut suivie de celle d'une Lettre écrite par M. Duport, ministre de la justice, à M. Odouard, commissaire... en date de Paris, le 26 avril 1791. S.l.n.d., in-8º de 1 page.
IV. Sûreté publique. Valence, le 14 frimaire an II. Le Commissaire du gouvernement près les tribunaux criminels et spéciaux du département de la Drôme, à tous les magistrats de police... S.l., in-8º de 4 pages, signé : Odouard. Ce sont des recommandations à propos d'assassinats commis à Ste-Croix, le 21 vendémiaire an II, qu'il rattachait bien à tort aux nombreux crimes politiques dont notre département fut alors le théàtre
V. Observations du citoyen Odouard, juge de paix du canton de Montélimar... sur un arrêté du Directoire exécutif, confirmatif d'un autre arrété, par lequel le ci-devant commissaire Fréron l'avait destitué de ses fonctions. Valence, Viret, an IV, in-4º de 39 pages.
#Etat civ. - Mémoire pour M.B. Odouard... p. 4. - Arch. de la cour d'appel de Grenoble. - Moniteur offic. - Notes de M. L. Vallentin. - Etc.




Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901

Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne

ODON, évêque de Valence au xi.htm <-- Retour à l'index --> OGIER ou AUGIER NOVELLA dit Ogier le jongleur.htm