PACIUS (Jules)



PACIUS (Jules{212}), le célèbre jurisconsulte italien, est bien un des personnages nés hors de notre département que nous avons le droit de revendiquer, attendu qu'après avoir été une des illustrations de l'université de Valence, il est mort et a été inhumé dans cette ville, et que c'est à Die que se sont éteints, de nos jours, ses derniers descendants. Né, comme l'on sait, à Vicence, le trois avril 1550, d'une famille qui habitait le quartier de Beriga, dont il ajouta le nom au sien, il était fils de Paul Pacius et de Lucrèce Angioletta, et nous savons par les pièces d'un procès, que ses petits-fils soutinrent contre les consuls de Die, que Paul était fils de Melchoir, petit-fils de Jean-Donat et arrière-petit-fils de François Pacius, tous qualifiés nobles, ce qui tranche une des questions qui préoccupèrent Berriat-Saint-Prix, le principal biographe de notre jurisconsulte.
Enfant prodige, Jules Pacius, - dont le frère, appelé Fabius, fut tout à la fois dramaturge et grand médecin, - composa, dit-on, un traité d'arithmétique à 13 ans et, contraint de s'expatrier, pour cause de religion, se réfugia avec sa mère à Genève, ville que cette dernière devait habiter jusqu'à sa mort arrivée en 1608, où il épousa Elisabeth Venturini, fille de réfugiés lucquois, et où il se fit promptement une telle réputation, comme professeur, que les universités se le disputèrent. Ayant accepté, en 1585, une chaire de philosophie à l'université d'Heidelberg, il l'occupa dix ans, au bout desquels il l'abandonna pour visiter l'Allemagne et la Hongrie ; après quoi il accepta les offres du duc de Bouillon, qui venait de fonder une académie protestante à Sedan (1596). Seulement, il ne fit guère que passer dans cette académie à cause des guerres civiles, et, s'étant alors réfugié à Nîmes, il y accepta le 15 février 1597 une chaire de philosophie et le rectorat de l'académie qu'il abandonna au bout de quelques mois pour être professeur de droit à l'université de Montpellier. C'est là qu'il eut pour élève et pour pensionnaire le grand érudit Peiresc, qui fut ensuite, jusqu'à sa mort, son correspondant et son ami, et qui tâcha mais en vain de l'attirer à Aix. Or, il était à Montpellier depuis quinze ans, quand les consuls de Valence lui firent faire des offres par le frère de l'un d'eux, attendu qu'après avoir été pendant longtemps à la recherche d'un " docteur ultramontain fameux... pour restaurer l'Université ", il avait été décidé, le 12 février 1613, qu'on s'adresserait à Pacius, " un des plus fameux jurisconsultes du temps ", la ville de Valence prenant à sa charge tous les frais de son déplacement ; et l'on sait, en outre, par un acte du 13 mars 1616, que, moyennant 500 livres tournois, le marchand Charles Guilheton s'engagea à " faire et fournir tous les frais nécessaires {213}pour faire conduyre de la ville de Montpellier à Valence, M. Pacius, premier docteur régent, à présent estant audit Montpellier, avec sa femme, famille et domestiques de sa maison, ensemble tous ses meubles et livres, au contentement dudit sieur Pacius, soit par terre ou par eau, et rendre le tout en son logis audit Valence. " Ajoutons avec Videl que Lesdiguières, qui s'intéressa toujours beaucoup à la ville de Valence et à son université, " prit un soin particulier d'establir " dans cette dernière, " Jules Pacius, gentilhomme italien, grand docteur entre les plus renommés, autant pour l'estude de la philosophie et des autres sciences que pour celle du droit, qui estoit sa principale occupation. "
Arrivé à Valence dans les premiers mois de 1617, Pacius y vécut d'autant plus renfermé dans l'exercice de ses fonctions qu'il fut bientôt éprouvé par la perte de deux de ses enfants, ce qui, joint aux instances de son ami Peiresc, le fit retourner au catholicisme. C'est en 1619 que cette conversion eut lieu, et quelque temps après il se rendit à Padoue avec un autre de ses fils, qui devint alors professeur à l'université de cette ville, tandis que la république de Venise l'honorait lui-même du collier de l'ordre de Saint-Marc. Mais il n'en revint pas moins, au bout de peu de mois, à Valence, où il avait laissé les autres membres de sa famille et qu'il ne quitta plus jusqu'à sa mort, arrivée le 11 janvier 1635, à ce que nous apprennent les registres de l'église paroissiale de Saint-Jean, qui constatent encore que " noble Jules Pacius, premier professeur roïal de l'Université de Valence " fut inhumé dans cette église.
De son mariage avec Elisabeth Venturini, notre jurisconsulte eut dix enfants, dont trois seulement sont connus : une fille appelée Lavinie, qui épousa le 16 avril 1606, à Montpellier, Moïse Duport, docteur en droit et avocat au parlement de Grenoble, et deux fils.
L'un de ceux-ci, Paul, - qui fut à son tour professeur de droit, - épousa Anne de Clausel et fut le père d'Alexandre, qui s'établit à Montpellier à la suite de son mariage avec Françoise Duglat, en 1659, mais avait encore des biens à Valence et dans les environs longtemps après ; l'autre, Jacques, avocat à Die, eut entre autres enfants Jules-César Pacius, capitaine au régiment de la marine, qui obtint en 1666 des lettres de maintenue de noblesse, et dont le fils, également appelé César, était cordonnier à Die en 1699.
BIO-BIBLIOGRAPHIE. - I. Notice sur Julius Pacius a Beriga, jurisconsulte et philosophe des xvie et xviie siècles, lue à la Société des Antiquaires de France, le 9 novembre 1839, par M. Berriat-Saint-Prix. Paris. Langlois, 1839, in-8º de 30 pp.
#Biogr. Dauph., ii, 205. - Moreri, Dict. vº Pacius. - Arch. de Nîmes, ii, 5. - Nadal, Hist. de l'univ. de Valence, 140. - Arch. de Valence, BB, 17 ; CC, 41, 43, et GG, 4. - Videl, Hist. de Lesdiguières, 291. - Bull. d'archéol., xx, 481.




Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901

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