PEYROL (Daniel)



PEYROL (Daniel)), pasteur, controversiste et professeur protestant, né à Die, appartenait à une famille de cette ville, qui fut une des premières à embrasser la Réforme et dont un des derniers représentants acquit, en 1629, la charge de président en l'élection du même lieu. Il fut donc élevé dans le protestantisme ; mais, s'étant ensuite fait catholique, il entra dans la Compagnie de Jésus ; seulement, le désir de se marier l'en fit sortir au bout de quelque temps et, s'étant alors retiré en Languedoc, il sollicita du synode national de Montpellier (1598) un emploi de pasteur, que le Synode provincial, à qui il fut renvoyé, ne lui fit guère attendre, puisqu'il était pasteur à Montpellier même dès le 31 août 1599.
Quatre ans et demi après, notre Diois était, en outre, chargé d'un cours de théologie dans l'université de Montpellier ; et, telle fut, dès ce moment-là, son action dans ce milieu, que le chapitre cathédral s'en plaignit, ce qui n'empêcha pas Peyrol {229}de faire adopter un règlement élaboré par lui, sous le titre de Loix de l'Académie de philosophie et de philologie de Montpellier, dont la première partie, en 8 articles, concerne les écoliers, et dont la seconde, en 14 articles, regarde les professeurs. On peut d'ailleurs se faire une idée de sa réputation de controversiste par ces faits que, les chefs de l'église protestante de Montpellier ayant été provoqués, en 1611, par les PP. Patornay et Granger, Jésuites fameux, il est le premier des deux champions que l'on chargea de relever le défi, et que, trois ans plus tard (1614), les professeurs de l'académie protestante de sa ville natale, ayant à soutenir un semblable assaut, l'appelèrent à leur aide. Quant à son rôle politique, il ne fut pas moindre, attendu qu'on le trouve mêlé à presque toutes les délibérations et négociations auxquelles donna lieu la première révolte de Rohan. Seulement, comme il était un modéré et qu'il poussa conséquemment à la conclusion du traité de paix du 19 octobre 1622, les violents de son parti ne tardèrent pas à lui faire une situation telle à Montpellier qu'il dut bientôt s'éloigner de cette ville et se réfugier à Die, où il ne resta pas moins de trois ans, puisqu'il y était encore le 8 juillet 1625, date à laquelle le conseil académique de cette ville pardonna quelques écarts de conduite à des " escoliers logiciens " sur la prière de M. Peyrol, ministre de Montpellier ", croyant désarmer ainsi ses adversaires. Or, ceux-ci profitèrent au contraire de son absence pour le dénoncer au Synode national, qui le déposa, en 1626, pour cause d'apostasie.
Justement irrité de ce parti pris notre Diois abandonna une seconde fois le protestantisme ; mais s'étant rétracté, le 27 avril 1627, - probablement sur l'offre d'une situation équivalente à celle qu'il avait perdue ; - il était depuis quelque temps pasteur et professeur de théologie à Nîmes, lorsqu'il approuva, conjointement avec ses collègues Codurc et Petit, un livre intitulé : De l'obéissance que les chrétiens doivent à leurs magistrats et princes souverains, livre dans lequel on lit " qu'il ne s'est presque pas présenté d'occasion de brouiller l'Estat, que ceux de la religion ne l'aient embrassée. " Cette approbation, témoignage irrécusable de la continuité de ses dissentiments avec les violents de son parti, est du 31 juillet 1629, et l'on ne sait rien de plus de Daniel Peyrol sinon qu'il était encore pasteur à Nîmes en 1634, après quoi il n'est plus question de lui.
BIBLIOGRAPHIE. - Indépendamment des Loix de l'Académie de philosophie et de philologie de Montpellier, publiées, comme on l'a vu, en 1604, Daniel Peyrol a écrit des Thèses de théologie, qui ne nous sont connues que par la mention qui en est faite dans les actes du synode provincial de Montélimar (1607), à qui elles étaient dédiées, et l'on a encore de lui les deux écrits suivants : I. Conférence touchant la Foy justifiante, agissant d'un costé Mes Daniel Pérol et Jean Faucher, ministres de Christ, d'autre costé, Mes Léonard Patornay et Pierre Granger, prestres Jésuites répondans, commencée à Bagnols, le 14 may 1611, et finie le 18 du mesme mois. A Montpellier, par Jean Gilet, 1611, in-8º de 7 ff. + 329 pp. + 3 ff. pour la table et les errata. - II. Discours familier touchant la certitude du salut, que les fidèles doivent avoir selon que Dieu les en asseure par sa parole, contre l'incertitude des Pyrrhoniens et Académiques romains, par D. P., ministre de Christ. A Montpellier, par Jean Gilet, 1611.
#Litt. Soc. Jesu, ann. 1613 et 1614, 599. - Corbière, Hist. de l'égl. réform. de Montpellier, 123, 129. - Arch. de la Drôme, D. - Bull. de l'hist. du prot., ix, 112, et xii, 210, 213. - Aymon, Les Syn., ii, 362. - Brun-Durand, Les Amis de Jean Dragon, 161. - Etc.




Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901

Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne

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