PLUVINEL (Antoine de)



PLUVINEL (Antoine de)), l'introducteur, en France, de l'usage des manèges, " ces escholes de vertu, de civilité et d'adresse, que la noblesse étoit auparavant contrainte de chercher en Italie, pour son instruction ", suivant les expressions de Chorier, était le fils puîné d'un Jean Pluvinel, marchand de Crest, vivant encore en 1583, et naquit très probablement dans cette ville, vers 1555. Seulement, il abandonna de bonne heure le pays natal pour aller apprendre en Italie l'art de l'équitation, et y étant promptement devenu de force telle qu'à dix-sept ans il passait pour le meilleur écuyer du pays, si l'on en croit son panégyriste Chorier, il entra au service du futur roi Henri III, qui l'emmena avec lui en Pologne, lorsqu'il alla prendre possession du trône de ce pays.
Revenu en France avec ce prince, après la mort du roi Charles IX, Pluvinel fut toujours bien vu de lui, et peut-être même est-ce de ce roi qu'il obtint des lettres de noblesse et le droit de porter pour armoiries, d'azur au cavalier tenant une épée haute et nue à la main, le tout d'or, non point en souvenir des armes de Pologne, comme le prétend Chorier, mais à cause de sa profession d'écuyer. Cependant, il est bon de dire que ce n'est que sous Henri IV que notre Crestois put réaliser le projet, longtemps caressé, d'ouvrir à Paris une {238}académie d'équitation, dont le roi lui confia naturellement la direction et pour laquelle Alexandre de Pontaimery, autre Dauphinois, publia une sorte de réclame intitulée : L'Académie ou institution de la noblesse françoise, où toutes les vertus de marque requises à vn seigneur de marque sont déduites, avec vne curieuse recherche des plus belles et riches matières qui se puissent tirer des sciences divines et humaines, avec cette épigraphe : " Toutes choses sont communes aux bestes avec nous, hormis la raison, qui ne vit qu'avec ceux qui l'entretiennent et la cerchent, mesme l'ayant trouvée. " (A. 8, ch. 7, l. 1.) - A Paris, chez Jamet Mettayer, mdxcv ; in-12 de 90 feuillets.
La réussite de son entreprise ayant attiré l'attention sur lui, Pluvinel devint alors gentilhomme de la chambre du roi, puis sous-gouverneur du dauphin qui devait être le roi Louis XIII, ce qui, augmentant sa réputation, fut cause qu'on le chargea de quelque mission auprès de Maurice de Nassau, qui avait manifesté le désir de le voir, et lui valut, au retour de son voyage en Hollande, d'être nommé gouverneur de César, duc de Vendôme, un des bâtards d'Henri IV, puis gouverneur de la grosse tour de Bourges ; et l'avènement de son élève à la couronne de France ne fit, naturellement, qu'augmenter sa fortune.
Sous Louis XIII, Pluvinel devint, en effet, premier écuyer du roi, et c'est conséquemment lui qui organisa et dirigea le magnifique carrousel qui eut lieu les 5, 6 et 7 avril 1612, sur la place Royale, à l'occasion du mariage du roi. Il mourut le 24 août 1620, n'ayant eu que des filles de son mariage avec Marie de Mansel de Saint-Ligier et laissant, en outre, de " damoiselle Françoise Bourdon ", une fille naturelle appelée Marguerite, qui obtint des lettres de légitimation le 27 février 1652. Mais aucune de ces filles ne se maria probablement ; car, son frère aîné Jean Pluvinel, simple bourgeois devenu, grâce à lui, maître d'hôtel du roi et châtelain de Grâne vers 1610, n'ayant eu lui-même qu'une fille, mariée chez les la Baume, autre famille de Crest, ses descendants ajoutèrent à leur nom patronymique celui de Pluvinel et, qui plus est, firent plus tard ériger en marquisat, sous ce dernier nom, les terres de la Rochette, Eygluy, Pontaix et vallée de Quint. On sait, en outre, que ce Jean Pluvinel, testant à Crest le 2 juillet 1625, légua 60 livres au chapitre Saint-Sauveur de cette ville, sous condition de faire célébrer chaque année, le jour de la Saint-Barthélemy, une messe dans la chapelle que feu Antoine de Pluvinel, son frère, " vivant chevalier de l'ordre du roi, écuyer et sous-gouverneur de S. M. ", avait fait édifier à Crest, au faubourg de Porteneuve, sous le vocable de saint Barthélemy. Cela prouve que ce dernier n'oublia pas sa ville natale, quoiqu'en vivant éloigné, et permet de supposer qu'il laissa ses biens à son frère.
Tallemant des Réaux, qui dit d'Antoine de Pluvinel qu'il " n'estoit guère plus subtil que ses chevaux ", raconte de lui deux anecdotes qui montrent que ce n'est pas sans raison qu'un de ses éditeurs a dit que " les discours n'estoient pas son fort. "
ICONOGRAPHIE. - Portr. gravé sur cuivre. Buste de 3/4 à G., dans un ovale de 0,120/0,087, avec encadrement. Autour, en légende : Ant. de Pluvinel, eqves et regis christianiss. eqvorum magist. et, au bas, quatre vers latins.
#Biogr. Dauph., ii, 255. - Etat civil. - Chorier, Est. pol., iii, 439. - Tallemant des Réaux, Histor., (éd. de 1854), i, 89 et 213. - Pap. du chap. de Crest. - Etc.




Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901

Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne

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