POITIERS (Aimar)



POITIERS (Aimar V de), comte de Valentinois et de Diois, fils aîné du précédent, probablement né en 1271, avait été chargé de l'administration des deux comtés pendant les vingt dernières années de la vie de son père, et fut pour celui-ci une cause de gros ennuis, à cause de ses prodigalités. Envoyé, ainsi que nous l'avons vu, à la cour d'Henri de Luxembourg, il y resta trois ans, et c'est vraisemblablement là qu'il prit des goûts de dépense que n'avaient pas ses auteurs et qui le mirent si souvent à la merci des usuriers qu'il en arriva à leur donner pour gage quelquesunes des terres qu'il avait reçues de son père, notamment celle de Lène, que ce dernier dut racheter en 1320. Ajoutons que, feudataire du roi de France pour tout ce qu'il possédait en Vivarais, ce fils du comte de Valentinois répondit avec empressement à l'appel du roi Philippe-le-Hardi, lorsqu'il le convoqua en 1304 pour la guerre de Flandre et qu'il en fut de même dix ans plus tard. Puis, il combattit sous la bannière du Dauphin, contre le comte de Savoie, qui le fit même prisonnier en même temps que son cousin Graton de Clérieu (1323). Enfin, il se trouva à Varey, et les vieilles querelles à propos de la seigneurie de Crest s'étant réveillées, on était à la veille d'une nouvelle guerre avec l'évêque de Valence et de Die, quand mourut le vieil Aimar IV.
Or, devenu comte, Aimar V perdit si bien cette humeur belliqueuse, que le pacifique Aymar de la Voulte ayant succédé, sur ces entrefaites, à l'évêque Guillaume de Roussillon, le pape lui fit facilement accepter un traité précisant les droits et les obligations de chacun d'eux. Ce traité est du 6 mars 1332. Quelques mois après, notre comte et ce prélat unissaient leurs efforts pour obtenir du Dauphin qu'il défendit à ses officiers d'empiéter sur leurs terres, et, le frère d'Aimar de la Voulte ayant ensuite épousé une fille d'Aimar V, ce furent autant de gages nouveaux de paix. Par contre, notre comte de Valentinois eut bientôt après de gros différends avec son frère Guillaume, à propos de la baronnie de Clérieu ; et, de nouvelles querelles s'étant élevées à propos de Crest, il en résulta d'autant plus facilement une guerre, que le pacifique Aimar de la Voulte s'était alors empressé de céder son siège à Henri de Villars, prélat on ne peut mieux disposé à faire valoir ses droits les armes à la main. Il paraît que Crest, Grâne, Chabrillan et Chateaudouble souffrirent énormément de cette guerre, sur laquelle on n'est qu'insuffisamment renseigné et qui n'aurait certainement pas pris fin de sitôt, si le Dauphin, qui descendit pour cela jusqu'à Chabeuil, n'avait imposé la paix aux belli{248}gérants en leur faisant accepter une transaction, le 25 avril 1337. Treize mois après (août 1339), Aimar V mourait à Baix (Ardèche), d'où son corps fut transporté à Crest, dans l'église des Cordeliers. Il avait eu de son mariage avec Sibylle de Baux quatorze enfants ; l'aîné l'ayant alors précédé dans la tombe depuis quinze ans, c'est son second fils qui hérita des comtés de Valentinois et de Diois.
#Art. de vérif. les dates. - Hist. de Languedoc, vi, 659 ; vii, 37. - Anselme, ii, 192. - Du Chesne, 33. - Valbonnais, ii, 359. - De Gallier, Essai sur Clérieu, 88. - Bull. d'arch., xxix, 177, et suiv. - Etc.




Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901

Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne

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