POITIERS (Guillaume de)
POITIERS (Guillaume de)), dit le bâtard de Langres, homme de guerre que les chroniqueurs de la fin du xive siècle donnent comme un des meilleurs capitaines de son temps, était un des enfants que Guillaume de Poitiers, évêque de Langres (voir ce nom), eut avant son élévation à l'épiscopat d'une femme appelée Marguerite, et pour qui il obtint au mois de juin 1373, du roi Charles V, des {254}lettres de légitimation. Entré de bonne heure au service de ce roi, qui le fit bailli de Chaumont en Bassigny, il était un personnage si important et jouissait d'une telle réputation de bravoure, en 1382, qu'une guerre contre les Flamands révoltés ayant été alors décidée, il fut désigné, conjointement avec le connétable Olivier de Clisson et l'amiral Jean de Vienne, pour marcher en avant du roi Charles VI, âgé de 14 ans seulement, qui tenait la tête de l'armée, et le couvrir au besoin pendant le combat. Or, non content de ce poste d'honneur, il fit tant et si bien qu'il peut être considéré comme le héros de cette campagne de Flandre. Car c'est lui qui s'empara le premier du pont de Commines sur la Lys, par où l'on accédait dans ce pays-là, et les Flamands étant revenus presque aussitôt et en si grand nombre que les Français pris de panique s'enfuirent, " Guillaume de Langres, dit Juvénal des Ursins, demeura ferme au milieu des fuyards et tascha en vain de les arrester et de leur remonstrer à haute voix qu'il y avait plus d'honneur et moins de péril à combattre. " Peu de jours après, le bâtard de Langres, accompagné de quelques hommes déguisés en Flamands, pénétrait audacieusement dans le camp ennemi, pour s'assurer de sa force et de son assiette, et, cela fait, ces audacieux cherchèrent querelle à " douze des ennemis qu'ils ruèrent morts de douze coups de lance " ; après quoi, ils vinrent " donner advis de tout et dirent que les rebelles n'estoient qu'à mille pas de l'armée, et qu'il n'y avoit point de temps à perdre pour les aller combattre. " Enfin, le lendemain (27 septembre 1382), Guillaume de Poitiers, qui se trouvait alors, comme il a été dit, en avant du roi avec le connétable et l'amiral, contribuait par sa vaillance, au gain de la bataille de Rosbecque, qui fut une grande victoire pour les Français et mit, par cela même, fin à la campagne.
Neuf ans plus tard (1391), le bâtard de Langres était lieutenant de son cousin, le dernier comte de Valentinois (voir Poitiers (Louis II de)), c'est-àdire que celui-ci, brouillé avec ses autres parents et voyant ses états envahis par toutes sortes de bandes, le chargea de pacifier le pays, en lui donnant pour cela tout pouvoir. Or la tâche était d'autant plus difficile, que le pauvre comte manquait de tout pour s'imposer à ses ennemis ; mais, si pénible que ce pût être pour lui, le héros de la guerre de Flandre n'en fit pas moins son devoir. Faute de pouvoir combattre il négocia, et, dès les premiers jours de janvier 1392, obtint de certains routiers, qui s'étaient emparés du château d'Eygluy trois ans auparavant, qu'ils vidassent les lieux moyennant indemnité. Six mois après (6 juillet 1392), il était à Montélimar avec Jacques de Montmaur, gouverneur du Dauphiné, pour la signature d'un traité de paix ; puis, c'est à Avignon qu'il se rendit pour conférer avec les représentants du pape, et, pour tout dire, il exerça dans notre contrée la vigilance la plus active et l'action la plus utile pendant quatre ou cinq ans, au bout desquels il mourut probablement dans le château de Soyans, qu'il avait acquis du comte de Valentinois, à moins que ce ne soit dans celui d'Eygluy que ce comte lui avait donné en récompense de ses services. Car, si on ignore la date exacte de sa mort, on sait en tout cas qu'Isabelle d'Aunoy, sa seconde femme, était remariée dès 1409.
#A. du Chesne, 74 et pr. 47. - P. Anselme, ii, 196. - Juvénal des Ursins, Hist. de Charles VI, i, 54, 59. - Froissart, Chron., liv. ii. - De Coston, Hist. de Montélimar, i, 380, 396.
Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901
Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne
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