PRACOMTAL (Jean de)



PRACOMTAL (Jean de)), seigneur d'Ancone, frère cadet et héritier du précédent, s'engagea tout jeune sur les galères du roi, du temps que le baron de la Garde était amiral des mers du Levant, et y servit pendant quelques années, après quoi il revint au pays natal, où, sans le faire aussi bruyamment que son frère aîné, il se prononça comme lui pour la Réforme. Seulement, il retourna ensuite au catholicisme, et, tout en ne s'éloignant guère de son château d'Ancone, commanda souvent à Montélimar, au nom du parti catholique et toujours dans l'intérêt et sur la prière des habitants de cette ville : par exemple, au mois de février 1577, date à laquelle une attaque des protestants conduite par Gouvernet lui-même fut repoussée, grâce à " la bonne garde, vaillance et dilligence de M. de Pracomtal ", disent les registres consulaires ; derechef, en 1581, pendant la peste ; puis, en 1583, " pour empescher que les huguenaux ne se saisissent de la ville ", à ce que nous apprend le notaire Gayet.
Deux ans plus tard, la citadelle étant occupée par le capitaine catholique La Rollière, qui molestait les Montiliens et n'entretenait pas assez de soldats pour garder la place, Pracomtal ne craignit pas de faire, d'accord avec la municipalité, une sorte de {274}coup d'Etat. Ayant invité La Rollière à dîner, le 4 avril, avec quelques notables, qui étaient du complot, il se saisit de sa personne, et le mit hors de la ville pendant que d'autres s'emparaient de la citadelle, dont ils lui remirent ensuite les clés, ce que le duc de Mayenne finit par approuver comme ayant été fait " pour le service de Sa Majesté et bien de la religion catholique ", disent des lettres du 14 août suivant. Par contre, il ne fut pas heureux quelques jours après ; car, les protestants, qui guettaient depuis longtemps Montélimar comme une proie, ayant fait irruption dans cette ville, après en avoir pétardé les portes, dans la nuit du 24 au 25 août 1585, Pracomtal surpris n'eut que le temps de se réfugier dans la citadelle avec ses soldats, et Maugiron, instruit de cela, étant accouru pour le débloquer, n'y put parvenir, faute d'une artillerie suffisante. Bien plus, il dut se retirer au bout de dix jours, de telle sorte que, privés de vivres, le seigneur d'Ancone et ses soldats durent se rendre le 12 septembre, heureux d'obtenir une capitulation qui leur permit de se retirer à Sauzet, village voisin, tambour battant et enseignes déployées.
Vingt-trois mois plus tard, autrement dit le 16 août 1587, Pracomtal, que hantait le désir d'une revanche, reprenait Montélimar par surprise, avec l'aide du comte de Suze et de quantité d'autres seigneurs ; mais la garnison protestante, refoulée à son tour dans la citadelle, ayant, bientôt après, reçu des renforts, rentra en possession de la ville le 22 août, après avoir fait des catholiques un effroyable carnage. Quant à Pracomtal, blessé, il alla d'abord se faire panser à Viviers ; puis, ayant regagné son château d'Ancone, il s'y fortifia si bien qu'il ne tarda pas à être gênant pour les protestants de Montélimar, qui s'en plaignirent à Lesdiguières, ce qui détermina ce dernier à mettre le siège devant Ancone, le 28 décembre 1588. Or, bien que n'ayant pas de canons pour se défendre, tandis que les assiégeants menaient avec eux une coulevrine, deux bâtardes et deux fauconneaux, l'intrépide Pracomtal refusa non seulement de se rendre, mais une brèche ayant été faite au corps de place et les soldats de Lesdiguières montant à l'assaut, il résista désespérémment jusqu'à ce qu'un coup de feu l'abattît, ce qui mit fin à la lutte. D'Hozier dit qu'il fut enseveli sur les lieux mêmes, et d'autres qu'on l'inhuma dans l'église de Rochemaure.
#Biogr. Dauph., ii, 295. - Corresp. de Lesdiguières. - De Coston, Hist. de Mont. - Lacroix L'Arr. de Mont. - Etc.




Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901

Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne

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