REYNARD ou REGNARD (Phélise)



REYNARD ou REGNARD (Phélise ou Félise)), une des maîtresses que le dauphin, qui fut ensuite le roi Louis XI, eut pendant son séjour en Dauphiné, appartenait à la même famille que le précédent, son père étant Aynard Reynard, seigneur de Saint-Dizier, courrier de l'évêque de Die et maître d'hôtel du Dauphin en 1450, et son frère, Guillaume, seigneur du Cheylard, qui fut successivement, grâce à elle, châtelain de Saint-Nazaire-en-Royans (1447-1456), écuyer, puis échanson du Dauphin, enfin châtelain de Grâne et de Sauzet, de 1463 à 1485. Ayant épousé le fils d'un notaire de Grenoble, Jean Pic, qui se qualifiait écuyer, elle dut devenir la maîtresse du fils aîné de Charles VII vers 1447 au plus tard, car c'est à cette date que les membres de sa famille commencèrent à ressentir les effets de la faveur de ce prince. Son mari, notamment, devint alors châtelain de Beaumont en Trièves (30 novembre 1447), et, comme il mourut cinq ans après, elle fut assez habile pour se faire donner cette charge, avec " povoir et aultorité de commectre homme suffisant pour elle, à la charge et gouvernement dudict office, à ses coustz, périls et dangiers " (5 juin 1452). On peut même croire qu'elle obtint alors de son royal amant tous les revenus de cette importante châtellenie, dont elle ne craignait pas, en tout cas, de se dire dame ; ce qui a donné lieu à une singulière méprise, le P. Anselme et d'autres auteurs ayant pris cette dame de Beaumont pour Marguerite de Sassenage, femme d'Amblard de Beaumont, tandis qu'il s'agissait, en réalité, de Félise Reynard, ainsi que que l'a, du reste, parfaitement établi Brizard.
Deux filles naquirent des amours de notre Dioise avec le futur Louis XI : Jeanne, qui épousa, au mois de novembre 1465, Louis, bâtard de Bourbon, et fut légitimée le 25 février suivant, et Marie, qui épousa, au mois de juin 1467, Aimar de Poitiers, seigneur de Saint-Vallier, à qui l'on octroya, quelques jours après, le droit de porter les armes de France traversées d'un bâton de bâtardise d'or. Quant à elle, retirée à Grenoble, rue de Bournolenc, où elle avait une maison venant, croyons-nous, du Dauphin, elle y vécut bourgeoisement jusqu'à sa mort, vraisemblablement {304}arrivée peu après, le 25 mars 1474, date à laquelle elle testa in rua Bornolenciorum videliscet in aula bassa, léguant 120 florins d'or à la chapelle de N.-D. sur le pont de l'Isère, où l'on devait célébrer à son intention, chaque samedi, une messe de la Sainte Vierge et, à chacune des quatre grandes fêtes de la Vierge, une messe chantée ; instituant héritiers, pour le surplus, les deux fils de son frère Guillaume, attendu qu'elle n'avait pas eu d'enfants de son mari.
Quelques auteurs donnent encore pour fille, à Félise Reynard, une certaine Guyette ou Guyotte, femme de Charles de Seillons, secrétaire du Dauphin ; mais M. E. Pilot de Thorey a démontré que cette Guyette, qui était fille du notaire Jean Ourand, de Grenoble, fut une maîtresse et non une fille naturelle du dauphin Louis.
#Bull. d'archéol., vii, 47, (art. de M. de Gallier). - Arm. du Dauph., 605. - Chorier, Jurispr. de Guy Pape, 118. - E. Pilot de Thorey, Actes du Dauphin Louis, i, 360. - Brizard, Hist. gén. de Beaumont, i, 418. - Etc.




Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901

Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne

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