SIBOUR (Marie-Dominique-Auguste)



SIBOUR (Marie-Dominique-Auguste)), prélat, né à Saint-Paul-Trois-Châteaux, le 4 avril 1792, d'Alexandre-André, marchand de soies, et de Catherine Andrujol, appartenait à une famille du Comtat-Venaissin établie dans cette ville, à la suite de l'acquisition qu'un de ses membres fit, en 1709, de l'office de receveur des traites et fermes réunies. Elève du séminaire de Viviers, puis de celui d'Avignon, où il prit les ordres mineurs, il continua ses études à Paris, où, tout en suivant les cours de la Sorbonne et du Collège de France, il professa successivement la troisième, la seconde et la rhétorique au petit séminaire de Saint-Nicolas-du-Chardonnet ; mais, c'est à Rome qu'il fut ordonné prêtre, le 13 juin 1818. Retourné ensuite à Paris, il y fit partie du clergé de la paroisse Saint-François-Xavier, puis de celui de la paroisse Saint-Sulpice, en qualité de vicaire, et, devenu après aumônier du collège Louis-le-Grand, il l'était depuis une année, quand l'évêque de Nîmes, Mgr Petit-Benoît de Chaffoy, jaloux d'attacher le jeune ecclésiastique à son diocèse, qu'habitait alors, du reste, la famille Sibour, le pourvut d'un canonicat dans son église cathédrale (7 décembre 1822). Devenu chanoine, notre compatriote se fit, en peu de temps, une telle réputation comme prédicateur, qu'il devait prêcher le Carême devant le roi Charles X, quand la Révolution de 1830 renversa le trône de ce prince et ferma, pour un temps, la chapelle des Tuileries. Cette réputation, jointe à nombre de qualités maîtresses, le mit si complètement hors de pair parmi ses collègues, qu'ils l'élurent tout d'une voix premier vicaire capitulaire à la mort de Mgr de Chaffoy (29 sept. 1837).
C'était marquer l'abbé Sibour pour l'épiscopat ; et, de fait, il fut nommé, deux ans après (28 septembre 1839), évêque de Digne, poste dans lequel il attira bientôt l'attention, non seulement par le courage avec lequel il visita jusqu'aux parties les plus éloignées de son vaste et pauvre diocèse, mais encore et surtout par les réformes qu'il introduisit dans son administration. En même temps qu'il rendait à son chapitre la situation canonique de conseil-né de l'évêque, il rétablit, en effet, pour la connaissance des causes ecclésiastiques, l'officialité, c'est-à-dire un tribunal se prononçant suivant des règles et dans des formes déterminées. Et, comme de semblables réformes, bien qu'elles ne fussent qu'un retour aux anciennes institutions, ne manquèrent pas d'exciter certaines critiques, il répondit à celles-ci en publiant, sous le titre d'Institutions diocésaines, un ouvrage qui eut d'autant plus de retentissement dans le monde religieux, {355}qu'on pouvait le considérer comme le point de départ d'un nouvel ordre de choses. Dans le département des Basses-Alpes, en particulier, le prélat en devint à ce point populaire, que, la Révolution de février 1848 ayant éclaté, il put se faire écouter jusque dans les clubs, où il ne craignit pas de se rendre, et serait très certainement allé s'asseoir sur les bancs de l'Assemblée constituante, s'il n'avait pas retiré sa candidature à la représentation nationale huit jours avant les élections. Aussi, le général Cavaignac ne crut-il pouvoir mieux faire, une fois l'insurrection de juin vaincue, que d'appeler l'évêque de Digne à remplacer, sur le siège archiépiscopal de Paris, la plus illustre victime de cette insurrection, Mgr Affre. La conduite que tint ensuite notre prélat ne fit que justifier amplement cette nomination. Car, cherchant à s'interposer entre les partis extrêmes, sans dissimuler ses sympathies pour les idées démocratiques, le nouvel archevêque de Paris se mit à visiter jusqu'aux ateliers, prêchant aux ouvriers le respect des lois et leur enseignant la rédemption du prolétariat par le travail. Après le coup d'Etat de décembre 1851, Mgr Sibour, donnant l'exemple de l'obéissance, malgré ses opinions républicaines bien connues, ordonna les prières qui lui furent demandées par le nouveau gouvernement, et dut à cela d'être créé sénateur au mois de mars 1852, puis promu officier de la Légion d'honneur. Mais, se renfermant tout à fait ensuite dans l'exercice de son ministère, il ne s'occupa plus dès lors que de fondations religieuses de toutes sortes, églises, écoles, couvents, en même temps qu'il réorganisait la Faculté de théologie et l'Ecole supérieure des Carmes, restaurait les conférences ecclésiastiques et reprenait la tradition des conciles provinciaux, dont le premier fut tenu par lui au séminaire Saint-Sulpice, dès 1849. Il en était ainsi depuis huit ans, quand le prélat fut assassiné, le 3 janvier 1857, en pleine cérémonie religieuse, à Saint-Etienne-du-Mont, par un prêtre interdit, l'ex-abbé Verger, qui simula la folie, prétendant avoir commis ce crime pour punir l'archevêque de Paris de ce qu'il avait adhéré au dogme de l'Immaculée-Conception. L'assassin avait simplement obéi à l'esprit de vengeance, sa déplorable conduite l'ayant fait exclure du clergé.
ICONOGRAPHIE. - I. Port. grav. sur cuivre. Buste de 3/4 à D. 0,165/0,120. Valentin, del. Eug. Gervais, sculpt. Imp. Lemercier. - II. Autre, in-18. Buste de 3/4 à G. 0,075/0,075, Tailland, sc. A. Appert, édit., dans Biogr. du Clergé contemp. - III. Autre. Buste de 3/4 à G., dans ovale avec orn. 0,078/0,069. Eug. Gervais, sc. Sarrazin, imp. - IV. Grav. sur bois in-4º. Buste de 3/4 à G. 0,128/0,114. A. Collette, inv. L. Dumont, sc. - V. Autre in-fol., colorié. Mi-corps de 3/4 à G. 0,385/0,285. Pellerin, impr., à Epinal, avec notice. - VI. Autre, in-4º. Buste de 3/4 à G. 0,120/0,105. Auguste Bry. Gosselin, édit. - VII. Autre, in-8º. Buste de 3/4 à G. 0,130/0,128. Lafosse. Imp. Lemercier. - VIII. Autre, in-4º. Buste de 3/4 à D., une barrette à la main. Lith. Aug. Bry. - IX. Autre, in-4º. Buste de 3/4 à D. 0,130/0,112. L. Lausa, del. Imp. Decan. - X. Autre, in-fol. Presque en pied, assis, de 3/4 à G. 0,370/0,232. Mazerolle, del., 1848. Aug. Lemoine. - XI. Autre, presque en pied, de 3/4 à G., prêchant, un livre à la main, d'après Compte-Calix. Imp. Gattier. Goupil, édit. - XII. Grav. sur pierre, in-8º. Buste de 3/4 à G., 0,079/0,060. Imp. Garson. - XIII. Autre, in-4º. Buste de face, assis. 0,176/0,161. Gaclier del. Imp. de Rigo. - XIV. Grav. sur bois, in-4º. Buste de 3/4 à D. 0,081/0,075. A. R. del., dans Le Passe-Temps. - XV. Autre, in-4º. Mi-corps de 3/4 à D. Pauquet del. Bisson-Gottard, sc., avec notice. - XVI. Autre, in-fol. Buste de 3/4 à D. 0,105/0,100. En haut, Biographie de Mgr Sibour. - XVII. Autre, in-4º. Buste de 3/4 à D., avec Mgr Affre et Mgr de Quélen, dans un ovale de 0,200/0,160. L. Rouyer, del. A. Pontenier, sc. Typ. Firmin Didot. En haut : A la mémoire des trois archevêques. - XVIII. Lith., in-fol. Buste de 3/4 à G. Lasnier fecit. Pierre Petit, phot. - XIX. Autre. Couché, de profil, mitre en tête. Dessiné à l'archevêché, 5 janv. 1867, 6 heures du soir. Cam. Chasal. Geoffroy, sc.
BIO-BIBLIOGRAPHIE. - I. Biographie de Monseigneur Sibour, nouvel archevêque de Paris. Placard in-fol., imp. de d'Aubusson, s.d. - II. Biographie de Monseigneur M.-A.-D. Sibour, archevêque de Paris, précédée d'une notice sur Monseigneur De{356}nis-Auguste Affre, et suivie de quelques considérations sur le clergé, par MM. Bollier, Marty, Dyonnet et F. Prosper. Paris, Breteaux, 1848, in-8º de 22 pp. - III. Biographie de Monseigneur Sibour (Marie-Dominique-Auguste), archevêque de Paris, précédée d'une notice sur la vie, les travaux et la mort de Monseigneur Denis-Auguste Affre, son prédécesseur, par M. Philippe A***. Paris, Lacour, 1849, in-8º de 85 pp. - IV. La vie et la mort de Monseigneur Sibour, archevêque de Paris. Paris, Grevet, s, d., in-8º de 8 pp. - V. Notice sur Monseigneur Sibour, archevêque de Paris. - Sa biographie, sa mort, avec portrait gravé. - Paris, Félix, s.d., in-32 de 8 pp. - VI. Notice biographique sur Monseigneur Sibour, archevêque de Paris. S.l., imp. Gaittet, s.d., in-8º de 8 pp. - VII. Vie de Monseigneur Sibour, archevêque de Paris, par A. Audebert. Paris, Bertin, s.d., in-16 de 29 pp. - VIII. Vie de Monseigneur Sibour, archevêque de Paris : ses œuvres, sa mort, par M. Poujoulat. Paris, Repos, 1857, in-8º de ix + 408 pp. - IX. Monseigneur M.-D.-A. Sibour. Paris, Ad. Laisné et Havard, s.d., in-4º de 5 pp. avec portr.
Quant aux autres écrits relatifs à Monseigneur Sibour, ils sont trop nombreux pour que nous en donnions la liste ici.
BIBLIOGRAPHIE. - I. Lettre de Monseigneur l'évêque de Digne à Monseigneur l'archevêque de Paris, contre l'interprétation qu'on a voulu donner à l'article 4 de la loi du 18 germinal an X. Digne, veuve Guichard, 1844, in-8º.
II. Institutions diocésaines ou Recueil des règlements publiés par Mgr l'évêque de Digne, pour la constitution de son chapitre, l'organisation de son officialité... Digne, Repos, 1845 et 1848, 2 vol. in-8º.
III. Discours dans le Comité central des travailleurs, prononcé le 1er avril 1848, à Digne. Placard, in-folio. S.l.n.d.
IV. Lettre pastorale de Monseigneur l'archevêque de Paris, à l'occasion de la prise de possession de son siège. Digne, veuve Guichard, 1848, in-8º de 20 pp.
V. Question vénitienne. Lettre de l'archevêque de Paris. Paris, E. Houel, s.d. (1849), in-fol. plano.
VI. Discours prononcé par Monseigneur l'archevêque de Paris à la distribution des prix du collège Stanislas, le 14 août 1849. Paris, 1849, in-8º.
VII. Lettre de Monseigneur l'archevêque de Paris à M. le Ministre de l'Intérieur, en réponse aux observations de la Commission consultative, faisant les fonctions de Conseil d'Etat, sur le projet d'un nouveau tarif des pompes funèbres. Paris, Ad. Leclère, 1852, in-4º.
VIII. - Actes de l'église de Paris, touchant la discipline et l'administration, publiés par l'ordre de Monseigneur... Paris, Migne, 1854, in-8º.
En plus, nombre de mandements, lettres pastorales, etc., soit à Paris, soit à Digne.
#Biogr. Dauph., ii, 419. - Arch. Drôme, E, 7616. - Biogr. Clergé Contemp., x, 232. - Vapereau, Dict. des Contemp., éd. de 1858. - Etc., etc.




Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901

Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne

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