VIGNE (Alexandre)



VIGNE (Alexandre)), controversiste que Rochas et M. Arnaud disent être de Nyons, appartenait vraisemblablement à une famille de Die, dont le chef était, en 1593, Lanteaume ou Lantelme Vigne, consul de cette ville, et dont un autre membre, Antoine Vigne, religieux dominicain, embrassa la Réforme et se maria en 1562. Car, il est dit, dans les délibérations du consistoire de Die, qu'en 1673 certains chefs de famille protestants de ladite ville demandaient qu'on remplaçât le ministre Jean Julian, " pour pouvoir parvenir plus facilement au but qu'ils s'étoient proposé, à savoir d'établir en sa place M. Vigne, ce qui se voyoit assez, les susnommés étant ou siens parents, ou gens cherchant son alliance, ou des siens. " En tout cas, il était pasteur à Menglon, près Die, en 1660, et, deux ans après (avril 1662), bien que les synodes s'opposassent absolument à ce que les chaires de philosophie fussent confiées à des ministres du culte, il devint professeur de philosophie à l'académie protestante de Die, en même temps que pasteur de l'église réformée de cette ville, le défaut de ressources imposant ce cumul. Seulement, comme le professeur qu'il remplaça et qui était le médecin Théophile Terrisse, revint au bout de trois ans et demi à Die, Alexandre Vigne, qui était alors recteur de l'Académie, fut nommé pasteur à Grenoble, poste singulièrement plus important que celui de Die, mais qui ne lui fit pas, quand même, oublier cette dernière ville, à en juger par les démarches qui furent faites pour l'y ramener. Car, indépendamment de celles dont nous avons déjà parlé, on sait qu'en 1672, Benjamin Dejoux, autre pasteur de Die, fut vivement pressé de permuter avec le pasteur de Grenoble ; et malgré cela, notre Diois resta vingt ans durant dans la capitale du Dauphiné, c'est-à-dire jusqu'à sa conversion au catholicisme.
A la suite de conférences avec le P. Lami, de l'Oratoire, et d'autres missionnaires catholiques, Alexandre Vigne entra, en effet, au séminaire de Grenoble, le 9 décembre 1684, et, six jours après, abjura solennellement le protestantisme dans la cathédrale de cette ville, entre les mains de l'évêque Le Camus, le premier président Prunier de Saint-André et la comtesse de Clermont étant parrain et marraine du néophyte, et le Parlement, la Chambre des comptes, l'Intendant de la pro{397}vince et le duc de Mazarin et un prince de la maison de Wurtemberg, qui se trouvaient de passage à Grenoble, assistant à la cérémonie, dont Pierre Le Lorrain, abbé de Villemont, rendit compte dans un livre intitulé : Lettre d'un docteur en théologie à un seigneur de la Cour, sur la conversion de Monsieur Vigne, ministre, et sur les cérémonies de son abjuration, reçuë par Monseigneur l'évêque de Grenoble. A Grenoble, chez Alexandre Giroud..., 1685, in-8º. C'est dire l'importance qu'on attachait à cette conversion, qui donna encore lieu à la publication de deux lettres anonymes de Guy Allard " à l'auteur du Mercure galant " (s. l., 1684, in-4º de 4 pp. chacune), et que chaque parti attribua, suivant l'usage, à des causes fort différentes. Ainsi, le ministre Pineton de Chambrun qui, après s'être fait de protestant catholique, retourna au protestantisme, prétend que Vigne, qu'il vit quelque temps après sa conversion, lui aurait dit : " Je me suis réuni à l'église romaine pour éviter le schisme, que j'estime préjudiciable au salut ; je me suis réuni positivement, mais j'en suis séparé négativement ", - ce qui lui aurait attiré cette réponse de Pineton : " Prenez garde qu'en mentant aux hommes, vous ne mentiez à Dieu. " L'ancien pasteur de Grenoble dit, au contraire, qu'il suffit de lire les deux volumes d'Entretiens qu'il publia en 1682, pour la défense du protestantisme, pour se convaincre que dès ce temps-là il n'était pas " homme qui veuille rester dans le schisme. " Ce qui est indiscutable, c'est qu'après avoir été un défenseur du protestantisme, Alexandre Vigne fut un ardent champion de la foi catholique, et que rien ne prouve qu'il ait reçu, pour cela, une grosse pension du roi, comme le suppose Rochas, ni même qu'il ait été pourvu d'une charge de conseiller au présidial de Valence, comme le donne à entendre Pineton de Chambrun. Il n'est, du reste, plus question de lui après 1687.
BIBLIOGRAPHIE. - I. Entretiens de Philalèthe et de Philérène, où sont examinées les propositions contenues dans la déclaration du clergé du mois de mars 1682, et dans la thèse du P. Buhi, carmélite, soutenue au mois de novembre 1681. Cologne (Genève), P. Marteau, 1682, 2 vol. in-12.
II. Lettre de Monsieur Vigne, cy-devant ministre de Grenoble, à Messieurs de la religion pretenduë reformée, où il propose les principaux motifs de sa conversion, et prouve aux protestans, par leurs propres principes, qu'il n'y a rien dans la croyance, dans le culte et dans le gouvernement de l'Eglise, qui lui donne un juste titre de séparation... A Grenoble, chez A. Fremon..., 1685, in-4º de 2 ff. + 76 pp. Factum qui fut encore publié avec un autre, sous le titre de : Lettres contenant les motifs de la conversion de MM. Vigne et Gilbert, cy-devant ministres de Grenoble et de Dye. Lyon, 1685, in-12 de 182 pp.
III. Lettre de M. Vigne aux nouveaux catholiques, où il leur fait voir la justice de leur réunion à l'Eglise apostolique et romaine. A Grenoble, chez Alexandre Giroud..., 1685, in-8º de 6 ff. + 47 pp.
IV. Apologie pour l'Eglise catholique, où l'on justifie sa croyance, son culte et son gouvernement, par les principes mêmes des protestans. Paris, 1686, in-12.
V. Justification du culte de l'Eglise catholique, sur le terme d'adorer et sur l'usage de la genuflection, où l'on donne la véritable idée de ce terme et de cette pratique. Grenoble, 1687, in-12 de 48 pp.
VI. Lettre à un nouveau converti sur le dessein qu'il a de se retirer dans les païs étrangers. Grenoble, s.d., in-12 de 63 pp.
#Biogr. Dauph., ii, 476. - Arch. Drôme, D, 61 et 62. - E. Arnaud, Controv... en Dauph., 59. - Les Larmes de Jacques Pineton de Chambrun. - Ed. Maignien, L'impr. à Grenoble, nº 748-752, 781-784. - Etc.




Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901

Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne

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