CHANCEL (Jean-Hugues-Théophile)



CHANCEL (Jean-Hugues-Théophile)), officier général, né à Loriol, le 9 janvier 1766, s'engagea, à dix-huit ans, dans le régiment d'infanterie de la Couronne, et obtint son congé le 15 avril 1787 ; seulement, tel était son goût pour le métier des armes que, le 11 octobre 1791, il se réengagea, cette fois-ci dans le 4e bataillon de volontaires de la Drôme, où il devint aussitôt sous-lieutenant. Quatre mois après, il était capitaine à l'armée d'Italie, avec laquelle il fit campagne cinq ans durant, se conduisant si bien partout, qu'il fut promu chef de bataillon, le 25 février 1794, et qu'au lendemain de la bataille de la Favorite (16 janvier 1797), le général Victor, sous les ordres de qui il était, lui offrit le grade de chef de brigade, qu'il refusa, priant de le déférer à un de ses camarades qu'il estimait être plus méritant que lui. Le fait se passe de commentaires.
Passé ensuite à l'armée d'Angleterre, puis à celle de Mayence et après à celle du Danube, il faisait enfin partie de l'armée du Rhin, lorsqu'il eut le bras gauche emporté par un boulet à la bataille de Mœskirch {422}(5 mai 1800) ; ce qui ne l'empêcha pas de commander, neuf mois plus tard, la place de Seckingen et, dès le mois de janvier 1801, celle d'Augsbourg. C'est de là qu'il fut envoyé, le 23 juillet suivant, à Huningue, pour commander, avec le grade de chef de brigade, et c'est dans cette dernière place, dont il eut pendant quatorze ans le commandement, qu'il s'illustra tout à fait, au moment de nos revers ; car, le général prince de Liechtenstein, qui était à la tête des troupes autrichiennes campées dans le voisinage d'Huningue, au mois de décembre 1813, lui ayant alors fait offrir une somme de 500,000 livres, des biens en Autriche et la croix de Marie-Thérèse, plus des avantages analogues pour son adjudant, s'il voulait lui ouvrir ses portes, Chancel, indigné, s'empressa de porter le fait à la connaissance de ses chefs, en les assurant que ni lui ni son adjudant " ne flétriraient jamais leurs épaulettes par une semblable perfidie. "
Sa lettre, qui fut publiée dans Le Moniteur, est du 13 décembre, et comme il s'ensuivit naturellement un siège dès que les alliés eurent franchi la frontière, notre vaillant soldat le soutint bravement et avec succès, " étant partout et électrisant tout le monde par son courage ", dit un témoin oculaire, qui nous apprend en outre que Chancel fut blessé à la tête, d'un éclat d'obus, pendant ce siège. Aussi le duc de Berry, entrant en France par l'Alsace, s'empressa-til d'ajouter la croix de chevalier de Saint-Louis à celle de la Légion d'honneur, que le commandant de la place d'Huningue avait depuis le 26 mars 1804, et cette nomination, faite à titre provisoire, fut-elle confirmée par le roi Louis XVIII, le 1er novembre 1814.
Pendant les Cent-Jours, Chancel conserva son commandement, bien qu'alors placé sous les ordres du général Barbanègre, et c'est conséquemment lui qui soutint, conjointement avec ce général, le mémorable siège qu'Huningue eut à subir du 14 au 26 août 1815, les assiégeants disposant de 25,000 hommes et de 130 pièces de canon, tandis que la garnison assiégée ne comptait en tout que 135 hommes, dont 85 furent tués ou blessés. Aussi l'archiduc Jean, commandant en chef de l'armée assiégeante, ne put-il s'empêcher d'embrasser Barbanègre et de le féliciter de son héroïque défense, lorsqu'il vit défiler les 50 survivants sur les glacis de la citadelle, le 27 août.
Retraité le 9 septembre suivant, le colonel Chancel se retira à Blotzheim, en Alsace, où il mourut le 9 novembre 1834. Il avait été créé maréchal de camp honoraire, le 9 août 1820.
#Fastes de la Légion d'honneur. - De Coston, Passage de Napoléon à Valence. - Arch. du Min. de la guerre. - Notes sur le siège d'Huningue. - Etc.




Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901

Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne

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