Page 215 - Tous les bulletins de l'association des" Amis du Vieux Marsanne"
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L'école  des  garçons  allait  ainsi  d'une  maison  à  l'autre  sans  que,  jamais,  aucun  bâtiment
               communautaire  ne  lui  fût  réservé.  C'était,  là-haut,  dans  le  Vieux  village,  à  l'intérieur  des
               remparts. Là-haut, où fonctionnait aussi, chose plus rare à l'époque, un enseignement pour les
               filles. Plutôt sporadique, semble-t-il, il ne nous a laissé que peu de traces. On note, cependant,
               en 1739, un projet d'ouverture d'école, suite au legs d'une généreuse donatrice, en 1742, le
               vote d'un gage pour une institutrice et, en 1742, le vote d'un gage pour une institutrice, et, en
               1788, la présence d'une religieuse chargée de l'éducation des filles.

               Après cette date, et en dépit de la tenue régulière des registres, on ignore ce qu'il advint des
               écoles aux temps de la Révolution et de l'Empire. Ce n'est qu'à la fin des années 1820 qu'on
               retrouve la présence d'un instituteur et d'une institutrice.

               Une Ecole publique de garçons est installée dans deux pièces rénovées de l'ancienne Maison
               Commune délaissée, elle-même, depuis quelques années, en raison de sa vétusté. En 1835,
               nous apprenons que cette école est devenue "l'Ecole modèle du Canton", qu'on y pratique une
               méthode nouvelle d'enseignement, chère aux hommes des "Lumières", et destinée à instruire
               le plus grand nombre possible d'enfants du peuple.

               Avec  une  formation  personnelle  du  maître,  un  matériel  spécifique  largement  fourni  par  la
               Commune,  cette  méthode  dite  "Mutuelle"  dispensait  le  savoir  par  groupes  de  niveau.  Les
               élèves les plus qualifiés aidaient les plus faibles et le maître, ainsi libéré pour un temps partiel,
               améliorait le niveau de tous. C'est à cette méthode que l'on doit l'usage du tableau noir et de
               l'ardoise. Elle eut ses détracteurs, mais à Marsanne elle fut appliquée longtemps avec succès.
               Assez  longtemps  pour  profiter  à  un  jeune  élève  nommé  Emile  Loubet,  durant  quelques
               années, jusqu'en 1851.

               On peut toujours la voir, cette "petite Ecole", au bord de la rue Saint-Claude, dans le vieux
               bourg. Elle est devenue propriété privée et c'est ce qui l'a sauvée. Sur un panneau émoussé,
               au-dessus de sa porte, on pouvait lire, il y a peu de temps encore, "Ecole Mutuelle".

               A peint Emile Loubet parti, la "petite Ecole" ne tarda pas à fermer sa porte. Les bâtiments
               étaient si vieux et les réparations si coûteuses qu'en 1854, la Commune se vit dans l'obligation
               de  la  vendre.  L'école  de  garçons  s'installa,  pour  quelques  temps,  dans  un  autre  édifice
               communal  situé  hors  des  remparts,  à  mi-hauteur  de  la  rue  Comte  de  Poitiers.  En  1855,  le
               vieux maître qui avait assuré tant d'années d'instruction se retira. Pour le remplacer, le conseil
               municipal fit appel aux Frères Maristes et, en 1856, la commune décida la construction d'une
               école  publique  de  garçons  à  deux  classes  et  logement  pour  le  maître.  C'était  un  effort
               remarquable et rare, dont les Marsannais sont encore fiers.
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