Page 244 - Tous les bulletins de l'association des" Amis du Vieux Marsanne"
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Le  3  juin  1577,  de  Coursas  qui  est  à  Crest,  prévient  Dufour  du  passage  de  celles  de
            Mandelot. Il écrit :
                   "Faites retirer tout le bétail des granges tout présentement dans la ville car je puys vous
            assurer que ce sont de terribles gens, gardés que avesque de belles parolles ils ne abordent pas
            votre porte, car il vous feriont un terrible meynage. Si je puys, je les accomagnerey fin là pour les
            faire tenir le grand chemin de Montélimar".

                   Bêtes  et  gens  s'abriteront  alors  à  l'intérieur  des  remparts,  en  compagnie  des  soldats  de
            Dufour, avec le peu réserves possibles en ce début d'été.
                   Seule l'eau ne leur manquera pas grâce à la source de Baboui, accessible par le souterrain
            dont l'une des entrées est encore décelable. Dures et nombreuses furent ces alertes, mais pires
            encore furent les sièges et assauts infligés par trois fois à notre vieux bourg.
                   - En 1575, nous savons que les Réformés s'emparèrent de la place et l'occupèrent pendant
            plusieurs mois.
                   -  En  1580,  le  24  juin,  ils  reprirent  les  lieux  et  en  restèrent  maîtres  jusqu'en  novembre,
            époque où les catholiques, attaquant de nuit par surprise, les délogèrent.
                   - En 1588-89, eut lieu le dernier assaut où s'illustre l'invincible Chevalier de Coursas. Dès
            1588, accrochages mortels, rapines, impositions s'intensifiaient dans la plaine. Les hommes de
            Lesdiguières,  cantonnés  à  La  Tour,  préparaient  un  siège.  Début  décembre,  de  Coursas  alerté
            revient  de  Crest  précipitamment.  Il  organise  aussitôt  la  défense.  "Sans  cesse  à  l'oeuvre,  il
            commande, il prie, il menace et chacun rivalise de zèle pour seconder ses efforts. Puis, quand les
            brèches  sont  réparées,  les  fossés  ouverts,  les  portes  murées  solidement,  il  communique  à  ses
            concitoyens  ses  sentiments  patriotiques  et  d'honneur.  Quand  l'ennemi  paraît,  il  est  sûr  de  lui
            résister,  car  il  a  su  inspirer  la  confiance  et  le  courage  à  tous"  (6).  L'assaut  final  dura  du  29
            décembre 1588 au 5 janvier 1589, par un froid extrême.

                          L'ennemi "avec 500 hommes à cheval, 1 000 arquebusiers à pieds conduisant trois
            pièces  de  canon,tira  169  coups  contre  le  dit  lieu",  mais  en  vain.  Battu,  Lesdiguières  quitta
            définitivement la place. La même année, il signa un accord de paix avec le représentant du Roi,
            Alphons  d'Ornano.  Les  combast  cessèrent  en  Dauphiné.  Marsanne  apaisé  et  épuisé  mettra  de
            nombreuses décennies pour réparer ses ruines. Ainsi, près de quinze ans après, en 1603, l'évêque
            de  Valence  écrit  à  propos  de  Saint-Félix  :  "Une  esglize  parrochiale  descouverte,  sanshostel,
            cloches fons baptismales ne ornements".


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                   La  population  n'avait  pas  voulu  ces  combats.  Laborieux  et  pacifiques,  les  habitants
            n'avaient jamais prétendu changer leurs croyances ni s'insurger contre d'autres religions que la
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            leur.  Dès  le  14   siècle,  ils  avaient  manifesté  leur  tolérance  en  accueillant,  parmi  eux,  assez
            d'habitants juifs pour qu'ils aient leur "rue Juiverie", à l'intérieur du vieux bourg.

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                   Après l'Edit de Nantes, et tout au long des 17  et 18  siècles, cette tolérance continuera à
            se  manifester.  Ainsi  les  Protestants,  jamais  très  nombreux  dans  notre  communauté,  seront
            signalés avec respect sur les registres des décès, tenus par les Curés de la paroisse. A la date du
            19 juin 1750, nous pouvons lire : "décès d'Isaac µempèta, domestique berger, a été enterré à la
            manière des religionnaires protestants, religion dans la quelle il a toujours vécu avec obstination."

                   Que  dire  de  ce  mariage  "mixte"  qui,  en  1604,  unit  notre  seigneur  catholique  Jean  de
            Brunier,  avec  Saucette  Bessonet  de  l'Eglise  réformée  ?  Dans  son  testament  de  1637,  Jean
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