Page 288 - Tous les bulletins de l'association des" Amis du Vieux Marsanne"
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Malgré ses blessures, cet ensemble tout en plein cintre est imposant par son harmonieux équilibre
          et sa grande sobriété. Il nous permet encore aujourd'hui de l'imaginer tel qu'à son origine, c'est-à-
          dire roman dans toute la simplicité locale, mais déjà imprégné de l'esprit gothique par l'importante
          hauteur de sa voûte et l'ouverture au sud-ouest d'une vaste fenêtre répandant la lumière divine.

          Sur  la  terre  des  Adhémar,  cet  édifice  semble  bien  s'inscrire  parmi  les  édifices  de  style  roman
          provençal (5) rhodanien tardif que Monsieur Rouquette (1) situe entre Montélimar et la mer, et dont
                                e
          l'épanouissement au 13  siècle est sans conteste.

          Invisible  de  l'entrée,  une  chapelle  gothique  occupe  la  base  du  clocher  (3,90  x  9,95  m).  Elle
          communique avec la nef par une robuste et noble ouverture en arc brisé qui s'inscrit parfaitement
          dans l'ancienne arcade aveugle dont elle a pris la place. Sa voûte est faite de quatre voûtains (18)
          sur une croisée d'ogives (19). La clef de forme circulaire s'orne du monogramme I.H.S. qui, depuis
          le Moyen-âge, signifie "Jesus Hominum Salvator" (Jésus Sauveur des Hommes) (20). Des marques
          de compagnons gravées sur les pierres de l'ouverture témoignent de la qualité de l'ouvrage. Une
          porte latérale, en arc brisé, s'ouvrait directement sur l'extérieur. Elle fut fermée par un remplissage,
          éclairée d'une petite fenêtre et percée d'une porte étroite. Sur les parois intérieures, on relève les
          traces noires d'une litre funéraire (21) qui se prolong aussi dans la nef. Sur les voûtains, deux trous
          de  passage  des  cordes  témoignent  de  l'existence  de  deux  cloches  dans  le  clocher.  Les  plus
          anciennes,  détruites  par  les  guerres  de  religion,  furent  remplacées  en  1656  par  des  nouvelles,
          fondues à leur tour pendant la Révolution.
                                                                   e
          On pense volontiers que cette chapelle date du début du 16  siècle, tout comme la grande fenêtre en
          arc brisé qui lui fait face.
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