Page 50 - Associations des Amis du Vieux Marsanne
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Dès le départ, le général se charge de la conception du monument dont il trace de nombreux plans cotés
          et croquis. Il s'agira d'une structure classique et sobre, alliant deux plaques de pierre, gravées chacune de
          22 noms, qui encadrent un décor de bronze. Les esquisses montrent aussi bien l'ensemble en place que
          les détails des pierres à tailler, sans oublier le plan de montage. Une petite maquette de plâtre en relief
          viendra donner une idée des proportions.

          Les plans définitifs sont réalisés par M. Raspail en juin 1922 et soumis à l'approbation de la municipalité
          qui désigne le général comme architecte bénévole lors d'une séance extraordinaire du Conseil le 8 juillet
          1922.

          Sur cette base, le général charge son petit-cousin et sculpteur, Marie Jules Jean Frédéric de la Poix de
          Fréminville-Nugue,  élève  d'Antoine  Bourdelle,  d'exécuter  une  allégorie  de  bronze  pour  la  partie
          centrale. Le jeune homme d'une trentaine d'années se lance avec grand intérêt dans l'aventure, toujours
          pilotée à distance depuis Marsanne !
          L'idée  première  est  une  représentation  de  la  France  reconnaissante  entre  les  deux  colonnes  de  noms
          gravés. La réalisation donne lieu à de nombreux échanges de courrier dans le courant de 1922 et à des
          modifications  importantes  du  dessin.  D'abord  tournée  vers  la  droite  et  brandissant  une  couronne  de
          laurier, la figure hiératique sera finalement tournée vers la gauche, la main droite pointant vers le fronton
          du monument sous l'inscription "Marsanne à ses enfants morts pour la France".

          Le motif définitif établi, un moulage de plâtre de l'allégorie est coulé  à  taille réelle en janvier 1923.
          Pièce fragile destinée au fondeur, tout déplacement vers Marsanne est exclu, alors Frédéric fait  prendre
          un cliché par un photographe de Mâcon, M Brailowsky.

          Le général a laissé toute liberté à Frédéric pour le choix de l'entreprise. Il se décide pour un fondeur de
          Villeurbanne,  MLBE  (Manufacture  Lyonnaise  de  Bronzes  d'Eclairage),  qui  a  produit  de  nombreux
          monuments après la guerre. Commande est passée en septembre de 1923 pour une plaque de bronze de
          160 x 70 cm, d'un coût de 1 900 fr, et 1 000 fr d'arrhes aussitôt versés suivant le reçu produit par le
          trésorier du Comité, Me Albert Gougne, le notaire de Marsanne qui gère les diverses transactions.

          D'après les divers courriers conservés, on sait que Charles Favier, de la société MLBE, a réalisé la fonte
          de l'allégorie en bronze qui a été livrée sur une barge de Lyon à Tain-l'Hermitage par voie d'eau,  puis
          acheminée jusqu'à Marsanne.

          Le travail de la pierre est confié courant 1923 à un maître carrier de Dieulefit, Joseph Roux, dirigeant
          des  "Carrières  des  Champs  Blancs".  D'après  une  convention  avec  la  Commune  de  Marsanne  dont  le
          texte  est  "soufflé"  par  le  général  dans  une  note,  l'entreprise  s'engage  à  livrer  dès  octobre  17  pierres
          destinées à la façade du monument selon les instructions fournies par l"architecte bénévole" dans un
          premier courrier.
          Taille, disposition et plan de montage des pierres sont méticuleusement détaillés, y compris l'épaisseur
          des lettres de l'inscription au fronton (1,5 cm), ou la profondeur de taille de celles des noms. En fait, la
          livraison s'étalera entre octobre et la fin novembre où trois charrettes seront envoyées à Dieulefit pour
          récupérer les dernières pierres taillées.

          A l'origine, une sculpture "de l'écusson et des armoiries" de Marsanne doit figurer sur le fronton. D'après
          un courrier du général d'août 1923, ces motifs devaient être réalisés sur place. Ils ont bien été gravés,
          comme  en  témoigne  une  carte  postale  de  l'époque,  mais  ont  disparu  aujourd'hui.  Autre  décoration
          prévue, deux flambeaux enlacés de feuillage de chêne, posés sur les deux pieds-droits. Leur sculpture
          revient à Frédéric.
          Dernier  élément  de  décoration  après  montage,  deux  vases  posés  de  part  et  d'autre  du  fronton  qui
          devaient  être  en  poterie  vernissée  de  Dieulefit.  Ils  seront  finalement  en  fonte,  "peints  totalement  en
          minium et argentés extérieurement au verni d'aluminium".





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