ADHÉMAR (Louis-Joseph de Castellane)



ADHÉMAR (Louis-Joseph de Castellane)), frère du précédent, naquit à Grignan, en 1650, mais n'y fut baptisé que le 30 septembre 1660. Il était déjà prieur de Portes, quand son frère, le coadjuteur d'Arles, l'ordonna sous-diacre, le 31 mai 1670 ; et reçu maître ès arts, en l'université de Paris, le 24 juillet 1671, il prit ensuite le bonnet de docteur en théologie. Quelque temps après, il était pourvu de l'abbaye de St-Georges-sur-Loire et, devenu agent général du clergé de la {13}province d'Arles, le 13 mars 1675, il obtint ensuite l'abbaye de Saint-Hilaire, n'étant alors prêtre que depuis très peu de temps. Enfin, il fut nommé évêque d'Evreux, le 20 avril 1680, sous condition de payer annuellement dix mille livres à l'évêque démissionnaire sa vie durant, et de faire, après la mort de ce prélat 3,000 livres de rente à un Joseph Adhémar, clerc du diocèse de Die, qui n'était autre que le colonel de cavalerie, son frère ; ce dont Mme de Sévigné fut d'autant plus satisfaite qu'Evreux est " à 20 lieues de Paris, à 16 de St-Germain ", c'est-à-dire tout à fait dans le voisinage de la Cour, et ce dont elle fut tout à fait ravie, lorsqu'elle apprit que l'évêque démissionnaire, au profit de qui avait été stipulée une pension viagère de 10,000 livres, était mort d'un accident de voiture, à la fin du mois d'août suivant, " cette mort étant la première qui fût bonne aux Adhémar ", écrivait-elle. Mais cela ne l'empêcha pas de se moquer quelque peu des membres de l'Assemblée générale du clergé de France, lorsqu'elle sut qu'ils avaient écrit au Pape, pour lui faire part de l'intérêt qu'ils prenaient à la nomination de l'abbé de Grignan, celui-ci étant, paraît-il, ami de Port-Royal. " J'avois peur, dit-elle, que l'air d'une maison où l'on parle quelquefois de la grâce de Jésus-Christ, ne fît tort à l'abbé de Grignan. "
Or, en dépit de cette nomination et de cette recommandation, Louis-Joseph Adhémar ne fut pas évêque d'Evreux, et nous ignorons pourquoi ; mais on le nomma, en revanche, évêque de Carcassonne, le 2 mai 1681, et il fut sacré, le 21 décembre suivant, dans l'église de Grignan, donnant ainsi à Coulanges, un des amis de la maison, l'occasion de faire ces méchants vers :
[Les cadets Grignan sont heureux,
A toute heure on leur donne,
Tel se croit evesque d'Evreux,
Qui l'est de Carcassonne.]
Tout à la fois ambitieux et capable, le nouvel évêque de Carcassonne fut avec cela fastueux et prodigue. Tellement, qu'après avoir fait construire une partie du château de Grignan, ces constructions restèrent " un corps sans âme ", suivant l'expression de Mme de Sévigné, qui ne comprenait pas qu'un Adhémar pût avoir d'autres soucis que celui d'enrichir l'aîné de la famille, augmenter le lustre de celle-ci. Ce prélat mourut, en 1722, âgé de soixante-dix-huit ans.
ICONOGRAPHIE. - Portrait gravé infolio, Laborde, p. 51, Gautrel, sc.
BIO-BIBLIOGRAPHIE. - Un évêque de l'ancien régime, Louis-Joseph de Grignan (1650-1722), par l'abbé Léon Charpentier. Paris, Sueur-Charruey, 1899. In-12 de iii + 338 pp.
BIBLIOGRAPHIE. - I. Ordonnances... publiées dans le Synode du 7 mars 1713. Toulouse, Claude Gilles Le Camus, mdccxiii. In-12 de 372 pp. + 2 ff.
II. Ordonnances... pour la retraite des curés et vicaires de son diocèse. Carcassonne. mdclxxxv. In-4º de 12 pp.
#Etat civil. - Inv. Morin-Pons, 307-381. - Pithon-Curt, iv, 39. - St-Simon, xxx, 260. - Lettres de Mme de Sévigné. - Lelong, Bibl. Fr.




Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901

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