ARCHINARD (Jean-Pierre)



ARCHINARD (Jean-Pierre)), négociant et législateur, né à Saillans, le 26 juin 1742, appartenait à une vieille famille protestante dans laquelle on exerçait le notariat depuis au moins deux cents ans. Il s'établit à Crest, en l'année 1767, pour y faire un commerce de gros, en société avec Louis-Michel Rigaud de l'Isle, dont il devint le gendre, six ans après. Partisan de la Révolution, dont il n'approuva cependant jamais les excès, il fut élu administrateur du district de Crest, au commencement de 1791, et député de la Drôme à l'Assemblée législative, le 5 septembre suivant. Mais, homme d'affaires plutôt que de tribune, il ne se mêla guère aux discussions de cette Assemblée ; car on ne voit pas qu'il ait pris sérieusement part à aucune autre qu'à celle qui eut lieu, le 3 février 1792, à propos du Bureau de comptabilité, dont il facilita ensuite l'organisation ; et, la session finie, il vécut tout à fait dans la retraite jusqu'en 1805, qu'il devint membre du Conseil général de la Drôme. Quant aux sentiments que lui inspira l'administration du pays pendant la période révolutionnaire, ils nous sont révélés par ce passage d'un livre de raison qu'il a laissé : " Je regrette ma confiance à la Révolution et aux assignats, qui m'a enlevé tous mes capitaux, mon aisance, et suis donc bien fondé d'avertir mes successeurs et descendants sur le degré de confiance qu'ils doivent donner au papier monnoye si à l'avenir il en est créé. " Comme aussi peut-on se faire une idée de ce qu'il pensait des mœurs du temps, sous le Consulat, par certaines lettres de lui à son ancien collègue Azéma, que l'on a récemment publiées, et dont une en date de Paris, le 13 thermidoran VIII, dit : " Les mœurs et les caractères sont prodigieusement changés, il n'y a plus de franchise, de probité ni de bonne foi, c'est à qui trompera ou volera le mieux. " D'où l'on peut conclure qu'il fit bon accueil à l'Empire. Le 4 juin 1815, il était à la tête d'une députation du collège électoral de la {31}Drôme, qui remit à Napoléon Ier une adresse portant que les membres de ce collège " ont arrêté, d'une voix unanime, de renouveler à S. M. l'expression de leurs sentiments d'obéissance aux constitutions de l'Empire et de fidélité à l'Empereur. " Ce qui lui valut d'être alors nommé chevalier de la Légion d'honneur. Seulement, comme il ne put être reçu avant la fin des Cent-Jours et vécut ensuite à l'écart des affaires publiques, cette nomination resta en souffrance jusqu'au 28 novembre 1832, qu'elle fut reprise par le gouvernement de Louis-Philippe. Archinard était alors âgé de 90 ans. Il mourut à Crest, le 13 janvier 1836.
De son mariage avec Marie-Jeanne Rigaud de l'Isle, l'ancien député de la Drôme à l'Assemblée législative eut, entre autres enfants, trois filles, dont la cadette, née à Crest, le 8 février 1777, mariée, le 12 octobre 1806, avec le général Louis-Jean-Baptiste Gouvion et décédée cinq ans après, a laissé une correspondance assez remarquable, à en juger par ce qui en a été publié dans la Bibliothèque universelle et Revue suisse, de Lausanne, livraison de février 1873, sous le titre de : Impressions d'une patriote sous la Révolution.
#Biogr. Dauph., i, 34. - Etat civil. - Réimpr. du Moniteur, ii, 292, 332. - L. Pélissier, Le Monument de Saillans, 33. - Notes de M. Gust. Latune. - Etc.




Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901

Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne

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