CHAMBON, (Joseph)



CHAMBON, (Joseph)), médecin, né à Grignan, le 16 octobre 1656, de François Chambon et de Louise Guintandry, étu{158}dia la médecine à Aix, puis à Avignon, où il prit le grade de docteur, après quoi il voulut se fixer à Marseille, mais ne le put, à cause de certaines difficultés. Etant alors allé en Italie, il passa de là en Allemagne, puis en Pologne, où le roi Jean Sobieski se l'attacha comme chirurgien ; et l'historien de ce prince raconte que " quelques jours après la fameuse bataille de Vienne, contre les Turcs (12 septembre 1683), la nouvelle de la prise de Luxembourg par Louis XIV arriva à Varsovie ; le célèbre chirurgien françois, étant alors dans la chambre du roi Jean Sobieski, s'écria : Ah ! c'est un roi, celui-là... - Et moi, interrompit le roi avec colère, qui suis-je donc ? "
Une rupture en étant résultée, Chambon alla en Hollande pour y conférer avec les partisans de la doctrine de Paracelse et de Van-Helmont, et revint ensuite à Paris, où le médecin du roi, Fagon, qui faisait cas de lui, ne put lui faire obtenir le diplôme d'agrégé, parce qu'il refusait de s'engager, par serment, à ne pas débiter les remèdes secrets qu'il avait apportés de ses voyages, donnant pour raison qu'il avait obtenu, avec ces remèdes de merveilleuses cures. Mais, comme il avait acquis le grade de licencié, le Parlement l'autorisa à pratiquer, quand même, la médecine à Paris, et il y jouissait déjà d'une certaine réputation, lorsqu'il eut une fort malheureuse affaire. Chargé par le lieutenant général de police, de voir un prince della Riccia, qui était malade à la Bastille, il s'intéressa bientôt tellement à ce prisonnier qu'il voulut lui faire passer un plan d'évasion, en le dissimulant dans une orange, disent les uns, tandis que d'autres prétendent qu'il adressa au roi une supplique dans laquelle il attaquait la duchesse de Bourgogne et le duc de Savoie. En tout cas, il se conduisit de telle sorte qu'on le mit à la Bastille, à son tour, le 26 septembre 1702, et qu'il y resta pendant une année.
Rendu à la liberté, sur les instances de Mme de Coulanges, mais ayant alors perdu sa clientèle, Chambon se retira à Marseille où le comte de Grignan, son protecteur, lui fit avoir un emploi de médecin des galères, et il y était depuis près de deux ans, quand la mort de Mme de Grignan (16 août 1705), qu'il avait été appelé à soigner conjointement avec d'autres médecins, lui fit abandonner, tout à la fois, Marseille et la médecine pour se retirer à Grignan, auprès d'un frère, chanoine de la collégiale Saint-Sauveur. On peut du reste se faire une idée du chagrin que lui causa cette mort, par cette invective de notre médecin à l'adresse d'un de ses confrères, qu'il en rendait responsable. " Ah ! j'aurais bien désiré que ce bateleur, ce mangeur de vipères eût su guérir Mme de Grignan ! il m'auroit conservé une amie et je serois resté dans un pays où je me plaisois fort, dont elle faisoit le plus bel ornement et où je n'avois pris le parti de fixer mon séjour que parce qu'elle y faisoit le sien. "
Retiré à Grignan, Chambon y devint, en 1728, seigneur de Réauville, et y mourut, quatre ans plus tard (2 octobre 1732), s'intitulant encore médecin et conseiller du roi. De Marie-Anne de Ferlay, qu'il avait épousée à Lyon, le 11 novembre 1691, il laissa entre autres enfants, Antoine-Louis Chambon, seigneur de Réauville, capitaine-écuyer gendarme de la garde du roi, qui prit part aux sièges de Menin et d'Ypres en 1744.
BIBLIOGRAPHIE. - I. Principes de physique rapportés à la médecine pratique. Paris, 1712, in-12. - Suite des Principes... Paris, 1714, in-12. - Suite des Principes... Paris, 1716. in-12.
Ces trois parties ont été publiées de nouveau, en 1750. Paris, 2 vol. in-12.
II. Traité des métaux et des minéraux. Paris, 1714, in-12.
#Biogr. Dauph., i, 197. - Et. civ. - Devès, Biogr. hist., 60. - Eloy, Dict. de méd., i, 187. - C. de Renneville, Hist. de la Bastille, ii, 369. - Hist. de Jean Sobieski, ii, 332. - Lacroix, L'arr. de Mont., iv, 268. - Etc.




Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901

Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne

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