CHATENAY (Charles-Frédéric)



CHATENAY (Charles-Frédéric)), ecclésiastique, né au Bourg-de-Péage, le 18 août 1798, ayant terminé ses études classiques, prêta son concours au P. Casimir, capucin, qui venait de fonder à Romans une école cléricale ; après quoi il fut successivement maître d'études au lycée de Grenoble (1819), professeur de 4e à Vienne (1821), et professeur de rhétorique chez les Oratoriens de Juilly (1823-26), puis au petit séminaire de Meaux, qu'il dut quitter en 1829, pour aller suivre un traitement à Paris, ce qui ne l'empêcha pas de se charger alors de l'éducation des enfants de Carayon-Latour, et ensuite de celle du jeune Werner de Mérode, beau-frère de Montalembert et frère de Mme de Montaigu, dont le père refusa, on le sait, la couronne de Belgique, et d'être en outre adjoint à l'abbé Dupanloup, pour l'œuvre des catéchismes et l'Académie de Saint-Hyacinthe, C'est également vers ce temps-là qu'il commença à écrire dans L'Ami de la Religion, dont il devait être, pendant 18 ans, l'un des principaux rédacteurs et dont les violentes querelles avec l'Univers se répercutèrent pendant longtemps dans le clergé français. Peut-être même est-ce à cause de ces querelles que l'abbé Chatenay, qui n'était encore que diacre, rencontra tant de difficultés lorsqu'il voulut être prêtre. En tout cas, il ne fallut rien moins que l'intervention de la reine des Belges pour obtenir de l'évêque de Meaux, de qui il dépendait, les dispenses nécessaires pour cela. Ordonné prêtre à Amiens, le 22 décembre 1832, notre Drômois se mit à la disposition de l'archevêque de Paris, Mgr de Quélen, qui le chargea des catéchismes de St-Germain-des-Prés, l'employa dans certaines négociations avec le fameux abbé Châtel et bientôt l'admit dans son intimité. Seulement, il en fut tout autrement avec Mgr Affre, successeur de Mgr de Quélen ; car, notre abbé n'ayant pas craint de critiquer cette nomination, le nouvel archevêque de Paris lui en garda une telle rancune, que l'abbé Peyrol, de Grignan, à qui Lacordaire, partant pour Rome, où il allait prendre l'habit de Saint-Dominique, avait cédé une maison d'éducation (1840), s'étant associé l'abbé Chatenay, il menaça d'interdire la chapelle de l'établissement, et que, six ans plus tard, le même prélat refusa d'assister au sacre de Mgr Alouvry, évêque de Pamiers, parce que celui-ci avait nommé l'abbé Chatenay vicaire général honoraire. Or, ce dernier, qui était alors, depuis sept ans, chanoine hono{180}raire de Montpellier et directeur de sa maison d'éducation, ne se contentait pas d'écrire toujours dans L'Ami de la Religion, y traitant avec une grande élévation de vues les sujets les plus différents, mais collaborait encore à plusieurs autres journaux ou revues, notamment à L'Union ecclésiastique et à L'Echo français, ayant même été, de 1843 à 1845, rédacteur en chef de la Revue catholique, ce qui faisait de lui une personnalité tout à fait importante dans le monde religieux et donnait, par suite, une grande portée à ses dissentiments avec l'archevêque de Paris et L'Univers. C'est probablement de lassitude qu'il accepta, en 1849, d'être vicaire général titulaire de l'évêque de Pamiers. Seulement, les rancunes qu'il avait excitées le suivirent dans cette nouvelle résidence. D'autant plus mal accueilli par le clergé de ce diocèse, qu'il passait pour exercer une très grande influence sur l'évêque, sa nomination à un canonicat, avec dispense de la résidence, en 1852, puis des conférences prêchées de concert avec le célèbre P. Ventura, dont les tendances libérales sont connues, achevèrent d'indisposer contre lui les esprits. On en vint à faire une enquête sur sa vie, et l'évêque, qui était son ami, ayant voulu prendre sa défense, toutes choses en arrivèrent au point que, pour en finir, la cour de Rome demanda sa démission à Mgr Alouvry, et, naturellement, l'abbé Chatenay accompagna ce dernier dans sa retraite. Il mourut à Paris, le 3 mai 1857, n'étant plus alors que rédacteur à La Gazette de France, pour la partie religieuse. Mais telle est la persistance de certaines colères, que celles qu'excita cet ecclésiastique, homme de beaucoup de valeur, à tout prendre, ne sont pas encore éteintes dans le diocèse de Pamiers.
#Etat civil. - Biogr. du Clergé cont., x, 397, avec portr. - Notes de M. C. Perrossier et autres.




Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901

Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne

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