CHEVRIÈRES (Rodolphe, Raoul)



CHEVRIÈRES (Rodolphe, Raoul ou Roux de)), de Caprilis, personnage du xive siècle que le savant historien de la ville de Romans, M. P.-E. Giraud, appelle tour à tour " un Romanais de la vieille roche, un des plus distingués citoyens de Romans " et " le chef des partisans du Dauphin " dans cette ville, paraît être fils d'un Perronet de Chevrières, qui donna quelques biens aux Cordeliers, en 1282. Il était le neveu du chanoine Pierre de Chevrières, recteur de l'Aumône de Romans en 1307 et de l'hôpital Sainte-Foy en 1316, et Ponson de Chevrières, châtelain de Fiansayes et de Riousset en 1361 ; et de Clérieu en 1366, consul de Romans en 1371, ensuite courrier de la Ville et garde de la Monnaie, qualifié conseiller delphinal en 1388, était son frère. Ayant pris le grade de docteur ès lois, il s'établit jurisconsulte à Romans, où il se posa aussitôt en partisan du Dauphin, qui cherchait à implanter son autorité dans cette ville, au détriment des droits de l'archevêque de Vienne et du chapitre de Saint-Barnard ; puis, sa situation y étant, à cause de cela, devenue difficile, il se réfugia auprès de ce prince, qui se l'attacha tout à fait en le faisant asseoir dans le Conseil delphinal.
C'est le 6 avril 1340 que Rodolphe de Chevrières prit place dans ce tribunal suprême, dont le siège fut transféré de Saint-Marcellin à Grenoble, quatre mois plus tard, et qui devint en 1453 le parlement de Dauphiné, et il en faisait encore partie en 1363, date à laquelle il était, en outre, juge de la cour majeure du Viennois et de la terre de la Tour. De plus, le titre de Legum professor, qu'il prend en 1342, permet de croire qu'il enseigna le droit à l'université de Grenoble, tout en siégeant dans le Conseil delphinal. Mais ce qu'il importe de rappeler surtout, c'est la part qu'il prit à l'établissement de la puissance delphinale dans une ville qui n'avait été soumise jusque-là qu'à la puissance ecclésiastique. Bien qu'il ne figure que comme témoin dans l'acte par lequel le dauphin Humbert II appela au pape de l'excommunication lancée contre lui par l'archevêque de Vienne, à cause de ses entreprises sur la ville de Romans (23 juin 1341), c'est vraisemblablement notre magistrat romanais qui dicta cet acte, aucune autre personne de l'entourage de ce prince n'étant aussi familiarisée que lui avec tous les détails de cette querelle. L'an suivant {185}et le 27 février, les Romanais, réduits à merci, étant assemblés au nombre de près de deux mille dans l'église des Cordeliers, pour y recevoir la loi du vainqueur, on le voit à leur tête et il fut assez habile pour leur faire accepter par acclamation les conditions exorbitantes imposées par le Dauphin. Enfin, la charte de libertés que ce dernier accorda, séance tenante, aux Romanais devenus ses sujets, en retour de leur soumission, fut en grande partie son œuvre, et l'on sait encore qu'il fut pour beaucoup dans l'accord que le Dauphin, son maître, fit avec le comte de Valentinois, le 17 août 1343, au sujet de la baronnie de Clérieu, voisine de Romans.
En un mot, Rodolphe de Chevrières fut un des artisans de la puissance delphinale et, par cela même, un ouvrier indirect de notre unité nationale. Il convient d'autant mieux de le retenir, que le roi Charles V ne l'oublia pas, ainsi que le prouve la remise qu'il fit, le 21 novembre 1360, à Rodolphe et à Ponce de Chevrières, d'une somme de 700 florins qu'ils lui devaient en qualité d'héritiers de Pierre Fabre, en son vivant maître des monnaies delphinales, ladite remise étant faite, disent les lettres royales, en récompense des bons et loyaux services rendus au roi et à ses prédécesseurs par Rodolphe de Chevrières, son fidèle conseiller.
Ce personnage, qui dut mourir aux environs de 1370, fut enterré dans une chapelle de Sainte-Madeleine, qu'il avait fondée de concert avec son frère Ponson, dans l'église des Cordeliers de Romans, et, faute d'enfants, ses biens passèrent à sa nièce Philippine de Chevrières, dont le mari, Jean de Dieulefit, de Crest, institua en 1405, dans cette chapelle de Sainte-Madeleine, une messe quotidienne, pour laquelle il laissa une pension d'un gros d'or par semaine.
#P.-E. Giraud, Hist. de Romans, ii, 146, 169. - Arch. de l'Isère, B, 2844. - Bull. d'Archéol., ii, 152 ; iii, 148. - Arch. hosp. de Romans, i, B, 3, 4 ; iv, B, 17. - Dr Chevalier, Armorial, 51. - Arch. de la Drôme, E, 3587, 3603. - Valbonnais, ii, 408, 434, 441, 552. - Morin-Pons, Num. du Dauph., 128, 129.




Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901

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