CLÉMENT (Félix)
CLÉMENT (Félix)), peintre, né à Donzère, le 20 mai 1826, d'Hilaire Clément et de Mélanie Guérin, ayant manifesté de très bonne heure des dispositions remarquables pour la peinture, entra, en 1843, à l'Ecole des Beaux-Arts de Lyon. Au bout d'un an, il y obtenait une médaille pour figure d'après l'antique, et, trois ans plus tard, il y remportait le 1er prix de peinture, ce qui fit porter à 1,100 francs le secours que le Conseil général de la Drôme lui votait depuis 1845. Entré à Paris, dans l'atelier de Drolling, au mois de février 1848, il suivit naturellement, en outre, les cours de l'Ecole des Beaux-Arts et envoya, dès les premières années, au Conseil général de la Drôme, une copie des Enfants d'Edouard, de Paul Delaroche, qui fait encore partie du musée de Valence ; mais il faillit perdre l'appui de ce conseil, l'an d'après, en ne lui envoyant qu'une esquisse d'un Régulus partant pour Carthage ; que des artistes seuls étaient capables de bien apprécier. Enfin, en 1856, il remporta le premier grand prix de Rome, avec un Retour du jeune Tobie, et se fit remarquer en 1858 par un Enfant dessinant sur un mur la silhouette de son âne, à propos duquel Edmond About dit que cet enfant était évidemment le fils d'un homme d'esprit. La Sieste, dame romaine endormie, son troisième envoi de Rome, obtint également tous les suffrages, à commencer par celui de Théophile Gautier, qui appela ce tableau " un excellent morceau de peinture ", et si La Mort de César, son quatrième envoi, éprouva bien des vicissitudes, à cause des dimensions peu ordinaires de la toile - 4m30 sur 7m50 -, et surtout parce qu'on y vit une allusion politique, il n'est pas moins l'œuvre d'un maître et de beaucoup un des plus beaux tableaux du musée de Valence.
Revenu de Rome, Félix Clément partit pour l'Egypte, qu'il habita six ans (1862-1868), et où il fit quelques portraits et d'autres bons tableaux, dont plusieurs, tels que L'Abyssinienne et Le chariot égyptien, figurèrent avec honneur dans nos expositions. Malheureusement il y passa la plus grande partie de son temps à décorer de peintures le palais du prince Halim, le dernier fils de Méhémet-Ali, et ce fut là pour lui une source de déceptions et d'ennuis : car ce prince, qui aspirait au trône khédivial, voulut le mêler à un complot contre le khédive, et Clément s'étant récusé, il refusa alors de s'acquitter vis-à-vis de lui, d'où une série de procès, que notre peintre gagna, mais qui ne le firent pas, quand même, payer, si bien qu'il dut, en fin de compte, céder pour peu de chose sa créance à un grec.
De retour en France, Clément fut chargé, en 1872, par le gouvernement de faire une copie des fresques de Mantegna au couvent des Hérémitains de Padoue, puis, appelé à réorganiser la section de peinture dans l'Ecole des Beaux-Arts de Lyon, qu'il dirigea pendant trois ans, au bout desquels il vint habiter Paris. Or, là il put constater qu'on l'avait un peu oublié pendant qu'il était sur les bords du Nil ; car bien qu'exposant chaque année quelques bons tableaux, parmi lesquels il convient de distinguer le portrait de Mgr Sibour, archevêque de Paris, et celui de Mistral, qui est au Musée de Marseille, il n'arriva pas à se faire une place en rapport avec son talent, ce qui ne l'empêcha pas de travailler toujours beaucoup, jusqu'à ce qu'il eût été terrassé par la {192}maladie qui le minait et pour le soulagement de laquelle on l'envoya passer l'hiver en Algérie. C'est là qu'il mourut le 2 février 1888, ayant institué le musée de Valence héritier de ses tableaux et du château de Donzère, qu'il avait acheté et restauré pour y passer chaque année quelques mois. Seulement cet héritage n'a pu être accepté à cause des conditions imposées. Conformément à son désir, Félix Clément, a été inhumé dans le cimetière de son bourg natal.
BIO-BIBLIOGRAPHIE. - Félix Clément, peintre d'histoire par Maurice Champavier. Valence, Céas, 1888, in 8º.
#Lacroix, L'Arrond. de Montélimar, iii, 354. - Bull. d'Archéol., xiv, 72. - Moniteur du 10 oct. 1858 et du 31 mai 1861. - Etc.
Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901
Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne
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