CLÉRIEU (Roger)



CLÉRIEU (Roger II de), fils puîné de Roger Ier et, conséquemment, neveu du précédent, est bien le membre le plus connu de sa famille, à cause de ses différends avec le roi saint Louis partant pour la croisade (1248). Bien qu'ayant un frère aîné appelé Guillaume et surnommé Gratepaille, il participa, dès la mort de son père, à la seigneurie de Clérieu, ainsi que le prouvent différents actes, un notamment, en date du mois de septembre 1221, par lequel Raymond de Charmes soumit à son fief la terre de Veaunes. Indépendamment de cela, les deux frères intervinrent, en 1246, dans l'accord que les chanoines de Romans firent avec le Dauphin, touchant les biens par eux acquis des Archingaud, des Mélioret et des Barnard, dans le mandement de Peyrins, et, en un mot, le seul acte a notre connaissance, dans lequel le nom de Guillaume Gratepaille ne soit pas accolé à celui de son frère, est une sentence arbitrale du 2 juin de l'an 1247, par laquelle Robert, évêque de Gap, et lui, décidèrent que la seigneurie de la ville d'Embrun serait commune entre l'archevêque et le Dauphin, et encore Roger de Clérieu figure-t-il comme témoin dans cet acte. Par contre, ce dernier, qui fut un des personnages les plus importants du Dauphiné, intervint en même temps que Giraud Bastet, seigneur de Crussol, dans les différends de Guillaume de Savoie, évêque de Valence, avec les habitants de cette ville, ces derniers s'étant soulevés contre le prélat et organisés en commune indépendante. C'est même dans son château de la Roche-de-Glun que le traité de paix fut conclu, le 23 octobre 1229, et le fait d'être intervenu ensuite, plus d'une fois, dans les arrangements des communes avec leurs seigneurs, notamment dans une reconnaissance des libertés et franchises des habitants de Grenoble, par l'évêque de cette ville et par le Dauphin, le 1er août 1244, et, sept ans plus tard, dans l'engagement que ce dernier prit de ne jamais augmenter les impôts dans certaines localités de l'Oisans, justifie bien l'épithète de " sorte de grand seigneur libéral " que lui donne A. de Gallier. {196}Il est aussi, de toute évidence, qu'il ne mérite pas la réputation de " méchant homme, qui rançonnoit tous ceux qui passoient par là, sans en excepter les pèlerins ", que lui ont faite les historiens de la septième croisade. Seigneur de la Roche-de-Glun et, par cela même, possesseur d'un péage concédé à ses ancêtres par les empereurs germaniques, ainsi qu'on l'a vu (V. Clérieu (Silvion II de)), il était, en effet, rigoureusement en droit d'exiger une redevance des croisés lorsqu'ils passèrent, descendant le Rhône, sous les murs de son château en 1248, et si le roi saint Louis, au lieu d'acquitter cette redevance, mit le siège devant le château de la Roche-de-Glun et, l'ayant pris, avec l'aide du comte de Valentinois, ce vieil ennemi des Clérieu, ne le rendit à Roger qu'après l'avoir démantelé et sous promesse de renoncer à son droit de péage, il se prévalut tout simplement en cette circonstance de la raison du plus fort ; si bien que, en dépit des promesses alors arrachées par la violence, le droit de péage contesté n'en fut pas moins levé ensuite jusqu'au siècle dernier. Quant à l'intervention du comte de Valentinois dans cette affaire, elle entraîna une guerre avec le Dauphin, qui, pour venger le seigneur de la Roche-de-Glun, son vassal, força le bourg de Saint-Nazaire-en-Royans et s'empara de Rochebrune, possessions du comte, que ce dernier ne recouvra, au bout de quelque temps, qu'en acceptant de reconnaître la suzeraineté delphinale pour certaines terres jusque-là possédées par lui en franc-alleu.
Après cela, il n'est plus question de Roger de Clérieu qu'en 1252, date à laquelle on le voit siéger dans une cour tenue à Romans, par Jean de Bernin, archevêque de Vienne, pour la conclusion d'une paix entre le Dauphin, Raymond de Mévouillon et Raymond d'Agoult, et il y a, du reste, tout lieu de croire qu'il mourut cette année-là, car on voit que Silvion, son fils aîné, qui était bailli des montagnes du Dauphiné du vivant de son père, lui avait succédé, dans la seigneurie de Clérieu, au mois de septembre 1253.
#De Gallier, Essai sur... Clérieu, 42. - Chorier Hist. gén., ii, 108, 128, 133. - Cart. de Romans, etc., 372. - Valbonnais, i, 22. - A. Duchesne, Hist. des comtes d'Albon, pr., 17. - Cartul. homm. Clayriaci, 90. - Roman, Tabl. hist. des Hautes-Alpes, ii, 79. - Etc.




Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901

Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne

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