CLÉRIEU (Guillaume de)



CLÉRIEU (Guillaume de)), fils puîné du précédent et son successeur, se destina d'abord à l'Eglise et fut pour vu, vers 1165, de l'abbaye de Saint-Félix de Valence et de la sacristie de Saint-Barnard de Romans, riches bénéfices auparavant possédés par un autre Guillaume de Clérieu, son oncle, qui le faisaient le premier dignitaire du chapitre de Romans et le troisième du chapitre cathédral de Valence. Seulement, comme il n'était probablement pas engagé encore dans les ordres d'une manière définitive, quand mourut son frère aîné, il s'empressa de rentrer dans la vie laïque pour recueillir la succession paternelle et se maria. Bien mieux, une charte de l'an 1194, par laquelle il donna à l'abbaye de Léoncel le petit monastère de la Part-Dieu, fondé, quelques années auparavant, non loin de Pisançon, sur des terres qui relevaient de son fief, offre cette singularité qu'il y est question de sa femme, Aalis, comme s'associant à lui pour faire cette donation, alors qu'il y est dit que le cimetière du monastère donné avait été béni par lui ; ajoutons qu'il ne laisse pas de prendre dans cet acte le titre d'abbé : Willelmus abbas de Clariaco. Mais, ce qui caractérise surtout l'homme et, dans une certaine mesure, le temps, c'est que ce Guillaume de Clérieu qui, étant ecclésiastique, avait été généreux pour l'Eglise, donnant, par exemple, deux vignes aux religieux de Saint-Ruf, en 1178, et dotant, sept ans plus tard, ceux de Léoncel de droits et de privilèges dans ses domaines, entendit garder, une fois marié, les bénéfices ecclésiastiques dont il avait été pourvu, et qu'il ne fallut rien moins que l'intervention de l'archevêque de Vienne, des évêques de Valence et de Die et de tout le chapitre de Saint-Barnard, pour le décider à renoncer à l'office de sacristain de ce chapitre et aux dîmes des paroisses de Samson et de St-Mamans ; étant entendu qu'il conserverait, sa vie durant, les revenus qu'il avait de ce chef dans l'intérieur de Romans (29 octobre 1196).
A part cela, notre seigneur de Clé{195}rieu joua deux rôles fort différents dans l'histoire de sa famille ; car, tandis que, par le fait de transactions dont les monuments ont péri, il trouva moyen de sour ettre à son fief nombre de seigneuries, telles que celles de Montchenu, de Margès, de Claveyson et de Croze, il ne sut pas conserver son indépendance féodale. Ayant à la défendre contre les entreprises des Dauphins et celles des comtes de Valentinois, ses deux puissants voisins, il fit, en effet, en 1191, avec la dauphine Béatrix, un traité aux termes duquel il s'engageait à reconnaître la suzeraineté delphinale, non seulement pour Clérieu, mais pour tout ce qu'il possédait, tant en Vivarais qu'en Dauphiné, remettant aussitôt, comme gage de sa parole, aux officiers de cette princesse, son château de Larnage, et la Dauphine s'engageant, par contre, à le garantir des attaques des comtes de Valentinois.
A en croire Chorier, cette princesse lui aurait encore donné la terre de la Roche-de-Glun en fief rendable ; mais ce doit être une erreur, car il semble que cette terre appartint de tout temps aux Clérieu, et tout porte à croire qu'il y eut alors tout simplement reprise de fief, c'est-à-dire que la Dauphine ayant reçu de Guillaume la terre de la Roche, comme témoignage de vassalité, la lui rendit, après avoir un moment fait flotter sa bannière sur le château. C'est là tout ce que nous savons sur ce seigneur de Clérieu, qui paraît être mort dans les premières années du xiiie siècle, sans laisser d'enfants, et dont les biens passèrent conséquemment à son frère Roger, seigneur de la Voulte, qui n'est guère connu que par des actes sans importance et d'ailleurs antérieurs à la mort de son frère.
#De Gallier, Essai sur... Clérieu, 33. - Cart. de Léoncel, ch. 33, 53, 54. - Chorier, Hist. gén., ii, 77. - Cart. de Romans, ch. 371.




Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901

Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne

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