CLÉRIEU (Silvion)



CLÉRIEU (Silvion II de), que le chroniqueur Radewich appelle Magnus Silvio princeps et præpotens de Claria, peut être considéré comme le fondateur de la puissance féodale des barons de son nom, en ce sens qu'il est le premier qui ait affirmé son indépendance d'une manière nette et précise et qui l'ait fait reconnaître. Fils de Guillaume, petit-fils d'Adon et arrière-petit-fils d'un autre Silvion de Clérieu, qualifié magnificus vir dans une charte de l'an 994, il eut naturellement, comme ses ancêtres, plus d'une querelle avec les chanoines de Saint-Barnard de Romans, dont les possessions étaient limitrophes des siennes : d'abord, à cause du manse de la Bouverie, que son trisaïeul avait usurpé sur eux, du temps de l'archevêque de Vienne Sobon (927-949) ; puis, à cause des murailles que ces chanoines élevèrent alors, malgré lui, autour de la ville de Romans, et pour d'autres causes encore. Mais toujours on finit par s'entendre et même il y eut alliance entre eux, par crainte d'un ennemi commun, le comte d'Albon, dont l'envahissante puissance était une menace pour tous.
On peut se convaincre de cette disposition d'esprit de Silvion II, en voyant qu'il fut un des premiers seigneurs de la région à reconnaître l'autorité de l'empereur Conrad le Salique, héritier du dernier roi d'Arles. Au lieu d'attendre, comme la plupart des autres, l'arrivée de l'empereur germanique dans son nouveau royaume, pour lui faire acte d'obédience, il se rendit, en effet, à Worms en 1151, et l'on s'explique bien vite cet empressement par ce fait, qu'il rapporta de cette ville une bulle, en date du 16 septembre, l'affranchissant de la domination du comte d'Albon, en même temps qu'elle l'investissait de la seigneurie de Clérieu et de tous ses autres biens, augmentés par l'empereur d'un droit de péage à percevoir à Confolens, sur l'Isère, et à la Voulte, sur le Rhône, pour posséder le tout en pleine liberté, sous la suzeraineté impériale.
Deux ans après (1153), Frédéric Barberousse ayant succédé à Conrad, Silvion de Clérieu retournait à Worms, pour obtenir du nouvel empereur une nouvelle inféodation directe, ce qui se fit sans peine et même avec menace d'une amende de cent livres d'or, {194}pour quiconque troublerait le seigneur de Clérieu dans ses possessions. Après quoi il accompagna l'empereur à Romaglia en Lombardie, et nous le voyons au mois d'octobre 1157, siéger à Besançon, parmi les grands feudataires du royaume de Bourgogne, quand le même empereur reçut dans cette ville l'hommage des évêques et de la haute noblesse de ce royaume. Mais, ainsi que le remarque A. de Gallier, le savant historien de la baronnie de Clérieu, la vie politique de Silvion II s'arrête là ; car, revenu dans ses terres, il ne s'en éloigna plus. Or, en véritable baron féodal, il recommença naturellement alors ses vieilles querelles avec les chanoines de Romans, qui n'avaient pas cessé de fortifier leur ville, pour se mettre à l'abri de ses convoitises, et cela d'autant plus, qu'il fut de tout temps un usurpateur de biens ecclésiastiques, non seulement sur les bords de l'Isère, mais encore en Vivarais, où il avait la seigneurie de la Voulte et d'autres terres ; notamment dans le voisinage de Glun, dont le prieuré dit de N.-D. de la Mure, fut dépouillé par lui et par un seigneur Arnaud de Crest, à ce que nous apprend un bref du pape Luce II à l'évêque de Valence, Jean, qui paraît être de 1144. Et il en fut ainsi jusqu'à sa mort, qui doit être placée entre 1160, date d'un accord qu'il fit avec les chanoines de Romans, par la médiation d'Etienne, archevêque de Vienne, et 1190.
Marié dès 1130 avec Mételine, qui vivait encore en 1150, puis avec Arthaude, que l'on croit être une fille ou une sœur d'Arnaud de Crest, seigneur de Durtail en Vivarais, Silvion II de Clérieu, eut trois fils, dont l'aîné, appelé comme lui Silvion, le précéda dans la tombe, et dont les deux autres, Guillaume et Roger, furent successivement seigneurs de Clérieu.
#De Gallier, Essai historique sur la baronnie de Clérieu, 21 et suiv. - Radewich ap., Muratori, Rerum Italic. script. VI. col. 750. - Cartulaire de Romans, ch. 277, 294, 304, 377 ; I, p. 321. - Chorier, Hist. gén., 57. - Cartulaire de Saint-Chaffre, ch. 410. - Etc.




Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901

Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne

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