CLÉRIEU (Guillaume-Graton de)



CLÉRIEU (Guillaume-Graton de)), fils aîné du précédent, hérita de son père les châteaux et mandements de Clérieu, Chantemerle, Miribel et Pisançon et quantité d'autres terres, et se trouva être de ce fait un des plus grands seigneurs du Dauphiné. Or, il le fut encore bien davantage par les charges et les emplois qu'il occupa et les missions qu'il remplit. Après avoir été un peu d'Eglise, comme cela était presque de tradition chez les Clérieu, il fut, en effet, bailli du Viennois-Valentinois, du vivant de son père, et si on ne le trouve ensuite mêlé, pendant quelque temps, qu'à des affaires d'un intérêt secondaire, il en est tout autrement à partir de 1308, date à laquelle il contraignit, en qualité d'arbitre, Hugues de Bressieux, doyen de la métropole de Vienne, à se démettre de cette charge, comme étant l'instigateur du meurtre du courrier archiépiscopal, Antelme de Miribel. Car, il fut envoyé, peu de temps après, conjointement avec Guigues Alleman et Béraud de Mercœur, connétable de Champagne, auprès du roi Philippele-Bel, pour le prier d'intervenir en vue de la paix dans les différends du Dauphin avec le comte de Savoie, ambassade solennelle qui n'aboutit qu'à la continuation de la trêve. Etant ensuite allé de l'autre côté des Alpes, pour quelque autre mission, il fut té{198}moin, en 1310, de l'investiture accordée au comte Amé le Grand, par Henri de Luxembourg, roi des Romains, pour le comté de Savoie et les duchés de Chablais et d'Aoste ; puis, aida à la conclusion d'un traité d'alliance entre Philippe de Savoie, prince d'Achaïe, et Guy de Montauban, frère du Dauphin, traité qui donnait à ce dernier un allié dans la famille même du comte de Savoie (10 février 1311). Trois ans et demi plus tard, il confirmait, en qualité de bailli du Valentinois et du Diois, les libertés et franchises municipales des habitants de Die ; mais le rôle qu'il joua en tant que conseiller du Dauphin est plus grand encore. Ayant accompagné, en 1317, Jean II à Avignon, il fut, en effet, un des négociateurs du traité qui régla les droits d'Anne de la Tour, fille de Guy, baron de Montauban, et femme de Raymond, prince d'Orange, et ce dauphin, qui mourut en revenant dans ses Etats, le désigna, en même temps que le comte de Genève et Geoffroy de Clermont, pour exercer la régence en Dauphiné, à défaut de son frère Henri, évêque de Metz.
Guigues VIII ayant succédé à son père, Guillaume-Graton de Clérieu fut chargé, en 1320, de négocier une paix avec les représentants du comte de Savoie ; puis il accompagna ce dauphin à Vienne pour la prestation d'hommage à l'archevêque de cette ville, et la guerre s'étant ensuite réveillée entre le Dauphiné et la Savoie, il y prit une part des plus actives conjointement avec son cousin, le comte de Valentinois, jusqu'à ce qu'une mauvaise fortune voulut qu'ils fussent tous les deux faits prisonniers. C'était en 1321, et ce n'est qu'au mois de mars 1323 que ces deux champions des Dauphins furent rendus à la liberté, parce qu'il fallut payer 8,000 florins, soit environ 230,000 fr. de nos jours, pour leur rançon, et que ce n'est pas sans difficultés qu'on trouva cette somme. Elle dut même être entièrement payée par le comte de Valentinois, et c'est en grande partie pour cela que Graton de Clérieu, testant le 18 août suivant, institua Guillaume de Poitiers, seigneur de Saint-Vallier, héritier de tous ses biens, dans le cas où son frère Guichard mourrait sans enfants, ainsi que cela arriva. Disons de plus que, parent des Dauphins par les Poitiers et des comtes de Forez par les sires de Beaujeu, Graton fut plus d'une fois arbitre de leurs différends, et qu'après avoir été garant de la dot d'Alix de Viennois, fille du dauphin Humbert Ier, lorsqu'elle épousa Jean, comte de Forez (1296), il fut caution de la somme que les Etats du Dauphiné empruntèrent, en 1325, pour faire la guerre au comte de Savoie.
#De Gallier, Essai sur... Clérieu, 65. - Chorier, Hist. gén., 208, 230, 238, 251. - Valbonnais, ii, 154, 173. - Guichenon, Hist. de Savoie, i, 319, 359. - Cart. de Die, p. 100. - Cibrario, Storia di Savoia, i, 330. - Etc.




Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901

Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne

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