CLERMONT (Philibert de)



CLERMONT (Philibert de)), seigneur de Montoison, " le brave Montoison ", comme l'appellent les historiens, naquit vraisemblablement dans le lieu dont il a illustré le nom et dont les Clermont acquirent la seigneurie, vers 1350, par le fait du mariage de Geoffroy II avec Isabelle de Montoison, fille et héritière de Guillaume, seigneur dudit lieu ; car cette seigneurie appartenait depuis une quinzaine d'années à Claude de Clermont, père de Philibert, lorsqu'il se maria avec Jeanne de Grolée, en 1451, et ce seigneur fit toujours du château de Montoison sa résidence la plus ordinaire.
Brantôme, qui a compris " M. de Montoison " parmi ses " hommes illustres et grands capitaines françois ", dit qu " il servit très bien ses roys aux guerres de Picardie, de Bretaigne, de Naples et de Lombardie et qu'il estoit compaignon de M. de Bayard, mais bien plus vieux et cassé, car il avoit desjà eu une compaignie de gens d'armes au voyage du petit roy Charles à Naples " ; après quoi il raconte que " aucuns vieux romans {199}qui ont voulu louer ce bon capitaine, l'appeloient un vray Esmerillon de guerre ", ce qui veut dire que le seigneur de Montoison fut un héros populaire. On sait par d'autres auteurs, qu'il fut capitaine de cinquante lances des ordonnances, sénéchal de Valentinois et Diois, chambellan des rois Charles VIII et Louis XII, enfin lieutenant général de l'armée de ce dernier roi, à Ferrare ; et le Loyal Serviteur, qui parle souvent et longuement de notre guerrier dauphinois dans son histoire du Chevalier sans peur et sans reproche, le fait toujours avec une respectueuse admiration. Il nous apprend, par exemple, que c'est avec l'agrément de " Monseigneur de Montoison ", que Bayard tenta d'enlever le pape Jules II, entre Saint-Félix et la Mirandole, pendant le siège de cette dernière ville par les troupes pontificales (1510) ; puis, tout en faisant naturellement la plus belle part à son héros, que Philibert de Clermont contribua puissamment à la victoire de la Bastide ou la Bastia Genivole, qui amena la délivrance de cette place et fut le salut du duc de Ferrare, notre protégé. En résumé, on voit un peu partout que Montoison se fit remarquer par sa bravoure dans toutes les entreprises militaires auxquelles il prit part ; mais tout ce qu'il a pu faire ailleurs s'efface devant sa conduite à Fornoue (5 juillet 1495), où il commandait l'arrière-garde de l'armée française et où, sur le cri : A la rescousse Montoison ! jeté par le roi Charles VIII dans un moment critique, il s'élança à la tête de ses troupes et sauva, suivant les uns, ce prince qui s'était imprudemment engagé ; suivant d'autres, l'armée qui faiblissait devant des forces supérieures ; en tout cas, nous assura ainsi la victoire. C'est là ce qui a fait du guerrier dauphinois un héros presque légendaire et ce dont les Clermont-Montoison s'attachèrent à perpétuer le souvenir, en prenant pour devise le cri de Charles VIII : A la rescousse Montoison !
" Le gentil seigneur de Montoison ne vesquit guières après ceste gaillarde bataille de la Bastide, car une fiebvre continue l'empoigna, qui ne le laissa jusqu à la mort, ...ce qui fut gros dommage et y feit France lourde perte ", dit encore l'historien de Bayard. Complétons le renseignement en disant que Philibert de Clermont mourut à Ferrare, le 20 mars 1510, mais que son corps ayant été ramené à Montoison, y fut inhumé, et que n'ayant pas eu d'enfants de son mariage avec Marie de Dreux, fille de Louis, dit Perceval, seigneur de Pierrecourt, épousée en 1501, il laissa ses biens à son frère puîné, Antoine de Clermont, chanoine de Valence et abbé de Saint-Thiers de Saoû ; enfin, que ce dernier étant devenu ainsi seigneur de Montoison, terre qu'il laissa en mourant à son neveu Claude, fonda en l'église paroissiale de ce lieu et dans la chapelle de Saint-Sébastien, trois messes quotidiennes, dont une chantée, pour le repos de l'âme du brave Montoison.
#Biogr. Dauph., i, 255, - Chorier, Hist. gén., ii, 499, 510. - Anselme, Hist. gén. de France, viii, 919. - Brantôme, Œuvres, éd. Buchon, i, 212. - Hist. de Bayart, par le Loyal Serviteur, ch, 43, 44 et 45 - Arch. de la Drôme, E, 464, 465.




Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901

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