COSTE (Jacques)



COSTE (Jacques)), comte de Charmes, magistrat que Chorier (Estat. pol., iii, 212), voudrait faire descendre de Pedanius Costa, " un de ceux que Galba avoit désignés pour estre consuls ", était de Romans et d'une vieille famille, qui, bien qu'ayant fourni un chevalier à l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem, en 1460, n'était pas encore tenue pour noble à la fin du xvie siècle. Car, François Coste ayant été nommé auditeur en la Chambre des comptes {215}de Dauphiné, le 24 décembre 1592, les consuls de Romans et de Valence, villes dans lequelles il était possessionné s'opposèrent énergiquement à sa réception, à cause de l'exemption des tailles qui en devait résulter pour lui, et ce n'est qu'à la suite d'un accord, aux termes duquel il s'engageait à payer quand même ses tailles, que ces magistrats municipaux renoncèrent à leur opposition. Or, Jacques Coste était le fils de ce François, qui acquit en 1606 la seigneurie de Peyrins, donna en 1610, une somme de 1,000 liv. pour la fondation des Capucins de Romans et légua, par testament en date du 20 juillet 1618, 6,000 livres à l'Aumône générale de cette ville ; sa mère était Bonne de Costaing, qui fonda en 1620 le couvent de Sainte-Claire de Romans, et le 12 janvier 1624, une messe à dire tous les dimanches, dans les prisons de la ville.
Ayant étudié le droit et pris le grade de docteur en l'université de Valence où il s'engagea ensuite à lire l'Institute, sans autres gages que la remise des impôts qu'il payait dans cette ville (15 septembre 1593), Jacques Coste fut pourvu, le 24 janvier 1627, de la charge de conseiller au parlement de Grenoble, sur résignation de son oncle, François des Portes, et c'est en cette qualité qu'il fut mêlé, dix-sept ans plus tard, à une affaire dont les tristes conséquences eurent d'heureux résultats pour lui. C'était le 13 août 1644 : une émeute dont nous parlerons plus au long à l'article Ducros (Pierre), ayant éclaté à Valence à propos de la cherté des vivres, le futur surintendant des finances Nicolas Fouquet, qui était alors intendant du Dauphiné, se rendit aussitôt sur les lieux accompagné de deux membres du Parlement, dont Coste ; et comme ils s'en retournaient de nuit, croyant avoir mis fin à l'effervescence populaire, une foule furieuse, composée en grande partie de femmes, arrêta leur carrosse à la sortie de la ville, assomma le conseiller Ducros, qui fut ensuite dépouillé et jeté au Rhône, blessa Coste et s'empara des papiers de l'intendant, qui ne s'échappa qu'avec peine, en compagnie de ce dernier. Ce fut, tout à la fois, une cause de disgrâce pour Fouquet, accusé d'impéritie et d'imprévoyance, et pour notre conseiller le point de départ de relations assez étroites, avec le futur surintendant, pour que celui-ci, arrivé au faîte de la fortune, ait fait créer, à son profit, une charge de président au parlement de Grenoble, charge à laquelle il fut nommé le 15 février 1659, dont il fut mis en possession le 1er mars suivant, et qu'il conserva jusqu'à sa mort arrivée à Grenoble, le 26 mars 1676. Cette nomination acheva de faire un très grand seigneur, de Jacques Coste, dont la femme était une Simiane-Treschenu, c'est-à-dire appartenait à une des plus illustres familles du sud-est de la France, car il avait obtenu au mois de novembre 1652, l'érection en comté, sous le nom de Charmes, des terres de Charmes, Saint-Donat, Bren, Bathernay et Saint-Muris, par lui acquises de la maison d'Hostun. De plus, ses relations avec Fouquet en faisaient un des membres les plus importants du parlement de Grenoble, à ce que nous apprend Chorier, qui raconte, dans ses Adversaria, que c'est grâce à lui que ce Parlement obtint en 1659 la suppression de la Cour des aides de Vienne ; et son mérite n'était pas, paraît-il, au-dessous de sa fortune, car le même Chorier l'appelle " un des plus judicieux et des plus entiers magistrats de France ", et l'intendant Bouchu dit de lui, dans des notes qui devaient rester secrètes : " Charmes, homme d'honneur, sachant bien son mestier, a l'esprit chagrin et ne s'accommode pas de toutes sortes de gens, a du crédit dans sa compagnie, est suivi dans ses sentiments pour avoir vielly dans le Parlement. "
Sa mère, Bonne de Costaing, ayant fondé, ainsi que nous l'avons dit, le couvent des Clarisses de Romans, Jacques Coste revendiqua, en 1645, le titre de fondateur de ce monastère, avec tous les droits qui y étaient at{216}tachés, entre autres celui de s'y faire inhumer, et, pour les dames et demoiselles de sa famille, celui de s'y retirer quand bon leur semblerait. Or, le seul membre de sa famille qui ait profité de ce dernier droit est sa veuve Marie-Françoise de Simiane, qui y mourut le 2 octobre 1686.
#Dr U. Chevalier, Arch. de Romans, 62, etc. - Arch. de Valence, BB, 12, et CC, 45. - Inv. Arch. de l'Isère, ii, 14 et 31. - Chéruel, Mém. sur Fouquet, i, 5. - Bull. Acad. delph., 3e série, iii, 438. - G. Depping, Corresp. Adm. de Louis XIV, ii, 80. - Bull. Archéol., v, 301. - Etc.




Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901

Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne

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