CURNIER (Jean-Charles-Antoine)



CURNIER (Jean-Charles-Antoine)), magistrat et administrateur, né à Crest le 17 mars 1751, d'Antoine Curnier, procureur originaire de Lachau dans les Baronnies, et de Jeanne-Françoise Gailhard, était avocat à la sénéchaussée de sa ville natale quand éclata la Révolution. L'ayant accueillie avec faveur, il fut un moment maire de Crest, puis fit partie de l'assemblée de Chabeuil (mai 1790) et représenta ensuite le canton dans l'administration départementale de la Drôme (septembre 1791). Chargé ensuite de l'organisation du Comtat-Venaissin qui venait d'être annexé à la France, Curnier fut élu, bientôt après commissaire national près le tribunal de Vaucluse, en même temps que juge au tribunal de sa ville natale. Ayant opté pour la première de ces deux charges, il la conserva dix-huit mois, au bout desquels, il fut destitué par le représentant Maignet, comme modéré, puis mis en prison (13 floréal an II).
Il semblait donc destiné à l'échafaud quand le coup d'Etat de thermidor lui rendit la liberté. Devenu alors secrétaire du représentant Goupilleau, il était accusateur public près le tribunal criminel de Vaucluse, quand les membres de l'ancien tribunal révolutionnaire d'Orange y furent jugés, et c'est conséquemment lui qui requit contre eux, la peine de mort, le 20 juin 1795, disant que " depuis que les hommes sont réunis en société, la justice n'avait pas eu à se prononcer sur de plus grands coupables. "
Quelques mois après, il était nommé commissaire du Gouvernement près le tribunal civil de Valence, fonctions qu'il échangea, le 20 germinal an IV, contre celles de commissaire du Directoire exécutif près l'administration centrale du département. Or, en prenant possession de ce dernier poste J.-Ch.-A. Curnier déclara que, " républicain par goût et par caractère..., il ferait tous ses efforts pour maintenir le Gouvernement adopté et ne se contenterait pas pour cela de prêcher l'exécution des lois, mais aurait la force de les faire exécuter ". Et de fait, il se tint toujours à égale distance des monarchistes et des terroristes, ce qui le mit en telle opposition avec ceux des membres de l'Administration départementale qui s'inspiraient des traditions jacobines, notamment avec son compatriote Daly (V. ce nom), qu'il en résulta, entre eux, une lutte ouverte à la suite de l'internement du pape Pie VI à Valence. Car, tandis que Daly et trois de ses collègues, non contents d'avoir pris, le 24 messidor an VII, un arrêté qui empiétait sur les attributions du commissaire du Directoire, en prescrivant des mesures " pour empêcher que le séjour du ci-devant pontife de Rome ne serve dans ce département d'aliment au fanatisme ", s'attachèrent ensuite à rendre plus pénible la situation de l'auguste prisonnier, Curnier, au contraire, s'efforça toujours de concilier tous les égards dus au malheur avec les obligations de sa charge. Il en arriva même à se plaindre au Directoire de ce que les membres de l'Administration centrale avaient pris cet arrêté prescrivant des mesures vexatoires pour le Souverain Pontife ; et, de là des dénonciations et des plaintes qui l'amenèrent finalement à donner sa démission, le 20 thermidor an VII (7 août 1799). Or, bien que démissionnaire, Curnier fut encore en butte aux plus violentes attaques de la part de ses ennemis, qui l'accusèrent de malversations et de concussions dans un pamphlet anonyme, œuvre de Daly, intitulé : Lettre d'un {230}républicain de la Drôme à ses amis de Paris, où se trouvent en outre des couplets injurieux dans lesquels il est appelé le " Souwarou du département " ; et même après qu'une longue et minutieuse enquête eut démontré que les accusations portées contre lui manquaient de fondement, il ne fut pas à l'abri de certaines attaques, auxquelles il répondit en publiant un exposé détaillé de sa conduite depuis la Révolution, qui a quelque chose d'une autobiographie. Cette conduite trouvait d'ailleurs une justification dans ce fait, qu'alors que tant d'autres s'enrichirent dans le maniement des affaires publiques, lui Curnier, après avoir donné sa démission, se trouva réduit à offrir au gouvernement de lui vendre 2 tableaux de Vanloo, 4 de Vernet et 3 de Parrocel, achetés huit ans auparavant, dans le Comtat, pour faire face à l'éducation de ses enfants. Sa lettre est du 8 germinal an VIII. Aussi le gouvernement ne tarda-t-il pas à lui donner un témoignage de confiance en l'envoyant derechef, avec quelques autres, dans le département de Vaucluse, pour l'organiser ; ce qui n'empêcha pas les rancunes qu'il avait excitées en combattant les terroristes, de le suivre jusque dans la retraite où il se confina, une fois revenu du Comtat-Venaissin, jusqu'à sa mort, arrivée à Valence, le 29 mai 1821 ; car, vers 1806 encore, on faisait réimprimer des chansons composées contre lui, sous le titre de : Couplets nouveaux en l'honneur du Souwarou de la Drôme. S.l.n.d., in-8º de 4 pp.
En fait d'écrits de J.-Ch.-A. Curnier on a : I. Bon nombre de circulaires se rapportant à l'administration du département.
II. Discours prononcé à la fête de la Paix. Valence, Bénistant, s.d., in-8º.
III. Curnier, ci-devant commissaire près l'Administration centrale de la Drôme et démissionnaire, à ses concitoyens. Lyon, Ballanche et Barret, an VIII, in-8º de 78 pp.
#Et. civ. - Proc. verb. Ass. de Chabeuil. - Rochas, Mém. d'un bourg., i, 135 ; ii, 297, 299, 303, 308, 328, 333. - Etc.




Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901

Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne

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