DELAYE (Margot)



DELAYE (Margot)), héroïne, dont la tradition fait une sorte de Jeanne Hachette, qui s'illustra au mois de mai 1570, en défendant Montélimar assiégé par Coligny et Ludovic de Nassau ; à qui le docteur Menuret a consacré une bonne partie de son article sur Montélimar, dans le Dictionnaire des Gaules, par l'abbé Expilly ; de qui parlent Rochas, l'abbé Vincent et M. Lacroix et qui, après avoir été célébrée en vers par Mlle Souchier (Branches de lilas, 34), a trouvé un peintre dans M. Grellet - sans compter que ses concitoyens reconnaissants lui érigèrent autrefois, sur le rempart qui fut le théâtre de ses exploits, une statue maintenant détruite, - s'appelait en réalité Marguerite-Catherine Ponsoye dite Gandonne, à ce que nous apprennent les registres des délibérations consulaires de Montélimar, cités par M. de Coston (Hist. de Montélimar, ii, 325-327), ce qui ne veut pas dire qu'elle n'épousa pas un Delaye.
Ayant été " mutillée de la main droite, au rampart de la bresche ", cette femme obtint, en effet, pour cette raison, des consuls de Montélimar, le 2 novembre 1570, pour " chascun jour, deux pains et une folliette de vin à l'hospital ", et de plus le logement, ainsi qu'il résulte d'une allocation de 18 sous tournois, accordée le 24 janvier suivant, pour un " quartier du louaige de la maison qu'on baille à Marguerite Gandonne, blessée à la bresche. "
Seulement, il faut dire avec cela, que d'autres femmes se conduisirent de la même façon ; car on voit dans une délibération du 14 septembre de cette même année 1570, que " Catherine Arnaud, femme d'Isnard Bourgues ou Bourguet, mutillée du bras droit, à la bresche du mois de may dernier ", ayant demandé d'être, pour cette raison, exempte d'impôts, il fut " opyné qu'on ne doibt accorder la requeste d'icelle, pour la conséquence de laquelle elle demande ung privilége duquel les nobles ne jouissent poinct et que se seroit faire grande ouverture au préjudice de la communaulté, pour la multitude des personnes mutillées en mesme occasion, et contre les libertés d'icelle " ; mais qu'" attendu le bon debvoir qu'elle a faict à la bresche, on lui payera les médicaments et cure. "
Quant à la légende, qui s'est formée autour du nom de Margot Delaye et qui rapporte probablement à une seule femme, ce qui fut l'œuvre de plusieurs, elle est, comme presque toutes les légendes, quelquefois en contradiction avec l'histoire ; car c'est à tort, par exemple, qu'elle prétend que Margot assomma le comte Ludovic de Nassau, avec une lourde marmite en fonte, faute d'autres projectiles, attendu que ce dernier ne mourut qu'en 1574, c'està-dire quatre ans après le siège de Montélimar.
#Biogr. Dauph., i, 306. - Expilly, Dict. des Gaules, vº Montélimar. - De Coston, Hist. de Montélimar, ii, 326. - Etc.
{244}DELISLE DE LA DREVETIÈRE. Voir : LA DREVETIERE DE LISLE.




Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901

Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne

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