DOURILLE (Jean-Joseph-Isidore)



DOURILLE (Jean-Joseph-Isidore)), dit DOURILLE (de Crest), écrivain, né à Crest, le 15 mai 1789, d'autre Jean-Joseph, maçon, et de Marie-Anne Dumoulin, s'établit à Valence, en 1809, date à laquelle il fut libéré du service militaire, exerça d'abord le métier d'horloger, puis fut expéditionnaire à la préfecture de la Drôme. Privé de cet emploi le 31 décembre 1815, il donna quelque temps après, au théâtre, un vaudeville, qui attira l'attention sur lui, mais l'enrichit si peu que, le 30 octobre 1817, il priait le préfet, qui l'avait renvoyé de ses bureaux, de lui donner un certificat grâce auquel il pût obtenir un petit emploi à Paris, sa femme, ses quatre enfants et lui manquant de pain, et " le gouvernement du roi n'exigeant, disait-il, que de la moralité et de l'exactitude dans ses employés, convaincu que l'honnête homme, quelque opinion qu'il ait en matière politique, n'a jamais d'autre but que le bien. " La phrase est d'autant plus à citer que, s'il n'obtint pas ce qu'il demandait, on lui accorda, en 1818, un brevet de libraire et l'autorisation d'ouvrir un cabinet de lecture, " à l'instar de ceux de la capitale. " Seulement, comme il était peu propre au commerce, il abandonna bientôt celui des livres pour s'occuper exclusivement de littérature. Ainsi, publia-t-il d'abord quelques romances (1822), complètement oubliées aujourd'hui, puis, de concert avec une " Société de troubadours ", parmi lesquels était Victor Augier, une sorte d'almanach ayant pour titre : Les Muses du Midi, ou Choix de poésies, dédié aux Dames, qui parut pendant deux ans (1822-24) ; il fonda, ensuite, les Tablettes de la Drôme, petite feuille littéraire fort sévèrement appréciée par Jules Ollivier, et qui n'eut que 8 numéros, dont le dernier valut à son rédacteur un procès en diffamation, qu'il finit par gagner, mais qui n'en tua pas moins le journal.
On voit ensuite (1826) Dourille rédiger L'Argus, que nous croyons être un petit journal parisien, puis chanter, en vers, le sacre de Charles X, et enfin publier quelques romans dans le genre ténébreux. Mais, tout cela, joint à sa collaboration à différents journaux et au produit d'un bureau de tabac et d'un débit de poudre obtenus, en 1824 et 1829, par sa femme, de qui il était alors séparé, ne l'empêchait pas d'être dans une telle gêne, en 1830, qu'il sollicitait alors un emploi dans les bureaux de la préfecture de la Drôme, emploi qu'il ne put obtenir, bien que patronné par le vicomte de La Rochefoucauld. Aussi la révolution de Juillet lui inspira-t-elle une chanson patriotique, La Valentinoise, que celle de Casimir Delavigne fit promptement oublier. Devenu ensuite rédacteur au Courrier de la Drôme, il en arriva à solliciter un emploi de {260}commissaire de police, " afin d'utiliser ses connaissances phrénologiques " ; en attendant, il se serait contenté d'une perception. N'ayant pu obtenir ni l'un ni l'autre, il s'établit libraire à Privas, d'où il s'éloigna clandestinement en 1850, à la suite d'une longue maladie. Enfin, revenu à Crest, en 1852, il était depuis quelque temps à l'hôpital de cette ville, lorsqu'il mourut, le 2 janvier 1853.
BIBLIOGRAPHIE. - I. Romalino ou les Mystères de Monte Rosso. Paris, 1821, 2 vol. in-12.
II. Epître à S.M. Charles X, roi de France et de Navarre. Paris, 1824, in-8º de 8 pp., réimpr. avec Songe de Napoléon. Paris, 1824, in-8º de 16 pp.
III. Chant dithyrambique à l'occasion du retour de S.M. Charles X, après le sacre de Reims. Paris, 1825, in-8º de 16 pp.
IV. Résumé de l'histoire de Napoléon et des armées qui ont été sous son commandement. Paris, 1825, in-18.
V. L'Espagnol ou la Tombe et le Poignard. Paris, 1825, 2 vol. in-12.
VI. Le Parricide ou les Calabrais. Paris, 1825, 2 vol. in-12.
VII. Voyage au pays des prodiges ou Description mythologique, historique et géographique des lieux célèbres dans la fable et dans l'histoire. Paris, 1825, in-18 avec pl.
VIII. La Saint-Charles. Dithyrambe à l'occasion de la fête du Roi et de celle de S.A.R. Madame la Dauphine. Paris, 1826, in-8º de 8 pp.
IX. Holdar ou le Tribunal supréme. Paris, 1827, 2 vol. in-12.
X. Histoire de Napoléon, d'après les mémoires écrits à Sainte-Hélène, sous la dictée de ce prince. Paris, Constant-Chantepie, 1829, 2 vol. in-8º avec portr. et fac-simile.
XI. Biographie des députés de la nouvelle Chambre septennale. Paris, 1829, in-8º.
XII. Chansons patriotiques. 1838, in-8º.
XIII. Histoire des guerres civiles du Vivarais. Valence et Paris, Marc Aurel, 1846, in-8º de 4 ff. + 504 pp.
#Bull. d'Arch., xiii, 193, art. de M. Lacroix. - Et. civ. - France litt., ii, 587. - Louandre et Bourquelot, iii, 280. - Etc.




Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901

Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne

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