DUCROS (Pierre)



DUCROS (Pierre{272}), seigneur de Recoubeau, fils du précédent, hérita de son père la charge de président en la Chambre de l'Edit de Grenoble, et la céda, probablement à cause de son peu de fortune, à Samson de Périssol, conseiller en la même chambre, qui lui abandonna la sienne. C'est le 3 juin 1622 que ce marché fut conclu, et ses lettres de nomination étant du 22 juillet suivant, c'est le 12 août de la même année que Pierre Ducros fut mis en possession de la charge de conseiller, qu'il occupa jusqu'à sa mort, arrivée à Valence le 14 août 1644, dans de bien tragiques circonstances. L'augmentation des impôts et la cherté des vivres excitant, depuis quelque temps, le mécontentement des populations en Dauphiné, des placards invitant les femmes de Valence à se saisir de certains agents du fisc et à " les faire cabriouler dans l'Isère ", furent apposés dans cette ville, le 10 août au matin, et il en résulta aussitôt une émeute dans laquelle 400 femmes au moins, s'étant emparées d'une mule appartenant au receveur Monteil, la tuèrent à coups de hallebarde, près de la place des Clercs, après l'avoir promenée par la ville ; après quoi elles forcèrent la maison de cet agent, brisèrent ses coffres, brûlèrent ses imprimés et burent son vin. Deux jours plus tard, elles battaient des soldats, et le 13, l'intendant de la province, Nicolas Fouquet, étant arrivé à Valence avec les conseillers Ducros et Coste et quelques autres personnes, elles vinrent lui faire leurs plaintes, ce à quoi l'intendant répondit de telle sorte que tout rentra dans l'ordre. Mais, le lendemain 14, vers les 8 heures du soir, alors que ce haut fonctionnaire et ses compagnons de route partaient de Valence pour Tournon, dans le carrosse de l'évêque, les mêmes femmes, croyant que c'étaient les agents du fisc qui s'enfuyaient, arrêtèrent ledit carrosse à la sortie de la ville en criant : " Tuez les voleurs ! " Et si l'intendant et le conseiller Coste purent se réfugier, ensanglantés et meurtris, au Bourglès-Valence, il n'en fut pas de même de Ducros, que l'on assomma, dépouilla et jeta au Rhône. Cette lamentable affaire, eut pour épilogue la condamnation de deux hommes à la roue, celle d'un homme et d'une femme à la pendaison, celle de vingt autres au fouet et, enfin, le bannissement de deux. Quant au cadavre de Ducros, retiré du Rhône, il fut porté à Die, où on l'inhuma.
#Brun-Durand, Essai hist. Ch. de l'Edit, 97. - Arch. de Valence, CC 45. - Album hist. Dauphiné, 2e part., 45-51. - Etc.




Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901

Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne

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