ENFANTIN (Pierre-Melchior)



ENFANTIN (Pierre-Melchior)), dit ENFANTIN DE LIZEAUX, négociant et industriel, né à Romans, le 13 octobre 1720, consul de cette ville en 1750 et décédé le 9 février 1794, peut être considéré comme le père de l'industrie de la soie, en tant que grande industrie, dans notre région, ayant été le premier à y avoir filatures et moulinages d'une importance réelle. Marchand de draps et d'autres étoffes dès 1739, il ajouta dans la suite à son commerce celui des cocons et de la soie ; puis, s'inspirant des idées des frères Jubié, avec qui il était en relations, il prit, en 1752, l'engagement d'entretenir, pendant dix ans, vingt fourneaux ou bassines pouvant filer 200 quintaux de cocons chaque année et fit construire, l'année suivante, une fabrique contenant " dix moulins, dont huit à la nouvelle mode et deux ronds. " En 1763, il avait soixante fourneaux ou bassines et, onze ans plus tard, il faisait construire, sur un emplacement acheté de la marquise d'Arcamont, " des moulins à soie d'après les principes de M. Vaucanson et les connoissances que sa propre expérience lui avoit procurées. " Cela ne se fit pas, paraît-il, sans difficultés ; car, les locaux ayant été préparés, Vaucanson ne s'en accommoda pas, et ce n'est que sur les instances de l'intendant du Dauphiné, Pajot de Marcheval, et sur celles du conseiller d'Etat Trudaine, qui vint lui-même à Romans, au mois de mars 1776, pour se rendre compte de l'état des lieux, qu'Enfantin put avoir les moulins à soie promis.
Mais ils ne fonctionnaient pas encore, cependant au mois de janvier 1779, date à laquelle Vaucanson écrivait à notre romanais : " Je suis charmé d'apprendre que vos moulins seront bientôt montés à Romans, mais je ne comprends pas que vous vouliez qu'on aille tout de suite après monter des tours à soie avant que votre tirage (filature) ne soit construit. J'ai vule sieur Tabarin qui a de grands projets, mais je lui ai conseillé d'attendre que tous vos moulins aient travaillé quelque temps. Ce n'est que d'après leurs effets et par le succès qu'il en résultera, que le gouvernement pourra prendre alors quelques mesures pour l'usage. Tout arrangement antérieur serait imprudent. " Cela veut dire que l'établissement industriel d'Enfantin, à Romans, était un de ces établissements modèles que le gouvernement patronnait et souvent subventionnait, pour donner de l'essor à l'industrie en France. Rien ne le prouve mieux, du reste, que ce passage d'une lettre que Goudard, beau-père et associé de Ruelle, dont la filature de coton à Aubenas fut un établissement de ce genre, écrivait à Enfantin, le 13 octobre 1779 : " M. de Vaucanson m'a écrit que M. Necker avoit consenti que les deux moulins qui étoient destinés pour Aubenas fussent placés dans votre manufacture et celle de M. Jubié. "
Ajoutons que, non content de se tenir à l'affût de tous les perfectionnements apportés aux filatures et moulinages de soie, Enfantin de Lizeaux fut en Dauphiné le premier à préconiser l'éducation des vers à soie blancs, dont il distribuait gratuitement la graine en 1775, et qu'il obtint, dès le 27 juin 1773, un arrêt du Conseil d'Etat lui permettant de donner à son établissement le titre de manufacture royale et l'exemptant, lui et ses contre-maîtres, du loge{299}ment des gens de guerre et de certaines autres charges.
#Chevalier, Arm. de Romans, 82. - Revue du Lyonnais, xvi, 452. - Arch. Drôme, E, 725-748. - Arch. de Romans, BB, 46.




Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901

Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne

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