FREYCINET (Louis de)



FREYCINET (Louis de SAULSES DE), négociant et agronome, appartenant à une famille de notaires de Bourdeaux-sur-Roubion, dont il est question dès le milieu du xve siècle et qui forma dans la suite nombre de branches, était l'arrière-petit-fils d'un Jean de Saulses, notaire à Valence, qui acquit, en 1623, le domaine de Freycinet sur Mirmande, et parait être le premier de sa famille qui ait joint à son nom patronymique celui de ce domaine, dont il finit même par se contenter tout à fait. Né en 1751, à Lyon, où son père faisait le commerce des soies, il fit lui-même, pendant quelque temps ce commerce dans la même ville ; mais s'étant établi ensuite à Montélimar, qu'il habitait dès 1775 et où il était recteur de l'Hôpital en 1788, il représenta cette ville dans l'Assemblée générale des trois ordres du Dauphiné, tenue à Romans à cette dernière date, et vingt mois plus tard (mai 1790), il la représentait encore dans l'Assemblée de Chabeuil qui, après avoir organisé le département de la Drôme, le choisit pour en être un des administrateurs. On peut juger, du reste, de l'estime qu'on avait pour lui à Montélimar par ce fait qu'ayant été, par cela même, obligé de se démettre de la charge d'officier municipal de cette ville, le maire, Bauthéac de Grandval, en témoigna publiquement ses regrets, le 2 août 1790.
L'an suivant, Louis Freycinet, comme on l'appelait alors, fut élu juré près la Haute-Cour nationale, le 5 septembre, puis président de l'administration départementale le 18 novembre ; mais ses opinions fort modérées s'étant ensuite trouvées en opposition avec la marche des événements, il s'empressa de renoncer à la gestion des affaires publiques et vivait depuis plus de deux ans dans la retraite, quand le représentant Jean Debry, qui était, à ce moment-là, en mission dans les départements du Sud-Est, l'appela à faire, derechef, partie de l'administration départementale, le 12 nivôse an III (1er janvier 1795). Quelques jours après, on le chargeait d'une mission fort délicate. Le pays étant menacé de la famine, il s'agissait de se procurer des grains au dehors et, comme les assignats n'y avaient plus de valeur, de se procurer en même temps, soit des traites sur l'étranger, soit des métaux précieux ou des marchandises que l'on pût donner en échange de ces grains. Or, la commission instituée à cet effet ayant été composée du négociant privadois Regard, de Jean Viret, de Chabeuil, et de Freycinet, celui-ci se rendit à Gênes, pendant que le premier de ses collègues allait à Lyon et l'autre à Marseille, et l'ensemble de leurs opérations, en huit mois, porta sur une somme de 16 millions 461, 476 livres en assignats et 1,272,846 livres en numéraire, tant en recettes qu'en dépenses. Seulement, ainsi qu'il était facile de le prévoir, l'apurement des comptes ne se fit pas sans difficultés et il en résulta même, entre Regard et Freycinet d'un côté et Viret de l'autre, un procès qui n'était pas encore terminé cinq ans plus tard.
C'est, croyons-nous, à la suite de cette affaire, qui lui causa beaucoup d'ennuis et vraisemblablement des pertes, que Louis de Saulses de Freycinet renonça à la vie publique, pour ne s'occuper que de sa famille et de ses affaires privées, à tel point que le préfet de la Drôme, qui l'appréciait à sa valeur, l'ayant chargé, le 29 prairial an IX, de se rendre à Saint-Paul-Trois-Châteaux pour y pacifier les esprits, il lui déclara catégoriquement {344}vouloir rester " étranger à toute autre chose que son état " ; et il en fut ainsi jusqu'à sa mort, arrivée en 1827, à sa campagne de Freycinet.
Marié, le 21 décembre 1776, avec Antoinette-Elisabeth-Catherine Armand, il laissa entre autres enfants les trois qui suivent.
On a de lui : Essai sur la vie, les opinions et les ouvrages de Barthélemy Faujas de Saint-Fond... Valence, 1820, in-4º de 56 pp. ; il a encore publié, de ce naturaliste, un mémoire sur les vers à soie.
#Et. civ. - De Coston, Hist. de Montélimar, iii, 88. - Arch. Dr., E, 2141. - Rochas, Journ. bourg., i, 134, 143 ; ii, 205, 410. - Ed. Maignien, Bibl. Révol. ii, 1550, 1562. - Notes de MM. Lacroix et Gust. Latune.




Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901

Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne

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