FREYCINET (Louis-Henri de)



FREYCINET (Louis-Henri de SAULSES DE), frère du précédent, naquit à Montélimar, le 31 décembre 1777. Après avoir fait, conjointement avec son frère cadet (V. l'article suivant), d'excellentes études, sous la surveillance de son père, il s'engagea dans la marine, à Toulon, le 27 janvier 1794. Embarqué en qualité d'aspirant de 3e classe, sur le vaisseau L'Heureux, il prit part à tous les combats que l'escadre de la Méditerranée livra aux escadres combinées d'Espagne et d'Anglerre pendant environ trois ans et demi, notamment à celui du cap Nolis ; se conduisant partout de telle sorte, que l'amiral Truguet, qui avait pu l'apprécier pendant qu'il commandait cette escadre, étant devenu ministre de la marine, le proposa, en quittant ce ministère (16 mai 1797), pour le grade d'enseigne de vaisseau. Or, fait d'autant plus à noter qu'il est rare, dès qu'il fut instruit de cela, le jeune de Freycinet écrivit au ministre, pour le prier " de nommer à sa place, un officier qui, par son habileté et par ses services, soit plus utile à la patrie " ; et c'est en somme, presque malgré lui, que notre jeune marin fut définitivement nommé enseigne, le 22 juillet 1797.
Enseigne, Henri de Freycinet servit successivement sur La Révolution, Le Dix-Août, L'Indomptable et La {345}Biche, jusque vers la fin de l'année 1799, date à laquelle il obtint l'autorisation de se rendre à Paris pour se fortifier dans ses études. Il y suivit les cours de Fourier et s'y fit une telle réputation d'officier intelligent et laborieux, que l'expédition scientifique du capitaine Baudin ayant été décidée l'année suivante (août 1800), il fut désigné, ainsi que son frère, pour en faire partie. Embarqué sur Le Géographe, tandis que celui-ci prenait place sur Le Naturaliste, il fut non seulement un collaborateur précieux pour les vingt-quatre savants qui firent partie de cette expédition, s'occupant tout particulièrement de travaux hydrographiques ; mais le capitaine Baudin étant mort à l'Ile de France, après avoir perdu la plus grande partie de ses équipages, il prit le commandement de l'expédition, qu'il ramena en France le 25 mars 1804, après quarante et un mois de navigation.
Ayant trouvé, à son retour, un décret, en date du 5 mars de l'année précédente, qui le nommait lieutenant de vaisseau, H. de Saulses de Freycinet prit, quelques jours après (avril 1804), le commandement du Phaéton, brick avec lequel il fit la chasse aux bâtiments anglais sur les côtes d'Irlande, puis fut envoyé dans la mer des Antilles, où il livra deux combats qui peuvent compter parmi les plus brillants de la marine française. Dans le premier, qui eut lieu non loin de la Martinique, il eut une jambe fracassée ; dans l'autre, qu'il soutint, le 26 mars 1806, contre la frégate anglaise La Pique, qu'appuyait une goëlette, il n'amena son pavillon qu'après avoir eu l'épaule traversée par un biscaïen et le bras droit emporté par un boulet. Rentré en France à la suite d'un échange de prisonniers, le 28 novembre 1807, il fut nommé capitaine de frégate, le 2 juillet suivant, prit en même temps le commandement de L'Elisa, navire avec lequel il partit aussitôt en croisière contre les Anglais, et dépensa, cette fois encore, beaucoup d'héroïsme en pure perte. Car, ayant voulu, à lui seul, tenir tête à toute une division ennemie qu'il rencontra près de l'île Tatihou, dans la Manche, il dut en fin de compte s'échouer non loin de la Hougue et, cela fait, se laissa canonner cinq jours durant avant d'amener son pavillon.
Prisonnier une seconde fois, Henri de Saulses de Freycinet eut, après sa mise en liberté, d'autres commandements et, nommé capitaine de vaisseau le 10 juillet 1816, devint major général de la flotte à Rochefort, le 20 septembre suivant, et commandant des élèves de la marine, dans ce port, le 5 janvier 1818. Dix-neuf mois après (août 1820), il allait comme gouverneur à l'île Bourbon, où il ne resta pas moins de six ans et où il laissa de tels regrets que, lorsqu'il échangea ce poste contre celui de gouverneur de la Guyane, au mois de février 1827, les habitants de cette colonie lui offrirent, au moment de son départ, un service d'argenterie, avec cette inscription : A M. Henry de Freycinet, l'île de Bourbon reconnaissante. Créé baron le 26 novembre 1828, il obtint, dans le même temps, le grade de contre-amiral et devint ensuite gouverneur de la Martinique. Seulement, il lui fallut bientôt abandonner ce poste pour des raisons de santé et, devenu major général du port de Toulon, au mois de juillet 1832, puis préfet maritime par intérim (1er janvier 1834), il fut enfin nommé, cinq mois et demi après, préfet maritime à Rochefort, ville où il mourut le 21 mars 1840, étant alors commandeur de la Légion d'honneur, membre de l'académie de Rochefort et, depuis dix ans, membre de la Société de géographie.
BIO-BIBLIOGRAPHIE. - I. Notices sur MM. Henri et Louis Freycinet, par M. de la Roquette. Paris, s.d., mais de 1844 ; in-8º de 39 pp. - II. Notice biographique de M. L.-H. de Saulses, baron de Freycinet, contreamiral..., par E.-J. Fleury. Rochefort, 1852, in-8º de 28 pp. - III. Louis-Henri de Saulses de Freycinet, par M. Dezos de la Roquette, S.l., Plon, 1856, in-8º de 8 pp.
{346}#Biogr. Dauph., i, 403. - Delacroix, Stat. de la Drôme, 544. - Revue anglo-française, 19e livr., p. 296. - Etc.




Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901

Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne

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