FREYCINET (Louis-Claude de)



FREYCINET (Louis-Claude de SAULSES DE), frère du précédent, né à Montélimar, le 7 août 1779 et non en 1775, comme le disent la plupart des biographes, s'engagea, diton, dans la marine, comme son frère, le 27 janvier 1794, bien qu'il n'eût, à ce moment-là, que treize ans et demi, et eut absolument la même fortune que lui, jusqu'au départ de l'expédition commandée par le capitaine Baudin, pour les terres australes, au mois d'août 1800. Embarqué alors sur Le Naturaliste, pendant que son frère allait sur Le Géographe, il se sépara un moment de cette expédition en 1802, le bâtiment qui le portait ayant été renvoyé en France, mais la rejoignit au bout de peu de temps, avec La Casuarina, goëlette de 30 tonneaux, dont on lui donna le commandement ; et ce petit navire ayant été désarmé à l'Ile de France, en 1803, il prit alors place, comme son frère, sur Le Géographe, et rentra en France avec lui.
Devenu enseigne de vaisseau en même temps que ce frère, Louis de Saulses de Freycinet commanda pendant quelques mois Le Voltigeur, brick avec lequel il fit croisière contre les Anglais ; mais le délabrement de sa santél'ayant ensuite contraint à demander un congé, il se rendit à Paris, où il ne tarda pas à être attaché au Dépôt des cartes et plans de la marine, avec mission de raconter les travaux hydrographiques auxquels il avait pris part pendant l'expédition aux terres australes. Or, il y termina en outre la partie historique, dont on avait chargé le naturaliste Fr. Péron et qui n'était pas achevée quand ce dernier mourut en 1810 ; et c'est vraisemblablement en récompense de ces travaux, qu'il fut nommé capitaine de frégate, en 1811.
Six ans après, le gouvernement français, ayant décidé de faire faire un voyage de circumnavigation, pour déterminer la configuration du globe, étudier le magnétisme terrestre et recueillir tous les objets d'histoire naturelle pouvant contribuer à l'avancement de la science, en confia la direction à Louis de Saulses de Freycinet, qui appareilla à Toulon, le 17 décembre 1817, avec la corvette L'Uranie, ayant à son bord une commission de savants, parmi lesquels était Jacques Arago, et pour second, Duperrey, plus tard commandant de La Coquille et membre de l'Institut. Arrivé au Cap, il y fit des expériences sur le pendule et la boussole, qui furent renouvelées à l'Ile de France, et de là atteignit, au mois de septembre 1818, la baie des Chiens marins, où il trouva des inscriptions attestant qu'en 1616, le navire hollandais L'Endracht et, en 1617, Le Goolving, y mouillèrent, et compléta le trop rapide travail que Baudin y avait fait, en 1802. S'étant ensuite rendu à Timor, et, de là, en Papouasie, il recueillit partout des renseignements fort utiles pour la géographie, l'ethnographie et l'histoire, aussi bien que pour la physique et l'histoire naturelle. Mêmes travaux aux îles Mariannes et aux îles Sandwich, qu'il visita ensuite ; après quoi, étant entré dans l'hémisphère sud, le 7 septembre 1819, il détermina la position exacte des îles du Danger et découvrit, à l'est des îles Samoa, un îlot qu'il appela Rose, du nom de sa femme, qui l'avait accompagné dans son expédition. Le 18 novembre, il était à Sydney, où il fit d'importantes observations sur la pesanteur et le magnétisme, et il retournait en France, par le cap Horn, lorsqu'un coup de vent ayant jeté son navire contre une roche sous-marine, il en résulta de telles voies d'eau qu'il dut l'abandonner, heureux de pouvoir sauver son matériel scientifique, ses passagers et son équipage, qu'il ramena en France sur un navire américain, auquel il donna le nom de La Physicienne.
C'était le 12 février 1820. Arrivé au {347}Havre, le 13 novembre suivant, c'està-dire après trois ans de navigation, apportant avec lui de précieuses collections de mammifères, d'oiseaux, d'insectes et de poissons, dont quelques-uns étaient inconnus, Louis de Saulses de Freycinet fut non seulement acquitté, avec éloges, par le conseil de guerre devant lequel il dut comparaître pour avoir perdu son navire, mais reçut encore le meilleur accueil du roi Louis XVIII, qui le nomma capitaine de vaisseau séance tenante.
A partir de ce moment-là, notre explorateur s'occupa exclusivement de la rédaction de son voyage, travail qui n'était pas complètement terminé lorsqu'il mourut dans sa campagne de Freycinet, commune de Mirmande, le 18 août 1842, étant chevalier de Saint-Louis depuis 1814, commandeur de la Légion d'honneur depuis 1832, membre de l'Académie des sciences depuis 1826, et avec cela, membre fondateur de la Société de géographie et associé de quantité d'autres sociétés savantes.
On a donné son nom à une île de l'archipel Pomotou et à la côte du sud de l'Australie.
Détail intéressant notre département, L.-Cl. de Freycinet, qui était né protestant, s'étant converti au catholicisme dans ses dernières années, fit don de ses ouvrages au petit séminaire de Valence, pour témoigner de sa sympathie à cet établissement.
BIO-BIBLIOGRAPHIE. - Notice historique sur MM. Henri et Louis Freycinet, par M.de la Roquette. Paris, s.d., mais 1844, in-8º de 40 pp. - II. Louis de Freycinet, sa vie de savant et de marin, ses voyages, ses ouvrages, ses lettres, son caractère et sa mort, par Fr. Grille. Paris, 1845, in-18. Il y a de cette dernière brochure une réimpression avec des notes de Gabriel Lafond. Paris, Ledoyen, 1853, in-12 de 84 pp.
BIBLIOGRAPHIE. - I. Mémoire sur la Géographie et la Navigation de l'Ile de France. Paris, 1812, in-4º. Tirage à part d'un art. inséré dans le Voyage pittor. à l'Ile de France, de J. Milbert.
II. Voyage de découvertes aux Terres australes, pendant les années 1800-1804. Paris, Impr. Roy, 1815 ; grand in-4º, avec atlas in-fol. de 32 cartes. Ouvrage faisant suite à celui de Péron, dont L.-Cl. de Freycinet a donné une nouvelle édition en 1824-25 (Paris, Arthus Bertrand) ; 4 vol. in-8º, avec atlas in-4º de 53 pl. et 9 cartes.
III. Voyage autour du monde, entrepris par ordre du roi. Paris, Pillet, 1824-1844 ; 13 vol. in-4º et atlas in-fol.
IV. Différents mémoires insérés dans les Annales maritimes ou les bulletins des sociétés savantes dont L.-Cl. de Saulses de Freycinet faisait partie.
#Biogr. Dauph., i, 404. - Delacroix, Stat., Drôme, 544. - Larousse. - Michaud. Biogr. univ. - Quérard, France littér. - Note de M. Perrossier. - Etc.




Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901

Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne

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