GENEVÈS (Etienne)
GENEVÈS (Etienne)), évêque de Saint-Paul-Trois-Châteaux, qui remplit, dit-on, toutes les fonctions ecclésiastiques dans cette église, en commençant par celles d'enfant de chœur, était " natif de la ville mesme de Saint-Paul ", suivant Chorier, et d'une famille tout à fait obscure, suivant tous les historiens, ce qui n'empêche pas que, simple bachelier ès droits, il était en 1442, c'est-à-dire à trente-deux ans, chanoine de la cathédrale de Saint-Paul-Trois-Châteaux ; sacristain de l'église Sainte-Croix de Montélimar, au diocèse de Valence ; tricamérier, secrétaire, trésorier et majordome de l'archevêque d'Embrun ; enfin, notaire impérial et delphinal et recteur perpétuel de la cure de Savines, " à quatre lieues d'Ambrun et la plus estimée du diocèse en prof{371}fits ", dit le P. Marcellin Fornier qui, s'extasiant devant une semblable fortune, s'écrie : " Admirez la force de certains esprits à guinder le vol de leurs ailes du plus bas estat à de fort glorieuses hiérarchies. "
L'an suivant (1443), Etienne Genevès était vicaire général du même archevêque, charge à laquelle s'ajouta bientôt celle d'official du diocèse ; et, nommé évêque de Saint-Paul-Trois-Châteaux, le 11 mai 1450, il n'en conserva pas moins ces deux charges. Ajoutons qu'il se fit nommer encore maître des requêtes de l'hôtel du Dauphin et chanoine de la métropole d'Embrun ; et, témoignage irrécusable de sa " force d'esprit " et de son " prisable mérite ", comme dit Fornier, il remplit toutes ces différentes fonctions sans négliger sa " charge d'evesque ", ce dont il y a d'autant plus lieu de s'étonner qu'il résida, pour cela, presque toujours à Embrun, ainsi que l'apprennent différents actes, notamment le procès-verbal de l'entrée solennelle de l'archevêque Jean Baile dans cette ville, le 3 mai 1458, et qu'on ne voit pas comment il put administrer son diocèse d'aussi loin. En tout cas, il est certain qu'il s'occupa de celui-ci ; le long et coûteux procès (1453-1460) qu'il eut avec Gabriel de Bernes, un des favoris de Louis XI, à propos de la terre de Baume-de-Transit, qu'un de ses prédécesseurs avait aliénée bien qu'elle fût du patrimoine de l'église de Saint-Paul-Trois-Châteaux, en est une preuve, et nous en avons une autre dans le fait suivant, dont il fut dressé acte. Sachant que l'église de Saint-Restitut, village à courte distance de sa ville épiscopale, renfermait le tombeau du saint de ce nom, dans lequel certains hagiographes veulent voir l'aveugle-né de l'Evangile et le premier évêque de Saint-Paul-Trois-Châteaux, tandis qu'il est au contraire à peu près certain que ce saint évêque, dont l'existence ne saurait être contestée, vivait seulement au ve siècle, sachant cela, disons-nous, et voulant s'en rendre compte par luimême, Etienne Genevès se rendit à pied de Saint-Paul à Saint-Restitut, le 10 avril 1465, en compagnie de quelques dignitaires ecclésiastiques, parmi lesquels était le sacristain Hugues Genevès, son frère ou son neveu, et étant arrivé sur les lieux, armé d'un hoyau, il creusa lui-même le sol, puis entama la maçonnerie du tombeau de saint Restitut jusqu'à ce que s'étant assuré de l'existence des restes de ce saint, il referma son tombeau, après en avoir retiré quelques ossements qui furent transportés processionnellement dans la cathédrale de Saint-Paul, où on les exposa à la vénération des fidèles. Après quoi il établit une fête particulière sous le titre d'Invention du corps de saint Restitut, le 10 avril.
C'est, du reste, à Saint-Paul-Trois-Châteaux que l'évêque Etienne Genevès mourut vers 1473, et c'est dans une chapelle de Notre-Dame, construite par ses soins et devenue plus tard la sacristie de la cathédrale, qu'il fut inhumé, ayant alors ajouté, depuis au moins quatre ans, le titre de prieur commendataire de Saint-Marcellin d'Embrun à tous ceux qu'il avait déjà, et étant le premier évêque de Saint-Paul-Trois-Châteaux qui se soit intitulé comte.
#Chorier, Estat pol., ii, 179. - Boyer de Sainte-Marthe, Hist. de Saint-Paul-Trois-Châteaux, 358. - Marcellin Fornier, Hist. des Alpes-Marit., ii, 358. - Arch. de l'Isère, B, 2750. - Lacroix, L'Arrond. de Montélimar, i, 218 ; iv, 362 ; viii, 9. - Nadal, Hist. hag. de Valence, 52. - Etc.
Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901
Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne
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